Questionnaire de Miss Tâm #7 : Caroline Debonnaire, voyageuse responsable et gourmande

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© Vision Ethique, Caroline Debonnaire

Quand les Vietnamiens se retrouvent ou se rencontrent, c’est souvent (toujours ?) autour d’un repas. Retrouver Shirley, une vieille amie pas vue depuis une décennie, c’est forcément autour d’une table. Et ce, grâce à la rencontre de Caroline Debonnaire de Vision Ethique, qui avait partagé l’un de mes articles (Le lotus dans la cuisine vietnamienne, WSI Magazine) sur le réseau social et qui par hasard, est aussi une amie proche de Shirley, laquelle m’a retrouvée par ce biais. La magie d’Internet !

Un bo bun à Paris avec Caroline a été suivi de quelques autres repas,  pour faire connaissance, papoter, échanger sur la vie et les projets, réfléchir à un partenariat amical avec Vision Ethique. Même à des milliers de kilomètres d’ici, à Antananarivo (Madagascar) en novembre dernier, où par chance notre séjour professionnel malgache respectif coïncidait, et malgré un emploi du temps chargé, nous avions quand même pu partager un repas et déguster ensemble du délicieux foie gras “made in Madagascar” tant vanté par Caroline, un soir au restaurant Le Rossini.

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© 2012 Vision Ethique, Madagascar.

Alors… qui est mon invitée aujourd’hui ? Née à Saigon (Vietnam), de mère vietnamienne et de père indien, passionnée de voyage et « sensibilisée à l’économie sociale et solidaire, et aux enjeux du développement durable », Caroline Debonnaire fonde Vision Ethique en 2007, une agence de conseils de voyage responsable. Dans ses termes, pour « donner du sens aux vacances » tout en proposant des destinations à la carte selon les envies des voyageurs, « permettre aux voyageurs de rencontrer et d’échanger avec la population locale » et « faire en sorte que les retombées économiques du tourisme reviennent à la population locale ». Vision Ethique travaille « en étroite collaboration avec des associations et des petites structures privées impliquées dans des projets d’aide au développement couvrant les domaines de la santé, de l’artisanat, de l’éducation et de développement ».

Vision Ethique

J’ai trouvé le concept et les projets de Caroline à travers Vision Ethique tellement passionnants qu’il me semblait naturel de vous la présenter dans ce « Questionnaire » mais également pour la soutenir dans ses démarches . En un mot, si vous devez organiser votre prochain voyage, choisissez Vision Ethique.

En attendant, faites connaissance avec Caroline à travers son portrait gourmand et découvrez ses projets dans l’entretien amical qui suit, illustré par de belles photos de ses voyages et qui je l’espère, vous donneront envie de voyager. Merci à Caroline d’avoir si gentiment répondu à mes questions… Belle découverte à toutes et à tous !

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© 2011 Vision Ethique, Petit déjeuner, Inde du Sud.

Portrait culinaire

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© 2014 Vision Ethique, Caroline Debonnaire

  • Si tu étais un aliment ou un plat / dessert, lequel serais-tu?

Houlala, dur de choisir, j’aime tellement la nourriture, étant une gourmande et « gourmette » ! Disons : la noix de coco…un aliment utilisé dans beaucoup de pays, que l’on peut décliner sous plusieurs formes, de l’huile, à la chair, en râpée, jus, lait… salé/sucré à sa convenance… C’est doux, laiteux, plein de vitamines, de minéraux et d’oligoéléments tout cela dans une tête dure comme du bois ! Et les cocotiers sont aussi le symbole type pour évoquer le plaisir de la détente sur des plages de sable fin, aux eaux turquoises et cristallines… Un appel au voyage et à l’évasion.

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© 2014 Vision Ethique, Madagascar.

  • Ton meilleur souvenir de cuisine ou en lien avec la nourriture dans ton enfance ?

Tu vas dire que je suis obsessionnelle, mais le gâteau à la noix de coco en forme de cygne ou autres animaux que ma maman nous confectionnait pour nos anniversaires pendant notre enfance ma sœur, mon frère et moi. Je la revois en cuisine faire la génoise, la crème au beurre, dessiner et découper les forme du cygne dans du carton pour ensuite les assembler et le décorer de noix de coco râpée et de couleur ! Technique héritée de son enfance au Vietnam ! Ou bien les dimanches après-midi à préparer et rouler une centaine de chả giò maison aux porc et crevettes (nems) que nous congelions par la suite… Le moment de se retrouver avec ma maman et ma sœur autour de la table de cuisine et de papoter.

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© 2014 Vision Ethique, un repas, Vietnam.

  • Ton coup de fondre gustatif ?

Une tomate mozzarella di bufala, huile d’olive et basilic dégustée dans une ferme bio en Campanie – Italie du Sud. Après la visite de la ferme ou les buffles sont bichonnés comme des petits rois (un peu comme les fameux boeufs de Kobé au Japon), brossés, massés, lavés, nourris avec des produits sains, ils produisent un lait délicieux récolté directement et transformé traditionnellement en de délicieuses et crémeuses boules de mozzarella… J’en salive encore et garde un souvenir gourmand en repensant à ces producteurs étirés la mozzarella encore chaude et la travailler manuellement pour confectionner les boules qui ont par la suite ravi nos papilles. Mais tant d’autres plats me viennent à l’esprit…

  • L’anecdote culinaire la plus drôle qui t’est arrivée lors d’un voyage?

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Lors d’un voyage au Cambodge en 2009, nous étions à Phnom Penh avec une amie et dînions avec des partenaires locaux. Invitées au Romdeng, un restaurant qui a la particularité d’être un centre de formation pour des jeunes issus d’un milieu défavorisé, nos hôtes nous ont fait la surprise de nous commander en entrée «le caviar cambodgien»… Une délicieuse dégustation de tarentules grillées ! Si, si, je te jure ! Après bien des minutes d’hésitation et quelques rires gênés, nous nous sommes lancées… Cela a le goût du calamar et des petites fritures de poissons grillées. Assaisonnées avec une sauce ngoc nam, sel, poivre et citron, je dois avouer au final que c’était plutôt bon. D’ici là à en remanger…

La preuve en images : http://www.vision-ethique.com/blog/1hoiaguc/cambodge-voyage-de-reperage-a-phnom-penh-mars-2009

  • Dans une cuisine, quel objet serais-tu ?

