Vietnam : Entremets aux cornilles et riz gluant (Chè đậu trắng)

 

Dans les précédents articles, j’ai eu le plaisir de présenter deux entremets vietnamiens : le chè bắp bột báng (entremets au maïs et perles de tapioca) et le chè đậu đỏ (soupe sucrée d’azuki ou haricots rouges). Mais connaissez-vous le Chè đậu trắng, un délicieux entremets vietnamien à base de cornilles et de riz gluant, arrosé de lait de coco ?

Cette douceur se consomme chaud ou froid, comme en-cas à n’importe quelle heure entre les repas, mais jamais comme dessert en fin de repas car bien trop nourrissante. Les cornilles sont une variété de haricots en forme de rognon avec une petite tâche noire. Elles sont également appelées « dolique à oeil noir » ou en anglais « black-eyed peas ». Les Vietnamiens raffolent de la texture farineuse des haricots avec le glutineux compact du riz gluant. Et comme toutes douceurs typiques du Sud du Vietnam, le nappage au lait de coco est incontournable. Le Chè đậu trắng est sans aucun doute un des entremets les plus populaires parmi plus d’une centaine de variétés, qui s’exporte très bien en France puisqu’on le trouve dans les cartes des restaurants vietnamiens et en vente dans des pots hermétiques au rayon frais dans les supermarchés asiatiques à Paris comme Tang Frères ou Paristore. Aussi étrange que cela puisse paraître, la soupe sucrée de riz gluant et de haricots (cornilles) ne rebute pas le palais occidental. Le Chè đậu trắng fait même partie des « desserts » vietnamiens préférés de la plupart de mes amis.

Dans mon enfance, cet entremets faisait partie des en-cas classiques à la maison. Même mon père sait le faire très bien. Après avoir quitté le cocon familial, il me fallait la recette. Personne ne pouvait me donner les doses exactes comme souvent dans les recettes vietnamiennes : « il faut mettre un peu de ceci, un peu de cela » puis une autre personne dit son contraire et révèle un secret de fabrication qui n’en est jamais tout à fait un, puis une autre encore dit ce qu’il faire ou pas faire, finalement on n’arrive jamais à avoir une recette complète en mettant tout le monde d’accord. Il faut donc observer, réaliser selon les enseignements culinaires familiaux et surtout goûter pour l’adapter à ses propres goûts. En effet, la cuisine vietnamienne se vit, se hume, se goûte, se transmet mais n’est en aucun cas une somme de doses exactes d’ingrédients.

Voici donc la recette du Chè đậu trắng (entremets aux cornilles et riz gluant, telle que j’ai toujours fait. J’espère qu’elle vous plaira.

Pour 8 portions (bols ou verres). Préparation : 1 nuit de trempage de cornilles + de riz gluant // 20 minutes. Cuisson : 40 minutes pour les cornilles + 10 minutes / 20 minutes pour le riz gluant / 10 minutes pour le lait de coco.

Ingrédients :

  • 200 g de cornilles ou doliques à oeil noir (ces haricots se trouvent dans tous les magasins de produits bio ou les magasins d’alimentation asiatique)
  • 100 g de riz gluant (ou riz glutineux – ils sont différents du riz blanc parfumé que l’on sert habituellement en accompagnement de plats)
  • 80-100 g de sucre (selon goût)
  • Au choix : 4 ou 5 grandes feuilles fraîches de pandanus ou 1 cuillère à café d’extrait de vanille
  • 1 cuillère à café de bicarbonate de sodium (à mettre dans l’eau de trempage des cornilles)

Crème de coco (nappage)

  • 200 ml de lait de coco
  • 1 cuillère à café bombée de fécule de tapioca (sinon amidon de maïs – Maïzena)
  • 1 cuillère à café de sel fin
  • 1 cuillère à soupe de sucre

 Préparation :

La veille :

  • Laver les cornilles et les faire tremper dans l’eau additionnée de 1 cuillère à café de bicarbonate de sodium au moins 12 heures. Le bicarbonate permet de rendre les cornilles plus tendres et plus digeste, et de réduire le temps de cuisson.
  • Laver, rincer plusieurs fois, et faire tremper le riz gluant en veillant à laisser une bonne hauteur d’eau au-dessus de la surface du riz.

Le jour même :

  • Laver, rincer soigneusement les cornilles, enlever les petites peaux qui se détachent des haricots, et mettre à cuire dans l’eau froide pendant 20 minutes à feu vif, puis 20 minutes à couvert sur feu doux.
  • Pendant ce temps, faire cuire le riz gluant dans un grand volume d’eau froide en veillant à avoir environ une hauteur de 3 cm d’eau au-dessus de la surface du riz, sur feu vif jusqu’à ébullition, puis à couvert sur feu doux pendant 20 minutes, après avoir ajouté les feuilles fraîches de pandanus attachées entre elles. Si option avec la vanille, attendre la cuisson complète du riz gluant avant de mettre l’extrait de vanille.
  • Dès que le riz est cuit (il est très dilué), ajouter le sucre (et l’extrait de vanille si c’est cette option) dans le riz. Mélanger jusqu’à l’absorption complète du sucre et l’obtention d’un aspect brillant. Incorporer les cornilles au riz, mélanger. Laisser cuire à feu doux à couvert pendant encore 10 minutes. Mélanger de temps en temps pour que cela n’attache pas dans le fond de casserole. Éteindre et laisser tiédir. Voire complètement refroidir si on préfère manger froid ou frais.
  • Crème de nappage au lait de coco : Dans une casserole sur feu moyen, verser le lait de coco et mélanger avec la fécule de tapioca (ou Maïzena) préalablement diluée dans un peu d’eau, 1 cuillère à soupe de sucre et 1 cuillère à café de sel. Mélanger, ne pas cesser de remuer jusqu’à obtenir une crème liquide nappant la cuillère en bois (pas trop épaisse car en refroidissant, elle s’épaissit davantage).

