Vietnam : Pickles de germes de haricots mungo (dưa giá)

Ma semaine de cuisine vietnamienne se poursuit avec les délicieux pickles de germes de haricots mungo (en vietnamien, dưa giá – des germes de haricots mungo marinés au vinaigre et gingembre) pour accompagner le fameux banh tet du nouvel an et le porc au caramel pour le repas du Têt vietnamien.

Dans la cuisine du Vietnam, on privilégie autant les saveurs, les parfums, les textures que les couleurs des mets. On mange avec son palais, son nez et ses yeux. L’harmonie tient à la variété de ces quatre critères. Le sucré-salé omniprésent dans les plats vietnamiens s’explique par l’équilibre du yin (salé) et du yang (sucré). Dans certains plats, on équilibre avec l’aigre-doux, parfois l’amertume, et souvent le piquant. Les différentes textures se côtoient dans les plats servis : fondant, moelleux, gélatineux, coriace ou gommeux, croquant, croustillant, filandreux, Enfin, les couleurs ont une grande importance aussi, couleurs chaudes alternent avec couleurs froides.

Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans les plats du nouvel an. Le fondant et filandreux porc au caramel (sucré-salé) est rééquilibré avec le moelleux du banh tet (plutôt fade si l’on mange tel quel), et le croquant des légumes marinés en saumure (salés pimentés) et des pickles de germes de haricots mungo (aigre-doux). Quant aux couleurs, les légumes ont la part belle : les légumes en saumure (carottes coupées en forme de fleurs, concombres en bâtonnets, choux-fleurs, piment rouge, etc) et les pickles de germes de haricots mungo (germes de haricots mungo, vert du poireau et parfois carottes en julienne) ornent le repas de jolies couleurs et de jolies formes.

Lorsqu’il n’y a pas de légumes en saumure, on agrémente les pickles de haricots mungo de carottes en julienne pour le goût et la couleur chaude. Différentes recettes aujourd’hui convergent d’ailleurs vers cette option, ajout de carottes, avec oignon ou ail ciselé et piment mais sans gingembre. A la maison, les légumes marinés en saumure (dont je ne traiterai pas cette année) avaient leur place à notre table. Ainsi, les pickles de germes de haricots mungo se préparaient sans autres artifices qu’avec le vert du poireau et le gingembre. Et la variété des couleurs étaient bien respectée. C’est donc la recette simple sans carottes que je vous propose ci-dessous, telle qu’on le faisait dans mon enfance.

Pickles de germes de haricots mungo (dưa giá)

Pour 3 grands pots (de contenance d’un peu plus de 1/2 litre – grand pot à cornichons)

Ingrédients :

  • 500 g de germes de haricots mungo (ou plus connu sous le nom de germes de soja)
  • 1 branche de poireau (utiliser seulement la partie verte)
  • Gingembre frais : 1 morceau de 3 cm
  • 1/2 litre de vinaigre blanc
  • 1 litre d’eau chaude
  • 500 g de sucre blanc en poudre
  • 1,5 cuillère à de café sel

Préparation :

  • Rincer puis faire tremper les germes de haricots mungo dans un grand récipient. Enlever les capuchons verts des têtes de haricots mungo. En trempant les germes et en remuant, la plupart des capuchons verts se détachent. Trier les germes et jeter ceux qui sont abîmés. Les égoutter dans une passoire. Réserver.
  • Peler le morceau de gingembre. Puis hacher finement.
  • Couper la tige de poireau et n’utiliser que la partie verte. Supprimer les vieilles feuilles. Laver, nettoyer, puis couper en fines lamelles de la longueur d’un germe de soja (soit à peu près la longueur de 2 phalanges de doigts). Mélanger à la main de façon homogène avec les germes de haricots mungo et le gingembre haché. Réserver.
  • Faire chauffer l’eau dans une casserole sans attendre l’ébullition. Verser le sucre et le sel et mélanger. L’eau chaude permet de bien dissoudre le sucre et le sel. Laisser tiédir.
  • Puis verser le vinaigre blanc dans l’eau sucrée. Réserver.
  • À la main, remplir entièrement les 3 pots en verre avec le mélange de germes de haricots mungo et de lamelles de poireaux. Veiller à ne pas trop casser les germes en les mettant dans les pots, mais ne pas hésiter à pousser vers le fond du pot. Au fur et à mesure du remplissage, secouer le pot pour mieux les répartir sans les casser.
  • Verser la marinade dans les trois pots en veillant bien à immerger complètement le contenu. Fermer hermétiquement les pots et les garder au frais. Attendre au minimum 24h avant de consommer. Avec la marinade au vinaigre, les germes vont se réduire un peu, c’est normal. Conservés au frais, ils se gardent une semaine une fois ouvert.