Un rice cooker bien sûr ! Ou bien une spatule en bois, outil indispensable pour bien mélanger les aliments en douceur.

  • Ton pire cauchemar culinaire ou un aliment que tu détestes ?

Sans hésitation tout ce qui est abats, tripes etc… Cela me fait penser à une anecdote de voyage, justement au Vietnam ou disons-le, il faut parfois avoir le cœur bien accroché ! J’étais à Kontum dans les plateaux du Centre, merveilleuse région oubliée par le tourisme de masse dans laquelle vous pouvez rencontrer des ethnies : les Jarai et Barhnar qui vivent dans conditions difficiles sur les Hauts Plateaux. Bovins et porcins représentants de mets de luxe ! C’est pourquoi après une journée de trekking, pour nous faire plaisir et pour nous requinquer, le guide a commandé de la panse bouillie de porc accompagnée d’une soupe aux tripes et queues-de-cochon ! Quelle horreur… Mon pire cauchemar !!! J’avoue avoir mordillé un petit bout avant de le recracher discrètement et de décliner le plus poliment possible les plats.

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© 2014 Vision Ethique, Vietnam.

  • Ton plat fétiche pour conquérir la personne de ton cœur ?

Une potée auvergnate  accompagnée d’un bon vin ? Pour bien l’alourdir et ne pas le laisser repartir ! (rires) Non, je ne sais pas, cela dépend de la personne, de l’humeur et de la saison…

  • Si tu étais une chef en cuisine, où serais-tu ?

Quelque part dans un restaurant simple, en bois et bambou surplombant la mer… à proposer une cuisine fraîche, goûteuse, mixte, internationale représentative de ma culture et passion pour le monde.

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© 2012 Vision Ethique, Madagascar.

  • Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais l’oser ?

En plat ? La bouillabaisse… Faire revenir les carcasses de poisson et crustacés pendant des heures, surveiller le bouillon, le niveau d’eau… Je ne m’y suis jamais risquée, pas même regardée la recette tellement cela me semble compliqué ! En dessert ? Un Saint honoré ou une tropézienne, il paraît que c’est très dur à réussir une bonne tropézienne !

  • En cuisine, si tu étais un secret, lequel serais-tu ?

Celui qui se transmet oralement et gestuellement…

  • Quel est ton plat (ou dessert) vietnamien favori ?

La colle ! Je peux en citer plusieurs ? Le banh xèo ( la crêpe farcie du Sud ), les banh cuôn au Nord, les banh khot, une soupe hu tiêu… ou le thit kho aux œufs de mon papa… En dessert les Chè bien sûr ! je les aime tous : maïs, haricots, banane etc… ça aussi ce sont directement des souvenirs d’enfance.

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© 2014 Vision Ethique, un repas, Vietnam.

  • Une recette favorite à partager avec nous ?

Un crumble de poulet aux pommes et lait de coco (recette tout simplement trouvée sur Marmiton… rien de très original… désolée mais c’est délicieux et à base de noix de coco !)

Temps de préparation : 30 minutes / Temps de cuisson : 30 minutes

Ingrédients (pour 4 personnes) :

  • 4 blancs de poulet
  • 4 pommes (golden)
  • 40 cl de lait de coco
  • 20 oignons grelots
  • 100 g de farine
  • 60 g de parmesan rapé
  • 60 g de beurre
  • 40 g de graine de sésame
  • une pointe de curry

 Préparation de la recette :

  •  Peler les pommes et les couper en cube.
  • Peler les oignons.
  • Emincer ou couper en 2 les blancs de poulet.
  • Faire dorer les oignons dans une cuillère d’huile et y rajouter les cubes de pommes.
  • Quand tout est doré ajouter le lait de coco et le curry et laisser mijoter 5 min, assaisonner.
  • Pendant que ça mijote, préparer le crumble en mélangeant le beurre ramoli avec la farine, le parmesan et les graines de sésame (si elles sont blanches, les laisser revenir à sec dans une poële pour qu’elles dorent)
  • Faire dorer le poulet (très rapidement).
  • Dans un plat, déposer le poulet, l’arroser du mélange oignon-pommes-coco, émietter le crumble et enfourner à 180°C (thermostat 6) pendant 30 minutes.
  • Mon petit plus : Je rajoute un peu de curcumin ramené de Madagascar pour apporter une petite touche de couleur supplémentaire au lait de coco et les vertus anti-oxydantes.

L’interview de Caroline…

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© 2011 Vision Ethique, Caroline Debonnaire, Inde du Sud.

  • En quelques mots, qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Je suis née à Saïgon, métissée Indienne de par mon père qui était d’origine Pondychérienne et vietnamienne de par ma mère. Eh oui comme me l’a si bien dit une amie un jour : «  Tu es un pur produit de la colonisation française ! », puisque de par mon père Pondychérien, nous avons la nationalité française, d’où mon nom Caroline Debonnaire.

© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

  • Quel est ton parcours ?

J’étais cadre commercial dans des entreprises «  grands comptes » et Chargée de placement pour une école d’ingénieurs en informatique ! Comme quoi le voyage c’était pas gagné ! Puis un jour, les expériences de la vie m’ont fait réaliser qu’il fallait aller au bout ses rêves, je travaillais pourquoi ? Pour voyager ! Alors pourquoi ne pas travailler dans le voyage !

J’ai commencé à me renseigner, me former sur les principes et enjeux du commerce équitable, des notions du tourisme responsable qui démarrait à l’époque et était essentiellement associatif, l’économie sociale et solidaire..Puis après la théorie, le terrain, je suis partie en voyage, à repérer à Madagascar, au Vietnam, chercher des partenaires etc…

Puis comme aucune agence de voyage ne voulait de moi et de mes belles idées il y a huit ans, je me suis résignée à me lancer le défi et à créer ma propre agence de voyage spécialisée dans le tourisme solidaire et voilà, Vision Ethique est née !

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© 2011 Vision Ethique, Cambodge.

  • Que fais-tu actuellement ?

Vision Ethique a pour vocation de proposer un tourisme je ne dirais pas différent, c’est prétentieux, mais un tourisme qui a tout simplement du sens et qui véhicule des valeurs de respect entre les peuples à travers la rencontre et le partage.