Voilà, lorsque tout est prêt, vous pouvez servir l’entremets aux cornilles dans un bol ou une verre, nappé de crème au lait de coco, à savourer chaud ou froid selon envie, à toute heure de la journée, comme en-cas sain et gourmand ! Le tout se conserve très bien au réfrigérateur, pendant quelques jours, dans une boîte hermétique.

C’est simple et absolument délicieux ! Bien frais pour l’été ! Bonne dégustation !

Pansoti à la crème de noix (pansoti alla crema di noci)

(suite de la chronique Pasta Therapy / Farine 00 / RAP l’épicerie italienne)

Durant l’atelier de la Pasta Therapy du 29 juin dernier, dirigée par le duo Farine 00 (Valentina et Francesco), les six participants ont pu s’initier à la confection de la pâte maison faite à la main, à l’ancienne. A l’aide de ses bras, du mattarello long de 70 cm (rouleau à pâtisserie) et de l’huile de « coude », nous voilà mis à contribution pour unir nos forces, notre énergie, notre volonté, notre concentration, notre bonne humeur, dans le but de confectionner la pâte à base de farine T45 et d’œufs, de pétrir la pâte et de l’abaisser le plus finement possible.

À partir de ces ronds de pâte, nous avons ainsi pu réaliser de superbes tagliatelles coupées au couteau ET de délicieux pansoti alla crema di noci, sorte de ravioli ventru (pansu) farcis aux feuilles de verdure de saison, habituellement des épinards, des blettes et d’herbes sauvages (la bourrache, la dent-de-lion ou pissenlit, la roquette, le cerfeuil…) mélangées à la ricotta, et le tout arrosé de la crème ou sauce crue à la noix, originaire de la Ligurie (Nord de l’Italie), en honneur d’Alessandra, notre hôtesse de RAP l’épicerie. Tout cela, à la main, sans laminoir, sans mixer ! Quel exploit, n’est-ce pas ?

Ayant tellement apprécié l’enseignement du duo Farine 00 et les succulents pansoti à la crème de noix, j’ai décidé de les refaire à la maison, en ayant dû réadapter (indiqué ci-dessous en italique ) un peu la recette qui nous a été remise. N’ayant pas trouvé de bourrache au marché ni de pissenlit, j’ai utilisé du cerfeuil et comme à l’atelier de pasta, j’ai pris de la roquette (ruchetta en italien ou rucola en Suisse) à la saveur un peu poivrée. La crème de noix étant trop épaisse, j’ai un peu augmenté la quantité de lait. Et en égouttant mes feuilles vertes après cuisson, j’ai récupéré leur jus pour l’ajouter à l’eau de cuisson des pansoti…Pour le reste, j’ai suivi à la lettre la recette.

Sur la musique de Paolo Conti, je me suis mise à l’œuvre… Voici en photos, la réalisation de mes pansoti « ventripotents » à la crème de noix. Moins jolis que les vrais dentelés, mais tout aussi savoureux !

Recette

Pour 4/6 personnes. Préparation : 45 minutes + 30 minutes minimum de repos pour la pâte. Cuisson : 5/10 minutes pour les légumes (selon la quantité) + 2 à 3 minutes pour les pansoti

Ingrédients :

La pâte :

  • 400 g de farine de blé T45
  • 4 œufs

La farce :

  • 250 g de ricotta
  • 200 g d’épinard
  • 200 g de roquette (au lieu de la bourrache comme indiqué)
  • 200 g de blettes
  • Quelques brins de cerfeuil frais
  • 2 à 3 cuillères à soupe bombées de parmesan râpé
  • 1 œuf
  • Sel, noix de muscade (ce n’était pas indiqué dans la recette remise, mais mon oreille s’est baladée durant l’atelier et j’ai cru comprendre par Alessandra qu’on pouvait aussi ajouter un peu de noix de muscade en poudre dans la farce…)

La sauce :

  • 200 g de noix (au lieu de 400 g)
  • 1 gousse d’ail
  • 2 cuillères à soupe d’huile (au lieu de 4)
  • 20 cl de lait (au lieu de 5)
  • 2 cuillères à soupe bombée de parmesan râpé
  • mie d’un petit pain
  • Quelques cuillères d’eau de cuisson pour allonger la sauce au moment de servir

Préparation :

  • Sur un plan de travail, réaliser une fontaine avec la farine. Casser les œufs et à l’aide d’une fourchette, les battre en omelette dans le creux de la fontaine (en veillant bien à ne pas les faire couler sur les côtés)

  • Lorsque la pâte commence à se former, la travailler et pétrir à la main pour lui donner un peu d’élasticité (la texture de la pâte doit être souple et élastique, mais ni cassante ni collante). Laisser reposer la pâte au minimum 30 minutes dans un sac plastique.

  • Pendant ce temps, préparer la farce à raviolis : laver, équeuter les épinards et cuire les épinards, la roquette (la bourrache dans la recette donnée par Farine00) et les blettes dans une poêle pendant quelques minutes, sans ajouter d’eau ni d’huile. Les égoutter soigneusement en supprimant le maximum d’eau, et les laisser tiédir. (Je garde le jus des feuilles pour le mettre dans l’eau de cuisson des pansoti…qui servira ensuite à allonger la bonne crème aux noix…).

  • Dans un bol, incorporer aux feuilles d’épinard, de blettes et de roquettes, le cerfeuil finement ciselé, la ricotta, l’œuf et le parmesan râpé. Ajouter du sel « quanto basta » et une pincée de noix de muscade en poudre selon goût.