Astuces et variantes :

  • Si vous n’avez pas de pots en verre disponibles, vous pouvez également faire cette préparation dans une boîte hermétique ou tout contenant se fermant avec un couvercle.
  • Pour adapter à la taille de vos contenants, vous pouvez préparer la marinade comme suit : 1 dose de vinaigre, 1 dose de sucre, 2 doses d’eau chaude et 1/2 cuillère à café de sel / 500 ml de liquide.
  • Si vous le souhaitez, vous pouvez rajouter 1 poignée de carottes en julienne, 1/2 oignon ciselé ou 2 gousses d’ail ciselées, du piment rouge frais ciselé. C’est ce qui se fait aujourd’hui.

Voilà de délicieux et rafraîchissants pickles de germes de haricots mungo aigre-doux au subtil parfum de gingembre, simples à faire, pour accompagner agréablement le porc au caramel et le banh tet (ou banh chung) du repas du nouvel an vietnamien !

Chine : Oeufs marbrés au thé noir

J’ai une chance inouïe d’avoir grandi dans une famille vietnamienne ouverte sur les cultures du monde, et en particulier dans le domaine de la cuisine. Et bien que je sois affectivement très attachée à la cuisine vietnamienne, cette ouverture m’a permis de découvrir une multitude de mets succulents et intéressants, entre autres les délicieux œufs marbrés au thé noir de Chine.

On trouve ces œufs marbrés en Chine, à Hong-Kong, à Taïwan et dans une version différente, en Indonésie. Selon les régions de Chine, ils sont servis comme en-cas, faits à la maison, servis dans les restaurants ou gargotes, mais la plupart du temps, ils sont vendus dans la rue. À Taïwan, les œufs marbrés se vendent dans les commerces de proximité. Une chaine 7-Eleven écoule environ 40 millions d’œufs au thé par an et propose même des variantes aux fruits… Impressionnant, n’est-ce pas?  (sources en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Tea_egg)

Les œufs marbrés ont réjoui mes papilles et pupilles tout au long de ma jeunesse. Sauf exception de cas d’allergie ou d’intolérance, quel enfant n’aime pas les œufs durs ? Et lorsque ceux-ci, aux jolis motifs de batik, sont parfumés au thé et aux épices, avec un léger goût salé de sauce de soja et une pointe sucrée comme nous aimons en Asie, de simples œufs durs deviennent alors un en-cas festif.

L’impatience pour le moment crucial du décorticage des œufs et l’émerveillement qui s’en suit pour les jolies marbrures des œufs se renouvellent chaque fois que je fais des œufs marbrés à la maison. Voici une recette du goût et des saveurs de mon enfance, sans qu’elle soit forcément la plus authentique.

Révision de la recette : 8 juin 2014.

Œufs marbrés au thé noir de Chine

Oeufs marbrés de La Kitchenette de Miss Tâm

Ingrédients :

  • 8 œufs de poule ou 24 œufs de caille
  • 3 cuillères à soupe de sauce de soja clair
  • 1 cuillère à soupe de sauce de soja foncé
  • 400 ml d’eau
  • 3 cuillères à soupe de thé noir de Chine
  • 2 bâtonnets de cannelle
  • 3 étoiles d’anis / badianes
  • 1 cuillère à café d’épices cinq-parfums
  • 1/2 cuillère à café de sel
  • 2 cuillères à soupe de sucre cassonade
  • Quelques grains de poivre noir
  • L’écorce d’une 1/2 mandarine non traitée (ou d’orange quand cela n’est plus la saison des mandarines – le zeste de mandarine est plus doux et parfumé que celui  de l’orange)

Oeufs marbrés de La Kitchenette de Miss Tâm 2

Préparation :