Sur le terrain, nous participons à des projets de développement locaux menés en collaboration étroite avec des partenaires, petites structures privées, associations impliquées dans des projets liés à l‘éducation, la santé, l’artisanat et la protection de l’environnement.

Je veux aussi casser l’image que le tourisme solidaire n’est pas pour tous et ne pas oublier la notion de plaisir et de vacances.

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© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

  • Parle-nous un peu de ton métier ?

Je conjugue entre les voyages de repérages, les réunions avec les associations et partenaires locaux et la commercialisation et gestion de l’agence.

Multicasquette ! Mais c’est passionnant ! Beaucoup de personnes dans le domaine du voyage paradoxalement, ne voyagent pas ! Moi non seulement je voyage mais je rencontre des « vrais gens et des belles personnes » grâce à mon métier!

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© 2010 Vision Ethique, Vietnam.

  • Quels sont les projets en cours et ceux qui te tiennent en particulier à cœur. Peux-tu nous en parler un peu ?

Les projets à Madagascar dans la vallée du Sambirano, c’est le « Terrain de jeu de nos projets d’écotourisme » ! Cela fait huit ans que nous travaillons avec cinq villages. Nous avons construit deux éco-gîtes entièrement conçus en matériaux locaux, équipes de toilettes sèches, panneaux solaires, paillotes et cuisines pour la restauration gérés par les associations villageoises… Nous soutenons le salaire annuel de quatre professeurs pour plus de cent soixante-dix élèves !

J’aimerais que ces projets un jour deviennent autonomes grâce à l’apport de voyageurs. Pour l’instant, ils ne génèrent pas assez de revenus c’est pourquoi chaque année nous lançons à cette période une campagne Ulule (fond participatif) pour récolter 2’400 euros. Je compte sur les lecteurs de ton blog d’ailleurs !

© Vision Ethique, Madagascar.

  • Quelle est ton plus beau souvenir de rencontre ou de partage durant tes nombreux voyages ?

Houlalalala, il y en a tant ! J’ai la chance à travers mon métier de rencontrer à chacun de mes voyages de belles personnes, de vivre des moments intenses de partage. En voyage tout est exacerbé, les rencontres peuvent être brèves, ou s’inscrivent dans le temps, mais à chaque fois ce sont des moments précieux, qui vous nourrissent et vous construisent.

Récemment, me vient en souvenir la rencontre avec une famille indonésienne à Florès, suite à une petite chute en moto, nous avons été chaleureusement accueillis par toute une famille au milieu de nulle part. Ils nous ont apporté de l’eau pour nettoyer et panser les plaies, confectionner un déjeuner à base de riz, maïs bouilli, proposer un café… Comment oublier la petite « claquette » sur l’épaule donnée par la doyenne de la famille à mon compagnon de voyage et conducteur malchanceux lorsque sa peur est retombée ! C’était amical et plein de tendresse.

© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

  • Parmi les pays où tu organises des séjours, quelle cuisine préfères-tu ?

La cuisine vietnamienne sans hésiter, sans être chauvine, c’est tout de même l’une des plus variées et LA meilleure au monde !

  • Quand tu voyages, tu es plutôt resto ou street food ?

Les deux mon capitaine! Mais la plupart du temps, je revendique la «  street food ». J’adore m’asseoir sur un banc, petit tabouret en plastique et regarder faire les marchands avec leurs gestes rapides et précis. C’est souvent là que l’on mange le mieux et que l’on découvre les petits plats populaires et spécifiques aux régions. L’occasion aussi de contempler des scènes de vie…

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© 2012 Vision Ethique, Madagascar.

  • Peux-tu nous recommander quelques adresses gourmandes à ne pas manquer à Paris ou celles de tes voyages ?

Non pas trop car je ne suis pas très fidèle sur Paris en terme de restaurant. Chez Duong à Belleville est ma cantine pour la cuisine vietnamienne, j’adore le canard laqué au Passy Mandarin… En voyage : pas d’adresses précises non plus, si vous passez à Antananarivo la capitale de Madagascar, ne manquez pas de goûter au foie gras, il est délicieux !

  • Enfin, pour clore cette interview, quels sont tes futurs projets pour l’année qui démarre ? Ou un rêve que tu aimerais encore réaliser dans le futur ?

Les projets il y a en tant ! La participation à l’écriture d’un guide sur le tourisme responsable à Madagascar, partir vivre en Indonésie ou au Vietnam tout en maintenant Vision Ethique grâce à mes associés, car malgré tous mes voyages, je n’ai pas encore réalisé le «  rêve » ou plutôt l’expérience de vivre et travailler à l’étranger… Le challenge de la vie d’expat. mais toujours lié à mes convictions et passions, c’est à dire le voyage et les enjeux du développement durable.

© 2011 Vision Ethique, Cambodge.

© 2011 Vision Ethique, Cambodge.

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Vision Ethique

Pour organiser votre prochain voyage, faites appel à Caroline Debonnaire !

VISION ETHIQUE
Chez les Acteurs du tourisme Durable ( ATD )
21 rue Blondel
75002 Paris

contact @ vision-ethique . com

www.vision-ethique.com

>> À tous les voyageurs de Vision Ethique, un tarif avantageux sur les cours de cuisine particuliers de La Kitchenette de Miss Tâm (soit 50 euros au lieu de 90 euros pour la réalisation d’ 1 plat, 2 personnes)  !

>> Comme Vision Ethique et comme moi, soutenez le projet de scolarisation des enfants Malgaches « Sur le chemin de l’école« , plus que 48 jours pour participer à son financement dont l’objectif est de récolter 2’100 euros : http://fr.ulule.com/chemindelecole/

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© 2014 Vision Ethique, Madagascar.

 À bientôt !

© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

© 2011 Vision Ethique, Inde du Sud.