Sauce aux noix :

  • Dans un mortier, réduire les noix en poudre au pilon, puis incorporer l’ail.
  • Détacher la mie de pain de sa croûte. Dans un bol, imbiber la mie avec un peu de lait et l’huile d’olive. Réduire la mie en pâte et mélanger.

  • Ajouter à la mie de pain : le parmesan, la noix réduite en poudre, l’ail, le reste de lait en mélangeant au fur et à mesure. La crème doit être épaisse et légèrement liquide. Avant de servir, allonger la crème de noix avec un peu d’eau de cuisson des pansoti.

Pansoti :

  • Abaisser la pâte le plus finement et le plus largement possible, idéalement à l’aide d’un mattarello de 70 cm… Mais on peut se débrouiller avec un rouleau à pâtisserie.

  • Couper des bandes de 5 cm à l’horizontale et à la verticale pour créer des carrés, à l’aide d’une roulette dentelée (je l’ai perdue) ou à défaut, un couteau bien aiguisé.
  • Placer l’équivalent d’une cuillère à café de farce sur chaque carré de pâte.

  • A l’aide d’un pinceau, humecter les bords des carrés de pâtes d’un peu d’œuf battu pour mieux adhérer les bords. Sceller les bords en joignant les deux pointes opposées du carré pour former un triangle. Appuyer sur les bords pour adhérer la pâte, en tassant légèrement la farce afin qu’il n’y ait pas d’air. Replier les pointes les plus éloignées du triangle et les coller en croisant les pointes et appuyer pour adhérer.

  • Faire chauffer un grand volume d’eau salée. Ajouter le jus des feuilles après égouttage. Dès ébullition, plonger les ravioli dans l’eau et laisser cuire environ 2 à 3 minutes. Les sortir, égoutter et les disposer sur assiette.
  • Allonger la sauce avec un peu d’eau de cuisson des pansoti. Verser puis servir aussitôt.

Buon appetito !!!

Atelier Pasta Therapy de Farine00 chez RAP à Paris

et la recette de PANSOTI ALLA CREMA DI NOCI dans la prochaine publication !

L’Italie est à nouveau à l’honneur sur le blog. Connaissez-vous la Pasta Therapy et le super duo de Farine 00 ? Mon expérience à l’atelier de pasta therapy…

C’est à la soirée Mix Box, Food Sound System de Don Pasta que j’ai rencontré la rayonnante Alessandra Pierini, patronne de l’épicerie fine italienne RAP, situé au 15 rue Rodier dans le IXe. arrondissement de Paris. C’est à cette même soirée que j’ai vu Don Pasta faire ses tagliatelles devant le public en quelques minutes, farine, oeufs, eau, pétrissage énergique, laminoir, coupe, séchage de pasta et cuisson… tout en continuant sa performance. Incroyable… Moi qui me faisais une montagne de la fabrication de pâtes maison, ce soir-là je m’étais promis que je ferai aussi des pâtes de mes propres mains ! Que cela soit dit. Encore faut-il se procurer un laminoir. Le temps passe, mille choses à faire, ma tête de linotte en bonus, et à ce jour, je n’ai toujours pas de laminoir…

Un jour, dans un magasin bio, je vois une affichette de Pasta Therapy. Mais qu’est-ce que cette nouvelle invention farfelue ? Je lis : « 30% de psychanalyse, 30% de Tai Chi, 30% de goût et 1 000 000 % de sourire ! Et ça coûte moins cher qu’une séance chez un psy ! » Le ton est donné. Ils sont fous ces Italiens, mais géniaux ! Je laisse cette info de côté, je termine mes courses et j’oublie. Un jour, via la newsletter du blog de l’épicerie RAP, je vois annoncer à nouveau Pasta Therapy par Farine Zero Zero. Ma curiosité est donc piquée au vif, je clique, surfe, trouve des infos et… ça me plaît, je m’inscris illico presto ! Oui je veux faire des pâtes à la maison sans machine, j’ai envie de découvrir Farine 00, j’aime leur concept, j’ai envie de sourire (même si je souris déjà tout le temps) et c’est une belle occasion pour revoir Alessandra !

Le jour J arrive enfin : samedi 29 juin 2013 chez RAP à 10h30. L’épicerie est une caverne d’Ali Baba remplie de trésors d’Italie. L’entrée ne peut guère accueillir plus de 5 personnes, à gauche un escalier en colimaçon qui semble secret, mène vers une belle cave voûtée aux murs de pierre. Telle Alice au Pays des Merveilles, je m’engouffre dans la cave en veillant à ne pas me cogner en descendant ! C’est déjà l’aventure… La moitié des participants (3) est déjà là avec les deux intervenants de Farine 00, Valentina et Francesco. Alessandra m’accueille avec son sourire lumineux. Bise-bise. Tout le monde se salue, souriant. Je prends place autour des tables de travail. L’atmosphère est sympa. On attend les retardataires…qui sont Nadia de Singapour (s’il-vous-plaît – eh oui, la pasta therapy fait se déplacer des gourmands du monde entier) de passage à Paris et Fiamma Luzzati, la seule italienne du groupe, « mamma mia! » aussi belle que Claudia Cardinale, auteure talentueuse de la BD « L’Avventura, la vie dessinée d’une Italienne à Paris » aux éditions Rozebades. C’est aussi un jour spécial… on apprend que c’est l’anniversaire de Valentina et de Fiamma.

Nous voilà au complet, la séance commence par… un caffè! Eh oui, c’est cela qui est formidable… on prend le temps, pas de stress et un café nous requinque agréablement avant de fournir des efforts. Ca me plaît beaucoup ! On déguste un vrai café italien, corsé, brûlant. De quoi réveiller les neurones endormis du dimanche.