  • Cuire les œufs pendant 8 minutes (ou 4 minutes pour les œufs de caille) dans l’eau bouillante. Refroidir aussitôt sous eau froide. À l’aide d’une petite cuillère, tapoter doucement la coquille des œufs sur toute la surface pour qu’elle se craquelle sans se détacher. Réserver.
  • Dans une casserole, faire bouillir 400 ml d’eau. Hors du feu, verser les feuilles de thé noir et laisser infuser 4 à 5 minutes.
  • Verser la sauce de soja, le sucre, le sel, l’écorce de mandarine et toutes les épices dans le thé. Mélanger.
  • Remettre les œufs dans la préparation et cuire à feu très doux et à couvert pendant une dizaine de minutes. Cette étape permet aux thé et épices de bien pénétrer les œufs sans trop les cuire.
  • Après cuisson, laisser tiédir les oeufs dans la marinade à couvert puis transvaser les œufs et la marinade avec toutes ses épices, l’écorce de mandarine et remettre également les feuilles de thé dans un grand pot en verre (ou dans une boîte hermétique) en veillant à bien recouvrir les œufs. Fermer le pot ou la boîte hermétique. Laisser mariner 48 heures au frais.
  • J + 2 : Sortir les œufs de la marinade, les peler délicatement pour ne pas abîmer le blanc marbré. Et les œufs sont prêt à la dégustation !

En en-cas, apéritif ou entrée avec salade, ces jolis et délicieux œufs marbrés délicatement parfumés surprendront vos amis ! Bonne dégustation !

Crêpes au lait de coco, essence de pandanus et sirop de gingembre

En ce moment, j’ai la tête dans les délices d’Asie. Et même la chandeleur ne me détournera pas de mon humeur gustative du moment ! J’adore les crêpes, j’adore la cuisine asiatique et j’adore les couleurs en cuisine. Pourquoi ne pas concilier les trois et créer des crêpes aux saveurs originales avec une jolie…apparence ?

Cela faisait un moment que je voulais tester des crêpes avec l’essence de feuilles de pandanus. Cette essence extraite des feuilles de pandanus au parfum très délicat, colore en vert tendre les mets et les desserts de l’Asie du Sud-Est. On peut trouver cette essence en bouteille dans les supermarchés asiatiques (Tang Frères ou Paristore en région parisienne). Utilisée fraîches, les feuilles de pandanus sont mixées avec un peu d’eau, puis filtrées pour recueillir un liquide très parfumé (proche de l’amande vanillée) et très vert. En Thaïlande, on utilise aussi les feuilles de pandanus plus larges pour des papillotes de poisson ou de poulet. Au Vietnam, mon pays d’origine, les feuilles de pandanus très présentes dans notre cuisine entrent souvent dans la composition d’entremets sucrés et de gâteaux.

Sans plus attendre, pour les amateurs de parfums exotiques et de noix de coco, voici une version originale de crêpes pour la chandeleur que je vous propose…

Pour une douzaine de crêpes.

Ingrédients :

  • 270 g de farine de blé
  • 250 ml de lait de coco (en brique, le lait de coco est plus liquide)
  • 250 ml de lait
  • 3 oeufs
  • 1 cuillère à soupe de sucre
  • 1 cuillère à soupe d’huile de tournesol
  • 1 cuillère à café d’essence de pandanus
  • 2 cuillères à soupe de cacao non sucré en poudre
  • Pour le sirop de gingembre : 200 ml d’eau, 200 g de sucre cassonade, 1 morceau de gingembre de 5 cm.

Préparation :

Sirop de gingembre :

  • Éplucher le gingembre puis couper en fines lanières.
  • Dans une casserole, mélanger l’eau et le sucre cassonade et porter à ébullition. Puis ajouter le gingembre, baisser à feu doux, et poursuivre la cuisson pendant 45 minutes. Laisser refroidir.

Crêpes :

  • Dans un récipient, mettre la farine en fontaine. Verser le lait et le lait de coco, puis mélanger jusqu’à absorption complète de la farine.
  • Incorporer les oeufs, un à un, en mélangeant bien entre chaque ajout.
  • Ajouter la cuillère de sucre et l’huile.
  • Séparer la pâte à crêpes dans deux récipients. Dans le récipient 1, verser 1 cuillère à café d’essence de pandanus. Mélanger. Dans le récipient 2, ajouter le cacao non sucré en poudre tamisé. Mélanger. A ce stade, vous avez deux pâtes à crêpes : une verte, une marron. Laisser reposer 30 minutes.
  • Dans une poêle légèrement huilée / beurrée, verser une louche de pâte à crêpes (soit verte, soit marron) et bien l’étaler sur toute la surface en tournant délicatement la poêle. Prélever une cuillère à soupe de l’autre pâte à crêpes et réaliser des cercles sur la crêpe en train de cuire.
  • Comme pour les crêpes traditionnelles, attendre que des bulles se forment sous la pâte, avant de la retourner. Vous aurez ainsi, un côté avec des motifs circulaires de couleurs opposées, et un côté monochrome.
  • Faire de même avec les deux pâtes à crêpes, en alternant les couleurs pour les motifs.
  • Pour chaque crêpe, verser un peu de sirop de gingembre sur le côté monochrome, rouler la crêpe, puis verser un filet de sirop de gingembre avec quelques lanières de gingembre pour le dressage.