Questionnaire de Miss Tâm #6 : Emmanuelle Mourareau, plume culinaire et éditrice

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Photo © 2014 Michelle Goldstein

Quand j’ai rencontré Emmanuelle Mourareau la première fois, c’était il y a exactement un an et un jour, à l’épicerie fine italienne RAP (Paris 9ème). Je suis immédiatement tombée sous le charme mutin de ce petit bout de femme douce, espiègle et pétillante comme une bulle de champagne ! Sa bonne humeur est contagieuse, le fou rire n’est jamais loin. Et il y en a eu avec elle (lire l’article sur la Pasta Therapy de Farine 00). Emmanuelle manie la plume avec talent et poésie, cuisine ses mots avec sensualité, raffinement et gourmandise; et elle nous fait sacrément saliver !

Emmanuelle traduisant le cours de cuisine du chef italien Maurizio Pinto du restaurant gênois Voltalacarta (lors du Concours du meilleur pesto de Paris, 12 avril 2014). Photo © Thierry Panchaud

Emmanuelle interprète le cours de cuisine du chef italien Maurizio Pinto du restaurant gênois Voltalacarta (lors du Concours du meilleur pesto de Paris, 12 avril 2014 au Purgatoire, Paris 10).
Photo © Thierry Panchaud

Amoureuse de la gastronomie italienne et « plume culinaire » pour de grands restaurants, de magazines et de sites, Emmanuelle collabore étroitement avec Alessandra Pierini, patronne de la fameuse épicerie fine italienne RAP à Paris (entre autres !), sur plusieurs projets et le site de RAP. Dans la continuité de ses rêves, elle se tourne vers l’édition et la littérature gastronomique. Un projet fabuleux est né avec la création des éditions du Pétrin, entouré d’une équipe de passionnés et d’experts en gastronomie italienne : Alessandra Pierini, auteure des prochains Petits Précis de Parmigiano et de Polenta. Des informations supplémentaires en fin d’article sont disponibles pour soutenir ce magnifique projet par un financement participatif sur KissKissBankBank ici.

Une fois n’est pas coutume, Emmanuelle a troqué un plat de pasta contre un délicieux bol de soupe vietnamienne Pho. Elle m’emmène découvrir son petit boui-boui viet-thaï préféré, où des femmes de plusieurs générations d’une même famille donnent vie à ce modeste petit lieu. Sous un soleil radieux, nous dégustons notre bonne soupe à l’extérieur. Au-dessus de nos bols fumants et une bière fraîche Saïgonnaise pour accompagner nos rires, Emmanuelle se prête au jeu du questionnaire et me livre avec grâce et poésie, son portrait gourmand, son parcours et ses rêves… Je vous souhaite une belle déambulation culinaire avec Emmanuelle Mourareau.

Emmanuelle Mourareau photo La Kitchenette de Miss Tam

Photo © 2014 La Kitchenette de Miss Tâm

Le portrait culinaire d’Emmanuelle…

Si tu étais un aliment ou un plat/dessert, lequel serais-tu?

Sans hésiter, un citron. Pas n’importe quel citron : un citron du jardin des Hespérides ! Tout le monde croit que ce sont des pommes  – d’or – qui couvrent ce jardin. C’est totalement faux ! Je le sais d’autant mieux que je l’ai vu. Suspendu entre ciel et terre, il dévale la falaise jusqu’aux eaux qui le séparent de Capri. Par souci de discrétion, Alfonso Iaccarino (restaurant Don Alfonso) qui en détient les clés l’appelle Le Peracciole. Aux visiteurs privilégiés, il offre à croquer des citrons aussi gros que des pommes justement ! Tout se mange dans ces citrons, zeste, peau, pulpe. C’est doux, vitaminé, inattendu, délicieux !

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Photo © Emmanuelle Mourareau. Les citrons du jardin des Hespérides.

Ton meilleur souvenir de cuisine ou de nourriture dans ton enfance ?

« …L’enfance est le seul chemin vers le royaume des cieux… » écrit Cristina Campo, magnifique écrivain et poétesse italienne. En matière de paradis, je me souviens d’une cueillette miraculeuse de fraises des bois dans les Dolomites. Je devais avoir quatre ans. Sur les diapos Kodachrome de mon père, présentant la récolte à l’objectif, je suis incontestablement au paradis. Autre souvenir tout aussi jouissif lié au chocolat cette fois, lorsque j’ai entièrement badigeonnée ma sœur de chocolat noir fondu pour la grimer en indien – moi je faisais le cowboy !

Ton coup de fondre gustatif ?

Un granité au citron (!) et aux fruits rouges servi tiède ! C’était le premier été que nous passions sans ma mère. Pour adoucir notre peine, mon père nous a invités avec ma sœur et mon frère au Grand Ecuyer, l’étoilé de Cordes-sur-ciel dans le Tarn qui a accueilli la Reine d’Angleterre, l’Empereur du Japon, Mitterrand et, qui n’existe plus aujourd’hui. Yves Thuries, reconverti en éditeur et chocolatier, était aux fourneaux. Meilleur ouvrier de France, il se distinguait surtout en pâtisseries. Moi qui ne suis pas très dessert, je garde intact le souvenir de son granité au citron et fruits rouges : une évanescence d’agrumes et de douceurs sanguines des bois…

L’anecdote culinaire la plus drôle qui t’est arrivée ?

C’était il y a quelques années dans un petit restaurant chinois du côté de Montparnasse. À la table d’à côté, un couple de retraités de province s’est confondu en remerciements à la vue de l’assiette que leur a apporté le garçon à la fin du repas. Ils avaient pris les serviettes chaudes  pour une dernière douceur offerte par la maison et s’apprêtaient à les attaquer à la fourchette et au couteau ! Une seconde anecdote me revient. Une actrice française célèbre affirme qu’un repas réussi est un repas où les convives débattent d’amour, de sexe et de politique. Je me souviens d’un tel repas où la maîtresse de maison, emportée par son sujet, à avaler cul sec son rince-doigt savonneux sous l’œil affolé de son mari…

Dans une cuisine, quel objet serais-tu ?

Hum, je ne sais pas trop… Un rouleau à pâtisserie, une planche à découper, un mortier peut-être… En tous les cas certainement pas un robot électrique ! Oui,… un rouleau à pâtisserie en marbre rose du Minervois… comme la colonnade du Grand Trianon à Versailles ! Un objet qui dure et se transmet.

Le mattarello : coupable du premier fou rire entre Emmanuelle et moi lors de l'atelier Pasta Therapy le 29 juin 2013.

Le mattarello : coupable du premier fou rire entre Emmanuelle et moi lors de l’atelier Pasta Therapy le 29 juin 2013.