Le duo de choc Farine 00 fait sa présentation informelle : Valentina a étudié longtemps la philosophie et Francesco, l’architecture. Ils sont les pile et face d’une même pièce, le projet Farine 00. Ils nous parlent de leur concept, leurs nombreuses activités et naturellement de la Pasta Therapy. Ah… encore une belle histoire d’amour comme je les aime… Valentina, après de longues études et des voyages lointains, revient en Italie et suit le beau Francesco, son amour de jeunesse (mais ils sont encore très jeunes), en Espagne. Francesco travaillait toute la journée, délaissant sa belle qui se sentait un peu isolée. Valentina se jeta alors corps et âme dans la fabrication de pâtes, des kilomètres de pâtes, pour sons propre plaisir et celui de leurs nouveaux amis, les intégrant ensuite dans le processus de la pasta, créant du liant humain, du bien-être même, une belle énergie commune, de la bonne humeur autour de soi, les gens qui ne se connaissent pas se parlent. Ils ont répété l’opération pasta et où qu’ils aillent, la réaction et l’ambiance sont les mêmes ! Une réussite. Valentina et Francesco ont ainsi décidé de développer un nouveau concept autour du projet Farine 00 et…de la pasta faite main, à base de farine et d’eau, des éléments basiques et universels qu’on trouve partout dans le monde. L’aventure humaine démarre ainsi. Toutes les informations à leur sujet, leur projet et leurs activités sont disponibles sur le site Farine 00 ici.

Fiamma brise la glace en faisant d’emblée un tour de table et pose la question : « Et vous, que faites-vous dans la vie? » Chacun se présente. Le vouvoiement passe rapidement au tutoiement. L’ambiance est détendue et conviviale. La pasta therapy commence bien, très bien.

Ce qui est formidable dans ce genre d’atelier, c’est la rencontre des participants. La magie n’opère pas toujours. Mais ici, le groupe des Six s’est parfaitement bien entendu. Il y a Nicolas le  grand, ingénieur, habile, fait tout à la perfection et avec précision. Moi, la reconvertie gourmande passant de la production artistique à la voie (voix?) culinaire, donne cours de cuisine vietnamienne, écris un livre en lien avec le Vietnam et ponctuellement, blogueuse quand je peux. Nadia la Française de Singapour, grande amatrice de cuisine italienne, épicurienne et gastronome. La belle et souriante Emmanuelle, non-participante, elle est l’œil et la plume de RAP et écrit merveilleusement bien sur la nourriture dont la dernière chronique avec photos sur ce même atelier que je vous invite à lire aussi. Sécotine du beau blog gourmand Sécotine fait sa maligne, discrète, espiègle, gourmande qui s’avère être la plus douée d’entre nous – si, si! (cf. photo des tagliatelles de Sécotine ci-dessous) et qui a également rédigé une superbe chronique à propos de cet atelier (ici). Yann avec son joli air Belmondo-Dujardin, éminemment sympa et chaleureux, travaille dans la communication et a envie de ne plus acheter de pâtes industrielles. La douce Fiamma, à l’humour si fin et décapant, croque de sa plume la vie, la société, les détails, les gens et consigne tout dans son carnet de notes. Les aventures de la Pasta Therapy seront-elles aussi désopilantes que celles de « Le gâteau sans rien » (ici) relatant l’atelier de pâtisserie de Marco Bianchi chez RAP (la version en photos de Laura Zavan ici) et qui me font encore pleurer de rires…?

Très simplement, les merveilleux pasta thérapeutes Valentina et Francesco, nous donnent les instructions à suivre. Et voilà, au lieu de s’allonger sur un canapé et de parler de soi…  on nous dit de mettre la farine au milieu de sa planche, en fontaine. On casse les oeufs et on fouette en omelette dans la fontaine de farine à l’aide d’une fourchette. Concentration… Cela ne doit pas couler… La farine a bien absorbé les oeufs, on pétrit à la main. Si besoin, à l’aide d’une moitié de coquille d’oeuf, on ajoute un peu d’eau pour assouplir la pâte si elle est trop sèche. On peut même rajouter un peu d’huile d’olive. On regarde, on sent, on touche, on goûte, on teste, on rectifie. Mais on ne peut pas doser scientifiquement. Tout dépend de la température de la pièce, de la nature de la farine, de la taille des oeufs, de la matière de la table de travail (marbre, bois, silicone, inox…). C’est la magie de la cuisine. On forme une boule qu’on met au repos dans un sac plastique qui permettra d’assouplir la pâte. Pendant ce temps, on équeute les feuilles d’épinard. Valentina et Francesco nous expliquent que la recette de pansoti alla crema di noci a été choisie en l’honneur de notre hôtesse Alessandra qui est originaire de Gênes. Les légumes dans les pansoti sont toujours de saison. Les blettes sauvages étant difficiles à trouver à Paris, elles ont été remplacées par de la rucola (roquette). Il faut un équilibre entre un légume doux comme les épinards et un légume qui a du caractère comme la blette, la rucola, associé à la bourrache un peu amer. Francesco fait revenir les feuilles d’épinard, de bourrache et de roquette à la poêle sans ajout d’eau. On s’occupe de faire la crème de noix. Chacun son tour, on pile au mortier les noix, l’ail. On rajoute le parmesan, l’huile d’olive. Nicolas  détache avec application la mie de pain de sa croûte. Valentina l’humidifie de lait et l’écrase dans un bol. Les autres pilent, bavardent, rient. Une belle ambiance ! Valentina prépare la farce avec la verdure et la fabuleuse ricotta de brebis de chez RAP. Yann râpe consciencieusement le parmesan (non, pas de jeux de mots, je sors). On mélange tout et la farce est prête. Tout le monde s’active. Une vraie et joyeuse ruche !