Voilà de délicieuses crêpes colorées, au parfum délicat de pandanus, à la douceur de la noix de coco et du cacao, relevées par le goût corsé du gingembre… Mmmh… Un grand moment de gourmandise ! 

Cambodge : Amok Trei ou Poisson à la cambodgienne

La première fois que j’ai découvert ce fabuleux plat cambodgien, l’amok trei (poisson au lait de coco et à la citronnelle cuit à la vapeur), il y a une vingtaine d’années dans un restaurant cambodgien à Paris, je suis immédiatement tombée amoureuse de ce mets exquis. De morceaux tendres de poisson imprégnés de saveurs subtiles de citron (feuilles de kaffir), de citronnelle, de galanga, fondaient  délicatement en bouche, se mêlant à la douceur du lait de coco relevé par le parfum du basilic thaï, de la coriandre, des feuilles de bananier, et à la chaleur piquante du piment. J’étais tellement surprise par cette explosion de saveurs que j’oubliai même de retenir le nom du plat. Quel fut mon désespoir, sans Internet à l’époque pour m’aider en deux clics à retrouver son nom ou même sa recette, lorsque je découvris que ce restaurant avait entre temps fermé, changé de propriétaire, et changé de cuisine…

Heureusement l’amok trei est un plat populaire qui se trouve sur toutes les cartes aux menus des restaurants cambodgiens ! Ma peine fut alors de courte durée… Depuis, je tente de cuisiner aussi bien que possible ce plat divin, une de mes rencontres amoureuses gustatives. Comme pour beaucoup de plats populaires, il est bien difficile de donner une recette authentique tant il existe de nombreuses versions : mode de cuisson à la vapeur, au wok, au four, ou bien avec l’ajout de différents condiments,  d’aromates et/ou de légumes (avec curcuma, gingembre ou pas, avec liserons d’eau, feuilles d’épinard, côtes de blette, chou ou pas, etc). A chacun son goût, à chaque famille sa recette. Cependant les principaux éléments composant ce mets restent invariablement le poisson (trei désigne le poisson), le lait de coco, le piment, le galanga, les feuilles de kaffir et la citronnelle.

Selon mes recherches, l’amok trei aurait un frère jumeau thaïlandais, le ho mok pla. En est-il originaire, je ne pourrais l’affirmer. J’apprends entre autres que la cuisine cambodgienne est également enrichie d’influences chinoises (cuisson à la vapeur, nouilles de riz et soja), indiennes (curry) et vietnamiennes (le pho, le boeuf loc lac ou le banh xèo, une crêpe à base de farine de riz, de curcuma et de lait de coco farcie à la viande, aux crevettes et aux germes de soja, qu’on retrouve en version cambodgienne en plats communs). Mais la particularité de la cuisine cambodgienne, outre l’utilisation d’herbes aromatiques fraîches, est l’usage du prahoc (pâte de poisson en saumure) et du kroeung (pâte de curry composée de galanga, gingembre, curcuma, citronnelle, feuilles de kaffir, piment rouge séché, ail, échalote, lait de coco…) qui entrent dans la composition de nombreux plats du pays.  Le poisson d’eau douce est très présent dans cette savoureuse cuisine. En effet, le plus grand lac d’Asie du Sud-Est se situe au centre du Cambodge, le lac Tonlé Sap, qui fournit 60% de l’apport en protéines pour la population et représente 75% du volume annuel de pêche. Avec une superficie impressionnante de 2.700 km2, ce lac abrite environ 200 espèces de poissons répertoriés, divisés en trois catégories : les poissons blancs ou Trey pra ke (famille du panga), les poissons noirs ou Gobies des sables, et les poissons de petites tailles.