Ton pire cauchemar culinaire ou un aliment que tu détestes ?

Le cassoulet ! Il doit y avoir de l’œdipe dans ma détestation du cassoulet…c’est le plat préféré de mon père ! Originaire du sud-ouest, avec le rugby, c’est son truc ! Aux vacances, ma grand-mère lui en préparait pour lui faire plaisir. Elle démarrait son cassoulet à « l’heure où blanchit la campagne ». Petit-déjeuner dans des relents de graisse d’oie et de canard rissolée, ça laisse des traumas !

Ton plat fétiche pour conquérir la personne de ton cœur ?

Bon, je commencerai par la saouler. Pour un effet immédiat, le mieux, c’est le champagne ! Ensuite, et bien ensuite, à vrai dire je ne sais pas trop. Essayer de séduire la personne de mon cœur, à tous les coups ça me coupe tous mes moyens. C’est le désastre assuré !

Donc, j’ouvrirai Le grand dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas et tenterai, tant qu’à faire, un truc improbable : du chevreau de l’île de Mélos aux navets de Thèbes, des œufs de cent ans aux radis de Mantinée… Ce choix du plat pour conquérir la personne de mon cœur me fait penser à une histoire que m’a raconté une amie italienne. Mariée depuis 50 ans, elle a bien failli succomber à la tentation. À 26 ans, elle croise le chemin d’un séduisant jeune homme pour qui elle est prête à tout quitter. Son mari mis au courant – et très amoureux – obtient de sa femme de rencontrer son rival. D’un commun accord, mari et femme décident de convier ce dernier à dîner. En plus de toutes ses qualités, l’élu a un talent de cuisinier et insiste pour préparer le repas. Bientôt, nos trois protagonistes s’attablent devant les spaghetti alla carbonara de notre chef qui guette le compliment. Sa carbonara est abominablement  trop salée ! Il nie, s’emporte, se vexe et finit par prendre la porte. Moral de l’histoire :  comment un ratage culinaire sauva un mariage appelé à durer !

Si tu étais chef de cuisine, où serais-tu ?

Dans les cuisines du doge de Venise au milieu des parfums d’épices d’Orient à faire rissoler de petits castraure du potager de l’île de Sant’Erasmo en prévision du banquet donné en l’honneur du Grand Vizir de Constantinople. Ou dans les cuisines d’une grande brasserie parisienne à la Belle Époque à agencer des plateaux de fruits de mer délirants. Ou encore, dans les cuisines d’El Bulli où soufflait un vent de liberté créative qui faisait fi des traditions, à regarder ébahie notre alchimiste officier.

Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais l’oser ?

Des sardines grillées sur mon petit bout de balcon parisien…

En cuisine, si tu étais un secret…

Le secret de l’Ambroisie…

Allez question bonus : Quel est ton plat (ou dessert) vietnamien favori ?

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Je ne connais pas la cuisine vietnamienne en dehors de la soupe Pho, du Bo Bun et des ravioli. L’été dernier j’ai découvert la cuisine thaïlandaise, qui n’a probablement rien à voir avec la cuisine vietnamienne, mais qui est néanmoins délicieuse. J’ai appris à cuisiner quelques recettes avec Orr, la compagne de la propriétaire du très bel hôtel conçu par l’architecte thaï Duangrit Bunnag où je logeais (Costa Lanta Resort). Voici celle des petites bouchées appelées Ma Hor, qu’il faut avaler en une fois pour en apprécier l’élégante saveur. Il s’agit d’une très vieille recette de cour à base d’ananas, très facile à réaliser.

Ingrédients :

  • 1 gousse d’ail, une racine de coriandre et quelques grains de poivre blanc écrasés ensemble  (ces trois ingrédients sont appelés « la trinité » ou « les trois amis » dans la cuisine thaï)
  • ail haché revenu à la poêle
  • cacahuètes écrasées
  • échalotes émincées revenues à la poêle
  • blancs de poulet émincés
  • crevettes fraîches émincées
  • saindoux
  • sauce de poisson
  • sucre de palme (mélasse)

Dans une sauteuse faire chauffer de l’huile végétale, ajouter « la trinité », le poulet et les crevettes émincées et le saindoux. Ajouter un peu de sauce de poisson, de sucre de palme. Une fois cuits, ajouter les ingrédients secs (l’ail et les échalotes fris et les cacahuètes) et éteindre le feu. Laisser refroidir. Travailler ensuite avec les mains pour en faire une pâte. Dans des tranches d’ananas de 2 cm d’épaisseur découper à l’emporte-pièce des ronds de 3cm de diamètre. Sur ces rondelles, déposer un peu de la pâte et décorer d’une noix de cajou, d’une lamelle d’un grand piment rouge et de feuilles de coriandre.

Merci Emmanuelle pour ce joli portrait culinaire ! Passons maintenant à l’entretien si tu le veux bien… 

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Photo © 2014 Michelle Goldstein.

Entretien avec Emmanuelle Mourareau

En quelques mots, qui es-tu ? D’où viens-tu ?

À cette question, je suis toujours tentée de répondre comme Polly Maggoo l’héroïne du film de William Klein : « je suis la fille de mon père et de ma mère »… Je suis la fille d’un ancien fonctionnaire européen et d’une prof d’anglais. Je suis née en Italie, j’ai fait mes premiers pas dans le Manitoba, j’ai appris à lire et à compter dans une petite école privée du Dorset, j’ai grandi nourrie aux idéaux européens à Bruxelles. Sur mon t-shirt de gym était écrit en latin « Ecole européenne de Bruxelles » entouré des 9 étoiles (ce qui entre nous avait un peu plus de sens que les 28 d’aujourd’hui !). Dans nos petits shorts moulants en lycra vert, mes camarades danoises, anglaises, hollandaises, belges, allemandes, italiennes et moi étaient bien plus appétissantes que les filles de l’équipe du lycée français ou les américaines du lycée international ! Les garçons de chez nous aussi étaient autrement plus craquants !

Quel est ton parcours ?