L’heure est aux exercices physiques ! Farine 00 nous avait promis 30% de tai-chi… oui c’est 30% de sueur assurée. Plus besoin d’aller faire du sport, avec la pasta fait main, on est assuré de suer, de muscler ses bras, de mincir ! Avec nos grands rouleaux à pâtisserie, on apprend à étaler la pâte le plus finement possible (1 mm d’épaisseur) sans laminoir. Pas si facile. Il faut de la force. Valentina nous montre la technique que j’ai personnellement baptisée « massage du rouleau » créant au passage une crise de fou rire avec Emmanuelle. La méthode, très efficace, consiste à glisser la paume de ses mains du bout du rouleau vers le milieu de rouleau, pour chauffer le rouleau et assouplir la pâte ? Pour créer de la force, du poids sans trop forcer sur les épaules ? Valentina, petite de taille, semble pourtant dompter la pasta comme une géante. On prend note. On observe. On admire le travail. On essaie chacun à sa façon de reproduire ses gestes qui semblent si faciles mais qui ne le sont pas. L’abaissement de la pasta terminé, Fiamma lance haut et fort une boutade : « Et si on faisait un concours de la pasta la plus grande? ». Tout le monde rit. Francesco la taquine : « Comme par hasard, c’est une Italienne qui propose ça et comme par hasard, c’est toi qui as fait la pâte la plus fine et la plus grande ». On rit encore et on rentre dans le quota 1 000 000 000 000% de sourire et de rire promis par la thérapie.

Valentina et Francesco, décident quel rond de pâte utliser pour les pansoti et les tagliatelles qu’on ramènera pour frimer à la maison en fin de cours. Eh oui, non seulement on déguste après le cours, mais on ramène aussi des vestiges de notre thérapie de choc. Les ronds de pâte les plus grands pour les pansotis et ceux moins grands pour les tagliatelles. Fiamma a certainement la palme de la pâte la plus fine et la plus grande du groupe. Comme des enfants à l’atelier pâte à modeler, on est content de faire des sortes de raviolis avec la farce d’épinard, bourrache et rucola. Valentina et Francesco nous font la démonstration et on les imite. Puis on passe aux tagliatelles, on coupe au couteau des lamelles de pâtes de largeur égale sous la supervision de nos deux professeurs.

Je ne sais pas, mais Valentina et Francesco semblent avoir le don d’ubiquité, se dédoublent, on les voit partout, s’inerchangent d’un côté puis de l’autre, disparaissent et réapparaissent comme par magie, supervisent avec discrétion et efficacité, nous prodiguent des conseils avisés, interviennent quand cela est nécessaire…avec une patience infinie et un calme olympien.

Tout d’un coup, Francesco nous lance de sa voix douce et chantante : « On ouvre une bouteille? Qui veut boire du vin? Du blanc ou du rouge? » Eh oui, on a sué sur les pâtes… L’heure du déjeuner a sonné. Nos estomacs gargouillent. Nos langues se sont déliées mais elles ont soif, soif, soif. Maintenant qu’on connaît bien ses voisins de pasta, qu’on a transpiré ensemble, qu’on a parlé de sa vie, qu’on a beaucoup ri, on peut bien partager un verre ou deux, trois… ensemble. Hourra ! Merci Valentina et Francesco ! Vous avez lu dans mes pensées…? Si je n’ai pas noté le nom du vin blanc, je peux vous dire que le vin rouge Bigi Vipra Rossa d’Umbria 2011, aux notes de fruits rouges mûrs, cerises et vanille, est un petit vin « plaisir » qui nous laisse pantois. Euphorie générale… Bien, bien… la thérapie fonctionne à 1 000 000 000 000% !

Valentina nous quitte hélas plus tôt pour une autre mission et nous laisse entre les mains de Francesco, le Shiva de la Pasta, l’homme aux mille bras. Comment fait-il pour nous faire le cours de pâte, cuire les pansoti, ranger les plans de travail pour la dégustation, faire la vaisselle, tout plier et ranger dans les sacs et valises de transport, dresser la table, être totalement disponible, calme et amical, nous servir de belles assiettes de pansoti, nous servir le vin et discuter avec nous ? C’est un magicien. Nous voilà tous à table, on discute, on déguste et savoure les délicieux pansoti alla crema di noci… Alessandra se joint à nous, nous offre généreusement le café gourmand avec des petites douceurs italiennes en accompagnement. La vie est belle. On est aux anges… et on titube de plaisir en fin de cours(e) à 15h30. Cinq heures ensemble, dans la bonne humeur et en ayant appris à faire des pâtes à la main, en équipe, grâce à la pasta therapy. Bravo, ça a parfaitement fonctionné ! Le temps des adieux arrive…et chacun reprend son chemin, heureux, avec un joli sac en papier contenant les tagliatelles de l’atelier. Le soir, en jetant un coup d’œil à mes tagliatelles… j’ai eu une bouffée de douce nostalgie pour l’atelier… C’était vraiment chouette !

Bravo et grazie mille à Valentina et Francesco de Farine 00 pour ce merveilleux atelier de Pasta Therapy qui a atteint à 1 000 000 000 000% ses objectifs : énergie, temps, simplicité, sourire, concentration, solidarité, partage, bonne humeur. Guettez la prochaine date de Pasta Therapy de Farine 00, je vous recommande cette thérapie sans réserve !

Grazie mille à Alessandra Pierini de l’épicerie RAP pour son accueil et sa gentillesse. Si vous voulez un peu de soleil et beaucoup d’Italie à Paris, passez voir Alessandra dans son épicerie au 15 rue Rodier 75009 Paris (métro St Georges, Cadet ou Anvers). Vous ne regretterez pas votre visite. A bientôt et très belle semaine à vous tous.