Pour revenir à l’amok, il existe depuis des variantes avec du poulet et autres viandes ou crustacés. Cependant pour les puristes, l’amok se cuisine principalement avec du poisson. Et c’est pourquoi je précise « amok trei« . Mes goûts allant souvent vers les versions simples, celles qui laissent bien révéler les saveurs délicates, j’ai choisi la recette qui me semble la plus proche de ma première rencontre gustative avec ce plat, et qui n’est peut-être pas la recette complète qu’on réalise traditionnellement.

Recette de l’amok trei ou poisson à la cambodgienne

Pour 4 personnes. Temps de préparation : 40 minutes. Cuisson à la vapeur : 20 minutes.

Ingrédients :

  • 600 g de filet de lotte en morceaux (ou autre poisson d’eau douce à chair blanche)
  • Des feuilles d’épinard ou côte de blette
  • 5 feuilles de kaffir lime ou feuilles de bergamote (autre nom pour le kaffir lime :  makrut ou  combava, citron vert sauvage à la peau grumeleuse – on en trouve surgelées dans les magasins d’alimentation asiatique)
  • 4 tiges de citronnelle
  • 1 morceau de galanga de 3 cm (plus doux que son cousin le gingembre
  • 1 échalote
  • 2 gousses d’ail
  • 1 piment rouge coupé en fines lanières
  • Poivre
  • 2 cuillères à soupe de nuoc mam pur (sauce d’anchois en saumure)
  • 400 ml de lait de coco (prélever la crème de coco)
  • 1 poignée d’arachides non salées, grillées, concassées
  • Basilic thaï, coriandre selon goût
  • Feuilles de bananier

Préparation :

  • Nettoyer la lotte et couper en gros dés de 2 ou 3 cm. Dans un récipient, mettre les morceaux de lotte et les arroser de 2 cuillère à soupe de nuoc mam. Poivrer.
  • Hacher la citronnelle, l’échalote, l’ail et le galanga. Enlever la nervure centrale des feuilles de kaffir (qui donne un goût amer) et hacher finement. Mixer le tout. Puis si possible, terminer en écrasant avec un pilon dans le mortier. (Cette étape permet de bien libérer les saveurs des aromates).
  • Du lait de coco en conserve, ne prélever que la crème. (L’astuce est de ne pas secouer la boîte, de l’entrouvrir et de verser le liquide transparent du lait de coco dans un bol pour un autre usage. Il restera la crème de coco).
  • Mélanger la crème de coco avec le mélange d’aromates.
  • Réaliser des coupelles en feuilles de bananier : ici
  • Laver les feuilles d’épinard. Tapisser le fond de 4 coupelles en feuilles de bananier. 
  • Ciseler le piment en fines lanières. Ciseler les feuilles de basilic thaï et de coriandre.
  • Griller les arachides à la poêle puis les concasser grossièrement.
  • Répartir les morceaux de poisson dans les coupelles, verser la sauce de coco / aromates, ajouter quelques fines lanières de piment, parsemer d’arachides et terminer par les herbes aromatiques.
  • Mettre à cuire à la vapeur pendant 20 minutes.

Une autre version – celle présentée en photo (navrée pour sa mauvaise qualité, j’en changerai dès que possible) – que je vous propose n’est pas tout à fait traditionnelle. Que nos amis et visiteurs cambodgiens me pardonnent !

J’aime tant le parfum subtil des feuilles de bananier qu’il m’arrive très souvent de cuire mon amok trei en papillote, c’est-à-dire en posant simplement mon poisson sur les feuilles de bananier puis de refermer complètement à l’aide d’un cure-dent / ou petite brochette fine en bambou. Je prolonge alors la cuisson de 10 minutes. Cette version permet d’imprégner davantage le parfum des feuilles sur le poisson…

Accompagné de riz blanc parfumé du Cambodge, voilà un plat fin et savoureux qui surprendra et réjouira le palais gourmand de vos invités, et surtout du vôtre!   