Mon bac européen en poche, direction Paris à la découverte du pays, dont en dépit de ce qui précède, je suis et qui venait de me délivrer mon premier passeport. Une drôle d’histoire que celle de ce passeport… Tous les français nés à l’étranger sont enregistrés à Nantes. À 18 ans, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que je n’existais pas ! Le Consul de France à Varèse avait tout simplement oublié de signer le livret de famille, et donc aucune trace de moi nulle part ! Sur ce, la France suspicieuse me demande de prouver que mes arrière-grands-parents, mes grands-parents, mes parents sont bien français… un véritable casse-tête ! Je ne révèlerais pas comment j’ai fini par obtenir mes papiers, on n’est jamais trop prudent ! Quoiqu’il en soit, ça commençait plutôt mal.

Reprenons donc le fil. Littéraire contrariée, je me suis ennuyée ferme des années qui m’ont semblé une éternité sur les bancs de la fac de droit. En guise de baptême, les premières paroles – comment les oublier – du premier des honorables professeurs que j’eus, furent : « Vous qui êtes ici, sachez que vous êtes les ratés du système » ! Pas peu fière de mon pedigree européen si peu commun qui n’avait manifestement aucune valeur dans l’Hexagone, je me suis promis de déguerpir au plus vite. Et comme le destin vous joue parfois des tours, deux décennies plus tard je suis encore ici ! Cette absence totale de reconnaissance d’une violence inouïe pour une jeune fille de 18 ans a néanmoins déclenché – pour le meilleur – un questionnement existentiel, qui, avec une psychanalyse à la clé, ont façonné mon parcours et ses circonvolutions. Brièvement agent de photographes caractériels, puis pigiste dans une grande maison d’édition sans scrupules, j’atterris pour un bon bout de temps dans l’humanitaire. Deux licenciements violents plus tard dont l’un dans le hall d’un hôtel au fin fond de Varsovie par un directeur militant, mais pas suffisamment pour défendre une employée malmenée, je jette l’éponge. Fini les frais ! Sans plus ni dieu ni maître, je ferai désormais ce qui me plaît ! Ce qui me plaît ? ÉCRIRE !!!

Que fais-tu actuellement ? Comment est né le projet de la maison d’édition et pourquoi ?

Je réussis à – presque – vivre des trois choses qui me procurent aujourd’hui le plus vif plaisir : écrire, l’Italie et la nourriture ! Je suis rédactrice de blogs, de supports de communication et de contenu rédactionnel pour des restaurateurs, des épiceries fines, des cavistes. Cette reconversion, ou plutôt cette libération – dans le mot reconversion se tapit l’indécis qui ne sait quel dieu choisir –, je la dois à trois personnes. D’abord mon vieil ami Carlo De Pascale, qui a eu la bonne idée de me présenter Laura Zavan. Auteur culinaire à succès, Laura que j’ai la chance de compter parmi mes amis, m’a formé à la gastronomie italienne (je l’ai écoutée et regardée faire) et m’a présentée mes premiers clients. Et Alessandra Pierini, véritable locomotive capable de mener de front avec maestria mille et un projets. C’est à son contact que j’ai créé les éditions du Pétrin et eu l’idée d’une collection italienne de Petits Précis en « P ». Véritable puits de science en savoirs gastronomiques transalpins, dotée d’une sensibilité toute littéraire, j’avais trouvé mon premier auteur. Je nous souhaite une longue collaboration !

AlessandraPierini

Photo © 2014 Michelle Goldstein. En photo, Alessandra Pierini.

Pourquoi avoir choisi le nom « Les éditions du Pétrin » ?

Pour le double sens, le pétrin dans lequel on pétrit le pain, et l’autre, en forme de clin d’œil aux éditions du Désastre, pour conjurer le pétrin dans lequel il nous arrive de nous fourrer. Les éditions du Pétrin comme un talisman contre le mauvais œil en somme ! Et puis le pain, c’est la recette première, et le pétrin le creuset, la matrice où elle naît, un objet qui nous renvoie aux origines…

 logo editions du petrin

Tes premières publications seront consacrées au parmigiano, à la polenta et à la pasta. Peux-tu nous en parler ?

Pour commencer, il s’agit d’une série de Petits Précis en « P ». En « P » parce que j’ai autant besoin de poésie que de pain pour paraphraser Simone Weil. Donc, P pour parmigiano pour démarrer et baptiser les éditions du Pétrin, suivront polenta, pasta, pesto, polpette, prosciutto di Parma, pomodori, pistacchi, pane, panettone, pizza… P aussi pour Paris, prétexte, passerelle, jeter un pont, promesse, y mettre sa patte, papille, plaisir, poésie justement, pratique, précieux, produit, pari, parti pris. Sans oublier, le P des éditions du Pétrin !

Sans être exactement des livres de recettes, les Petits Précis s’adressent à tous les amoureux de l’Italie et sa table qui voudraient aller plus loin, creuser le sujet en s’amusant. Au pays de la comédie, il serait de mauvais goût d’être trop sérieux. D’autant que les Italiens ont l’assiette joyeuse! Les Petits Précis ambitionnent de faire visiter l’Italie dans son assiette. Écrits à la première personne du singulier, en format poche de 30 pages guère plus, ils mêlent anecdotes, souvenirs, recettes et illustrations, tout en réservant quelques surprises…

Petit precis de polenta editions du petrin

La sortie du Petit Précis de Polenta, écrit par Alessandra Pierini, est prévu à l’automne 2014. Pour le financer, j’ai choisi de le mettre sur le site de financement participatif (« crowdfunding ») KissKissBankBank.com.

Qu’est-ce que la cuisine italienne évoque pour toi ?

La jubilation ! La cuisine italienne me rend la félicité de mes premières années. Elle est comme un morceau de musique qui fait ressurgir des sensations enfouies. L’Italie de ma naissance était un pays joyeux où mes parents ont été vraiment heureux. C’est tout ça qu’un plat de pâtes fait remonter…

Pesto alla genovese par la Kitchenette de Miss Tâm

Photo © 2013 La Kitchenette de Miss Tâm.

Aimes-tu cuisiner ou préfères-tu manger ?

J’aime par-dessus tout tremper ma plume dans la… marmite ! Y mettre aussi le doigt. Mais, entourée de cordons bleus, j’ai le geste culinaire plutôt timide !

Quel genre de cuisine aimes-tu manger ?