P.S. Navrée pour la très mauvaise qualité des photos et pour le manque d’unité dans les prises de vue. Prendre des photos ou participer à l’atelier de pâtes, il fallait choisir, mais j’ai choisi les deux, au détriment de la qualité des photos ! Merci de votre indulgence. Par respect de la vie privée, j’ai délibérément mis en ligne les photos où apparaissent seulement nos deux intervenants mais pas les participants, excepté Nicolas qui a autorisé la publication sur ce blog d’une photo où on le voit.

Bo Bun (Vermicelles de riz au boeuf sauté) ou Bò bún / Bún bò nam bộ

Comme pour le banh mi (sandwich de Saigon), voici un autre plat vietnamien « à la mode » qui connaît un fort engouement chez les Français depuis un peu plus d’une dizaine d’années dans la capitale et sans doute dans les autres villes de France. Le bo bun (en vietnamien, Bò = boeuf et Bún = vermicelles de riz) est un délicieux mets originaire du Sud du Vietnam à base de vermicelles de riz froides, de crudités, de diverses herbes aromatiques et de lamelles de bœuf sauté à la citronnelle juste poêlées avant de servir.

Autant le banh mi, célèbre « street food » du Vietnam, est beaucoup consommé aussi bien au Vietnam qu’à Paris, mais on ne peut pas en dire autant pour le bo bun qui reste plutôt discret dans les menus ou les habitudes culinaires au Vietnam. Phénomène de mode culinaire en France, le bo bun plaît aux Français et devient LE mets exotique incontournable, ayant même une place de choix dans beaucoup de restaurants servant de la cuisine vietnamienne aux menus comme pour la soupe pho, les pâtés impériaux (nem rán ou chả giò), les raviolis vietnamiens banh cuôn ou  les rouleaux de printemps ou d’été.

Au Vietnam, le bo bun (bò = boeuf / bún = vermicelles de riz) est de nos jours plus connu sous l’appellation Bún bò Nam bộ (=Vermicelles au boeuf à mode du Sud) ou Bún Bò xào (=Vermicelles au bœuf sauté). À ne pas confondre avec le Bun Bo Huê (Bún bò Huế), qui est une soupe de vermicelles au porc et au bœuf de Huê (centre du Vietnam). Pour ceux qui ne connaissent pas encore le bo bun, ce sont de vermicelles fines de riz froides servies avec de délicieuses lamelles de bœuf sautées avant de servir, des crudités, de la salade et des herbes aromatiques. À l’origine, ce plat ne contient pas de nems. Mais depuis une dizaine d’années, en France, sans doute par un phénomène de mode et avec l’évolution du plat, on trouve couramment la version de bo bun avec des petits nems (pâtés impériaux comme on le disait il y a vingt ans). Au Vietnam, on préfère la variante avec la viande de porc grillée (Bún Thịt Nướng) bien plus populaire que le bo bun d’ici.

C’est un plat facile à réaliser, exquis, rafraîchissant, très complet et diététique. Pour les amis végétariens, on peut facilement remplacer la viande par l’ajout d’autres légumes, crudités et/ou des tranches de tofu grillé.

Cela fait un moment qu’on me réclame la recette du bo bun. Il y a pourtant déjà tellement de bonnes recettes sur le net. Comme toujours, on trouve des versions différentes de marinade de viande avec la poudre des cinq-épices, la sauce de soja, la sauce d’huître ou encore la poudre de curcuma, poudre de curry… Cependant, la version au nuoc mam et à la citronnelle est la plus proche de la recette originale et c’est ma préférée.

>> Réactualisé en octobre 2017.

Voici la recette du bo bun telle que je la fais pour ma famille et mes amis.

Pour 4 personnes. Préparation : 45 minutes (sans la confection des nems / pâtés impériaux) + 15 minutes de repos pour la marinade. Cuisson : environ 5 minutes.

INGREDIENTS :

Marinade pour le bœuf :

  • 600 g de bœuf (merlan, rumsteak, filet, morceau tendre) soit 150 g par personne
  • 3 tiges de citronnelle fraîche (partie blanche – bulbe – moitié de la tige) finement hachée
  • 2 gousses d’ail hachées
  • 2 c. à soupe de nuoc mam (de préférence, de Phu Quôc, 35°N)
  • 1 c. à soupe rase de sucre
  • 1/2 c. à café de sel fin
  • 1-2 c. à soupe d’huile

Accompagnement et garniture :

  • 320 g de vermicelles de riz (bun) soit 80 g par personne
  • OPTION : 8 à 12 petits nems coupés en 2 soit 2 nems / pâtés impériaux personne
  • ½ concombre coupé en julienne
  • 8 feuilles de salade verte (batavia ou laitue iceberg)
  • Herbes aromatiques : feuilles de menthe ciselées (4 tiges), rau ram (polygonum), périlla ou shiso (tia tô), éventuellement de la coriandre fraîche (mais on n’en met pas au Vietnam).
  • 3-4 carottes moyennes râpées aigres-douces
  • 4 cuillères à soupe de cacahuètes grillées et pilées (1 cuillère à soupe par personne)
  • Huile neutre (type tournesol ou arachide)
  • Échalotes frites (en pot prêtes à l’emploi au magasin d’alimentation asiatique ou fait maison) : 1 cuillère à soupe par bol.
  • 1 gros oignon ciselé grossièrement

Sauce au nuoc mam à l’ail et au piment – pour assaisonner le bò bún

  • 2 louches de nuoc mam
  • 2 louches de cassonade
  • 1 louche de jus de citron vert pressé
  • 1 louche de vinaigre de riz
  • 2 louches d’eau
  • 4 gousses d’ail pressé ou haché
  • 1 piment rouge épépinée, ciselée ou 1 cuillère à café de purée de piment Sambal Oelek (en pot)

Carottes au vinaigre

  • 4 c. à soupe de vinaigre blanc de riz (ou remplacez par 2 c. à soupe de vinaigre d’alcool blanc)
  • 2 cuillères à soupe de sucre blanc
  • 1 cuillère à café rase de sel
  • 3-4 carottes moyennes râpées ou en julienne

PREPARATION :

Carottes au vinaigre :

  • Laver, sécher et râper (ou couper en julienne) les carottes. Mélanger les carottes avec le sel. Faire dégorger pendant 10 minutes. Presser les carottes.
  • Ajouter le sucre et le vinaigre de riz blanc. Mélanger les carottes. Laisser reposer pendant la préparation du bo bun.