Tofu au sirop de gingembre (Tàu hũ nước đường)

Tofu au sirop de gingembre de La Kitchenette de Miss Tam 1 copie

Le tofu au sirop de gingembre ou en vietnamien Tàu  nước đường est un délicieux entremet vietnamien à base de caillage de lait de soja (tofu) arrosé de sirop parfumé au gingembre qui se mange chaud ou froid, au dessert ou au petit-déjeuner. D’origine chinoise, on trouve également des variantes de cet entremet à Hong-Kong, Taiwan, Singapour, en Malaisie et au Japon. Différentes dénominations existent selon les régions du Vietnam, au Nord on dit tào phớ, au centre à Huê ou Dà Nang on dit đậu hũ et dans le sud, on dit Tàu hũ, dans lequel on rajoute parfois des feuilles de pandanus ou du jus de coco dans la confection de tofu.

Le tofu utilisé pour ce dessert est plus soyeux et tendre que celui des plats salés. S’il est fait maison, la consistance sera idéale, proche du panna cotta, plus ou moins tendre et fondant selon son goût. Dans le commerce, nous avons de la chance de trouver des tofu assez proches de cette consistance, soyeux mais légèrement plus ferme que la texture habituelle, dans les magasins d’alimentation bio ou asiatique, ou encore dans les supermarchés. Sinon, très pratique aussi, il existe de la poudre de pudding tofu à faire soi-même à la maison (mais je n’ai pas encore essayé).

Tofu au sirop de gingembre de La Kitchenette de Miss Tam 4 copie

Durant mon enfance, il n’existait pas encore de magasins d’alimentation asiatique comme Tang Frères ou Paristore à Paris, tout juste quelques rares petites épiceries asiatiques vietnamiennes ou chinoises. Il fallait ruser en cuisine et trouver des produits de substitution pour réaliser nos plats. Au début des années 80, Paristore et Tang Frères ont vu le jour à Paris. Les produits asiatiques jusque-là introuvables (ou difficilement) ont permis de faciliter la réalisation de la cuisine asiatique avec des saveurs plus authentiques. Cependant, point de poudre de pudding de tofu ou de sachet de tofu soyeux prêt à l’emploi comme aujourd’hui.

Ainsi je revois encore mon père, gourmand et plein de courage, faire son propre tofu soyeux pour nous offrir ce délicieux dessert : trouver les grains de soja (des petites billes rondes de couleurs beige), les faire tremper une nuit, les mixer avec de l’eau, filtrer pour recueillir le lait de soja, faire bouillir en ajoutant de la poudre de gypse (sulfate de calcium, un coagulant) et de la farine de riz, ajouter des feuilles de pandanus pour parfumer le tofu, puis laisser figer quelques heures avant dégustation… Quel boulot et quel talent ! Son tofu au sirop de gingembre était un vrai bonheur gustatif !!! Ce dessert à lui seul est une évocation de mes meilleurs souvenirs en cuisine durant mon enfance.

Pardonnez-moi si aujourd’hui je vous propose seulement la version paresseuse de ce dessert… tel que je le fais. Mon humeur gustative laisse place à l’impatience papillaire de retrouver le soyeux du tofu baignant dans un délicat sirop parfumé au gingembre… et le goût de l’enfance !

Recette du tofu au sirop de gingembre ou le Tàu nước đường

Pour 4 personnes.

Ingrédients :

  • 400 g de tofu soyeux (par ex. de la marque Soy dans les magasins bio)
  • 200 g de sucre brun ou roux
  • 200 ml d’eau
  • 1 gros morceau de gingembre frais (5 cm)

Préparation :

  • Éplucher le gingembre et couper en julienne. Réserver.

Che Troi Nuoc 3 La Kitchenette de Miss Tam

  • Sirop : Mettre dans une casserole le sucre et l’eau, mélanger et porter à ébullition. Ajouter le gingembre en julienne dans le sirop. Et poursuivre la cuisson à feu doux pendant 15-20 minutes. Laisser refroidir.

Che Troi Nuoc 4 La Kitchenette de Miss Tam

Banh Lot de La Kitchenette de Miss Tam 17

  • Prélever le tofu à l’aide d’une cuillère à soupe, des tranches fines. Déposer 3 ou 4 tranches fines de tofu soyeux dans chaque bol.

Tofu au sirop de gingembre de La Kitchenette de Miss Tam 5 copie

  • Verser le sirop refroidi (soit filtré sans gingembre, soit tel quel avec quelques filaments de gingembre pour corser le goût).
  • Au choix : servir frais ou chaud.

Amateurs de gingembre et de tofu, ce délicat entremet est fait pour vous ! Bonne découverte et bonne dégustation !

Tofu au sirop de gingembre de La Kitchenette de Miss Tam 3 copie