La cuisine italienne bien entendu, par-dessus tout la pasta ! Un plat de spaghetti à la sauce tomate suffit à mon bonheur. Et puis, quand je songe à ses vertus, garanties par une Sophia Loren espiègle évoquant le décolleté qu’elle avait époustouflant, ainsi : « Tout ce que vous voyez là, c’est grâce aux spaghetti », alors je me ressers…

"Et un plat de pasta avait les mêmes vertus sur moi ?" Photo © 2014 Michelle Goldstein

« Et si un plat de spaghetti avait les mêmes vertus sur moi ? »
Photo © 2014 Michelle Goldstein

 Peux-tu nous recommander quelques adresses gourmandes ?

Chez Nardi, dont le nom officiel est la Rosticceria Firentina, rue Archimède en face du bâtiment du Berlaymont au cœur du quartier hideux des institutions de la Commission européenne à Bruxelles (+32 (0)2 734 92 36). Trattoria familiale comme il n’en existe plus même en Italie, on peut ici se régaler de pâtes, d’osso bucco, d’escalope milanaise comme a casa. Le cadre n’a pratiquement pas changé depuis que la famille Nardi originaire de Toscane a ouvert l’endroit il y a près de 40 ans. Mêmes nappes blanches, mêmes palissades en bois couvrant les mûrs jusqu’à mi-hauteur, même sol en travertin. Seul le nombre des plaques en cuivre sur les tables portant le nom des correspondants de presse de grands quotidiens européens a cru au fil des ans. Les habitués finissent par faire partie de la famille et être accueillis par de grandes embrassades. À ne pas manquer si vous passez par Bruxelles !

Selon toi, quelles sont les erreurs ou confusions que les Français font souvent dans la cuisine italienne ?

Mes amis italiens poussent des cris d’orfraie à la vue de crème fraîche dans une carbonara. Pourtant, parfois les « ré-interprétations » partent d’intentions louables. Une amie italienne m’a raconté que lors d’un déplacement professionnel en Corée ses correspondants voulant lui faire plaisir lui ont servi une pizza aux smarties ! Presque aussi indigestes, les pâtes du primo servies avec la viande ou le poisson du secondo. Là, je proteste à l’unisson…

Enfin, pour clore cette interview, quels sont tes futurs projets pour l’année ? Ou un rêve que tu aimerais encore réaliser dans le futur ?

Un rêve plutôt, publier un livre de chroniques de voyage et un livre de poèmes. Cela fait deux rêves en fait ! La poésie peut-elle sauver le monde ? Probablement pas, mais écrire c’est ma façon à moi d’être engagée. Voici un poème dédié aux mères syriennes que je partage avec vous :

L’Olifant

L’enfant dort?

Pourtant,

Du défilé de Roncevaux

Aux rivages du Limpopo

De la Terre du Milieu

Aux ruelles d’Alep

Une douleur sourd, identique

L’Olifant,

Instrument insigne brisé

Affluent charriant la mémoire de tristes débris

Éléphant fantastique guerrier

Parangon d’une chanson qui bouleverse les mères éplorées

Sous l’enfant,

Le papillon rouge et chaud grandit hideux

qui hurle au crime

L’enfant est mort!

Emmanuelle Mourareau – juin 2014

Merci Emmanuelle de m’avoir accordé généreusement de ton temps pour nous parler de toi et de tes projets ! Nous te souhaitons beaucoup de succès et une longue vie aux éditions du Pétrin !

> Pour que le Petit Précis de Polenta puisse voir le jour, les éditions du Pétrin ont besoin de votre soutien et du financement participatif. Il n’y a pas de petites contributions, de 5 euros à… 1 millions d’euros, avec les remerciements de l’équipe des éditions du Pétrin, d’Emmanuelle Mourareau et des auteurs, de petits cadeaux en retour ou simplement pour la beauté du geste. Je vous invite chaleureusement à aller sans plus tarder sur le site de KissKissBankBank ici pour mieux connaître le projet du livre et les objectifs de cette nouvelle petite maison d’édition, pour les soutenir ! Il ne reste plus que… 42 jours pour récolter le montant restant de 2’800 euros grâce à vos dons !

Soutenez le projet grâce au financement participatif sur KissKissBankBank : http://www.kisskissbankbank.com/petit-precis-en-p

Likez la page Facebook du Petit Précis de la Polenta : https://www.facebook.com/pppolenta?fref=ts

Questionnaire de Miss Tâm #5 : Marielle Laheurte et les rêves

Portrait Marielle Laheurte Copyright MinhTam Tran

J’ai rencontré Marielle Laheurte il y a presque huit ans par l’intermédiaire d’une amie proche. Ce fut le coup de foudre amical ! Depuis, le Vietnam a nourri notre amitié et nos rêves jusqu’à l’aboutissement d’un magnifique voyage ensemble au Vietnam l’an passé. Il le fallait pour nous, pour l’amour de la terre de nos ancêtres et pour le projet du livre commun.

Marielle Laheurte Minh Tâm Trân Hanoi 2013

Hanoi, Vietnam. Minh Tâm et Marielle Laheurte. Photo prise par Samuel Larochelle, journaliste et écrivain du Québec, rencontré par hasard devant la Pagode à pilier unique. Belle rencontre.

DALAT 2013 Minh Tam Marielle Laheurte

Dà Lạt, Vietnam. Minh Tâm et Marielle avec les easy riders.

Eh oui, Marielle a beau être blonde aux yeux verts, du sang vietnamien du côté maternel coule bien dans ses veines. Et même, beaucoup ! À tel point qu’elle est partie trois mois à Hanoi en 1991 avec sa grand-mère vietnamienne, découvrir pour la première fois la famille de sa mère, en immersion complète dans une famille qu’elle ne connaît pas, une langue familière au son mais pas encore maîtrisée, et un pays très pauvre avec pas grand chose à ce moment-là. « Quand on a atterri à l’aéroport de Hanoi, il n’y avait quasiment rien, la piste était en terre battue et des buffles broutaient non loin de la piste… », raconte Marielle.