Garniture : Salade, herbes aromatiques, crudités, vermicelles

  • Laver et essorer la salade et les herbes aromatiques. Effeuiller les herbes (menthe, rau ram et tia tô). Ciseler la salade et les feuilles d’herbes aromatiques sauf le rau ram. Réserver.
  • Faire cuire les vermicelles selon indication de la marque dans l’eau bouillante, à feu moyen, sans couvrir. En général, il faut compter environ 8 minutes de cuisson. Les égoutter sous l’eau froide pour stopper la cuisson et pour éviter que cela colle. Réserver.
  • Laver et couper le concombre en julienne. Réserver.

Bœuf et sa marinade :

  • Couper le bœuf en très fines lamelles.
  • Laver la tige de citronnelle. Écraser les tiges de citronnelle. Enlever la première enveloppe de la citronnelle. Hacher très finement la moitié de la tige de citronnelle côté bulbe (la partie blanche). Réserver l’autre moitié de la tige de citronnelle pour un bouillon…
  • Dans un récipient, mettre le bœuf en lamelles, ajouter l’ail et la citronnelle hachés, le nuoc mam, le sucre, un peu de sel. Mélanger. Ajouter 2 cuillères à soupe d’huile. Mélanger. Laisser mariner au moins 30 minutes ou plus.

Sauce au nuoc mam à l’ail et au piment pour le bo bun :

  • Faire dissoudre le sucre avec le vinaigre de riz blanc et le jus de citron vert pressé. Verser le nuoc mam et l’eau. Mélanger. Ajouter l’ail haché et le piment. Goûter et rectifier la sauce selon goût. Il faut que la sauce soit sucré-salé, légèrement acide citronnée, aillée et relevée.

Dressage des bols – présentation par bol

  • Remplir la moitié du bol avec la salade ciselée, puis les vermicelles de riz, ajouter une petite poignée de concombre en julienne, un peu de carottes vinaigrées, les herbes ciselés et laisser la place pour le boeuf sauté.
  • Piler grossièrement les cacahuètes.

Cuisson du bœuf – à faire 5 minutes avant de servir :

  • Dans une poêle, faire chauffer un peu d’huile à feu vif. Faire revenir très rapidement l’oignon ciselé grossièrement. Ajouter aussitôt le bœuf et faire revenir quelques minutes (selon le degré de cuisson souhaité) à feu vif. Je conseille de faire revenir le boeuf par petites quantités pour mieux le saisir.
  • Mettre une portion dans chaque bol préparé. Parsemer de cacahuètes concassées sur la viande, puis d’échalotes frites. Arroser de 2 à 3 cuillères à soupe de sauce de nuoc mam préparé selon la grandeur du bol.

Facultatif : option avec nems (pâtés impériaux) : recette ici.

  • Avec des nems pré-cuits du commerce : faire chauffer de l’huile dans une poêle. Sur feu moyen-vif, déposer les nems sans qu’ils se touchent et les faire dorer sur toute la surface, en surveillant bien la cuisson, ou éventuellement au four, à 210°C pendant 15 à 20 minutes en les retournant régulièrement.
  • Déposer deux ou trois nems dans chaque bol. Avec des ciseaux de cuisine, couper les nems en deux.

Bonne dégustation !

> Et retrouvez ma recette de bo bun racontée dans le magazine culinaire ZESTE, Cuisinons simple et bon, en kiosque (France, Suisse et Canada), numéro de février-avril 2015, spécial Cap sur l’Asie, pages 38-39 et 104. Et en vidéo sur le site de L’Express / vidéos de Zeste ci-dessous :

Boules de sésame aux haricots mungo (Bánh Cam / Bánh Rán)

Voici une des douceurs préférées des Vietnamiens, petit en-cas sucré qui se mange à n’importe quel moment de la journée, de délicieuses boules frites à base de farine de riz gluant, de sésame et de pâte de haricot mungo : le Bánh Cam (désignation dans le Sud du Vietnam, soit littéralement Gâteau Orange – sa forme rappelant l’agrume) ou Bánh Rán (Nord du Vietnam, ou littéralement Gâteau frit – plus logique!). Ce sont également mes préférées, celles que je dégustais déjà dans mon enfance avec gourmandise. Mordre dans l’enveloppe croustillante et moelleuse au bon goût de sésame grillé, et savourer la farce de haricots mungo délicatement sucrée et farineuse qui se mêle à la délicieuse pâte frite… Ah quel bonheur !

L’origine de ce petit gâteau vient certainement de la Chine. Ses boules frites de sésame sont habituellement fourrées soit à la pâte de haricots rouges (azukis), de haricots noirs, de pâte de graines de lotus, avec ou sans essence de fleurs de Jasmin, ou encore de cacahuètes comme la recette ici sur le magnifique blog d’Alex : Le Gastronome parisien (que je vous invite chaleureusement à visiter sans tarder). On retrouve le même type de boules frites de sésame là où les Chinois se sont installés en Asie, avec des variantes diverses, en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines, au Vietnam et même au Japon (source Wikipedia / Jin Deui ici).

Au Vietnam, les boules frites de sésame sont fourrées à la pâte de haricots mungo comme pour beaucoup de mets sucrés, avec des variantes sensibles selon les recettes du Nord et du Sud du pays, comme l’ajout ou pas de noix de coco fraîchement râpée, d’essence de fleurs de Jasmin et/ou d’extrait de vanille. La composition de l’enveloppe des boules frites est légèrement différente de la version chinoise. Si la plupart des recettes chinoises proposent l’usage seul de la farine de riz gluant, au Vietnam on ajoute encore de la farine de riz et même de la pomme de terre (en flocons déshydratés ou une pomme de terre bouillie écrasée) pour obtenir du moelleux et de la consistance souple autour de la farce. Une coquetterie culinaire à la vietnamienne…? Certes. Mais réussie.

Voici une des variantes possibles de la recette des boules de sésame aux haricots mungo, les Bánh Cam ou Bánh Rán vietnamiens, tels que je les fais.

Pour une vingtaine de boules de sésame. Préparation : 40 minutes + 2 à 3h de temps de repos pour la pâte. Cuisson : 20 minutes + 12-15 minutes dans le bain de friture à 140°C.

Ingrédients :

Enveloppe

  • 120 g de farine de riz gluant
  • 25 g de farine de riz
  • 25 g de farine de blé
  • 80 g de pomme de terre bouillie et écrasée (soit une petite pomme de terre)
  • 60 g de sucre en poudre
  • 1/2 cuillère à café de sel
  • 1/2 sachet de levure chimique
  • 125 ml d’eau tiède
  • 5-7 cuillères à soupe bombées de grains de sésame blond

Farce

  • 120 g de haricots mungo décortiqués
  • 60 g de sucre en poudre (ou 50 g de sucre + 1 sachet de sucre vanillé)
  • 1 grosse pincée de sel
  • 20 ml d’eau
  • Facultatif : 50 g de noix de coco fraîchement râpée (dans ce cas, rajouter encore 1 cuillère à café d’eau dans la pâte)

Friture

  • Huile neutre (tournesol ou arachide)

Préparation :

  • Faire tremper les haricots mungo décortiqués dans l’eau pendant au moins une heure. Si vous êtes pressé, faire tremper dans l’eau chaude.
  • Laver, peler une petite pomme de terre (80 g net) et la couper en petits dés. Cuire dans l’eau bouillante pendant 20 minutes. Après cuisson, égoutter et écraser les morceaux en purée. Réserver.

Enveloppe

  • Dans un bol, dissoudre le sucre et le sel dans les 125 ml d’eau tiède.
  • Dans un récipient, mélanger les différentes farines avec la levure, verser l’eau sucrée, pétrir la pâte. Incorporer la purée de pomme de terre dans la pâte. Pétrir jusqu’à obtenir une pâte lisse puis former une boule. Recouvrir d’un film alimentaire. Laisser reposer 2 – 3 heures.

Farce

  • Cuire les haricots mungo pré-trempés à la vapeur pendant 20 minutes (ou plus si la consistance des haricots est encore dure).
  • Après cuisson, réduire les haricots mungo en purée. Elle sera très sèche et friable, c’est normal.
  • Dissoudre le sucre (et vanille si option) et le sel dans 20 ml d’eau tiède. Verser dans la pâte de haricots mungo et bien mélanger. La pâte sera plus souple, assez humide. Si vous prenez l’option d’ajouter de la noix de coco fraîchement râpée, l’incorporer dans la pâte à ce moment-là.
  • Faire une vingtaine de boulettes de haricots mungo de la taille d’une grosse bille. Réserver au frais en attendant que la pâte de l’enveloppe repose.

Confection des boules de sésame

  • Prélever une portion de pâte de riz et former une boule de la taille d’une balle de ping-pong. L’écraser un peu sur la paume de la main en formant un petit creux au centre. Déposer une boule de haricots mungo au centre. Refermer la pâte complètement sur la farce pour l’envelopper. Rouler entre les deux mains sans écraser pour reformer parfaitement une belle boule.
  • Répéter l’opération avec le reste de pâte et de boules de haricots mungo.
  • Rouler les boules sur les grains de sésame dans un grand bol ou assiette creuse. Rouler à nouveau les boules entre les mains pour tasser et coller les grains de sésame sur la pâte.
  • Réserver au frais pendant que l’on chauffe l’huile de friture.

Friture

  • Faire chauffer doucement l’huile de friture sur feu moyen. Concernant ma cuisinière électrique, sur une échelle de 10, je mets le feu à 5. La température de la friture est très importante. Si l’huile est trop chaude, les boules vont éclater. Si vous avez une sonde ou thermomètre de cuisson, surveillez la température du bain à 140°C. Sinon, mettre à feu moyen. Si l’huile grésille trop, ne pas hésiter à baisser le feu d’un cran.
  • Déposer quelques boules dans le bain chaud de friture. L’huile grésille un peu. Laisser cuire 5 minutes, puis tourner et retourner régulièrement les boules pour obtenir une dorure uniforme. La cuisson totale sera d’environ 12 à 15 minutes – selon la grosseur des boules et la température du bain de friture. Il faut que les boules de sésame soient légèrement dorées.
  • Poser les boules de sésame sur du papier journal recouvert de papier de cuisson ou de serviettes en papier pour éponger l’excédent d’huile.

Et voilà de délicieuses boules frites de sésame aux haricots mungo à déguster chaud, tiède ou à température ambiante, à n’importe quel moment de la journée ! L’idéal est de les déguster peu de temps après confection ou le jour même. Mais vous pouvez aussi les conserver et les réchauffer très rapidement un peu au four à micro-ondes pour les pressés ou seulement quelques minutes au four chaud le lendemain.

Très bonne dégustation ou découverte !