Marielle Laheurte sur Sao Mai copyright photo Thomas Goisque

Marielle Laheurte sur sa jonque Sao Mai.
Copyright photo : Thomas Goisque

Revenue du Vietnam, émue, touchée, transformée, Marielle décide d’étudier sérieusement la langue vietnamienne à l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales) à Paris, en parallèle à ses études d’histoire de l’art, de psychologie et d’interprétation de rêves. Munie de son diplôme de vietnamien, Marielle repart au Vietnam, dans le sud cette fois-ci, pour s’installer à Saigon (Hô-Chi-Minh-ville) pendant six ans, termine son DEA d’histoire de l’art et travaille comme coordinatrice des programmes de coopération audiovisuelle au service culturel du consulat de France à Hô Chi Minh-Ville (radio, télévision).

Là-bas, Marielle rencontre Michaël Pitiot avec lequel elle va vivre l’une de ses plus belles aventures : la construction d’une jonque traditionnelle vietnamienne d’un modèle du XVIIe. siècle qu’elle baptise Sao Mai (étoile du matin) et le voyage en mer qui a duré de 1998 à 2000 depuis Saigon à Saint-Malo, au gré des vents ! Deux magnifiques livres sont parus pour témoigner de cette insolite aventure sur les mers… De Saigon à Saint-Malo – Visions de la jonque Sao Mai, aux éditions Transboréal en 2000 et Pour les yeux d’une jonque aux éditions Glénat en 2002, ainsi qu’un documentaire de 52’ L’odyssée de Sao Mai produit par Gédéon en 2001.

Sao Mai en mer. Capture photo de Thomas Goisque dans le livre "Pour les yeux d'une jonque" de Marielle Laheurte et Michaël Pitiot, éd. Glénat, 2002.

Sao Mai dans l’Océan Atlantique.
Capture photo de Thomas Goisque dans le livre « Pour les yeux d’une jonque » de Marielle Laheurte et Michaël Pitiot, éd. Glénat, 2002.

De retour à Paris, un nouveau chapitre commence pour Marielle avec la naissance de son fils, Antoine. Une autre forme de voyage s’ouvre. Celle de la connaissance intérieure et de l’autre, une exploration passionnante. Marielle étudie et approfondit ses connaissances d’interprétation de rêves, de psychologie, de sophrologie et d’autres méthodes de thérapie pour compléter sa formation. Elle se met à son compte, crée le blog Grandir Zen qui connaît un beau succès et fait un travail de thérapie remarquable hors des sentiers battus (son site mariellelaheurte.com). Des médecins la recommandent désormais auprès de leurs patients.

Voie integrative Marielle Laheurte site

Aujourd’hui, installée comme thérapeute, interprète de rêves et formatrice, Marielle reçoit ses patients, donne des cours d’interprétation de rêve et publie régulièrement des livres. Elle a développé une méthode d’interprétation de rêves IREV dont le livre 50 exercices pour décrypter ses rêves est paru en mars 2013  aux éditions Eyrolles qui lui commandent dans la foulée deux autres livres 50 exercices de visualisation créatrice paru en septembre 2013 et 50 exercices d’EFT (Technique de libération émotionnelle) en février 2014. Dans l’année 2013, elle publie également Interprétez vos rêves chez Hachette dans la collection Pratique. D’autres projets de livres sont prévus et bien sûr notre livre dont le thème sera naturellement en lien avec le Vietnam.

IMG_1110En attendant, Marielle a aimablement accepté de se prêter au jeu du Questionnaire de Miss Tâm et une fois n’est pas coutume, en place de l’interview, Marielle nous explique la symbolique de la nourriture dans nos rêves… Bonne découverte !

QUESTIONNAIRE DE MISS TÂM

1- Si tu étais un aliment ?

Je serai du riz :  il représente pour moi l’Asie et me ramène toujours dans ces paysages de rizière et ce vert tendre que j’adore. Et puis il a mis tant de temps à pousser, tout ce travail fourni avant qu’il n’arrive dans mon bol. C’est mon pain quotidien.

2- Ton meilleur souvenir d’enfance de cuisine ou en lien avec la nourriture ?

Le xôi vò de ma grand-mère vietnamienne : elle manifestait peu d’affection, un vrai dragon, mais elle savait que j’aimais le xôi vò alors elle m’en préparait pour me faire plaisir. C’est par le xôi qu’elle exprimait son affection.

3- Ton coup de foudre gustatif ?

Les boulettes de riz croustillantes que j’ai découvert avec ton grand-père et toi à Saigon. Un régal, mélange de saveurs et de textures, croquantes, et moelleuses à la fois, pleine de contrastes et de paradoxes, qui pour moi caractérisent l’esprit vietnamien.

Riz croustillant Sai Gon Quan 13 photo Marielle Laheurte - copie copie 4- L’anecdote culinaire la plus drôle ou incongrue qui t’est arrivée : en cuisine ou pendant un repas.

C’était avec toi, à Nha Trang, au marché de nuit.  On s’est régalé de calamars frits et d’un poisson grillé extraordinaire. Il faisait sombre, on mangeait allègrement, nos baguettes cliquetaient sans arrêt, quand soudain, en dépiautant un dernier morceau de poisson, j’ai extirpé une sorte de brindille à l’allure étrange. Je n’ai rien dit sur le coup pour ne pas te dégoûter, je l’ai posée discrètement dans un coin de l’assiette, et finalement tu as eu la puce à l’oreille. Tu as regardé ce truc… Un ver, visiblement ! Sans parler, on s’est regardé, arrêt sur image : des yeux terrifiés, comme si on venait de voir « massacre à la tronçonneuse » ou « Vendredi 13 ». À mourir de rire, comme on dit ! Qu’est-ce qu’on a ri !

5- Dans une cuisine, que serais-tu ?

Une paire de baguettes, elles sont d’une simplicité magnifique! Je m’en sers tout le temps, même pour battre des œufs en omelettes, ou pour servir des spaghettis. J’en ai des géantes en bois brut que j’adore.

6- Ton pire cauchemar culinaire, le plat ou dessert détesté, mauvais souvenir de repas ?

Un porc au caramel concocté par la mère d’une amie quand j’avais 7 ans : elle m’avait invitée en me disant : ce sera une surprrrise ! Elle avait l’air tellement fière d’elle ! Et ce fut ignoble : un porc coupé en gros morceaux genre daube avec des carottes. Alors c’est bon ?… Et je n’ai pas osé être franche, et j’ai tout fini, quel calvaire ! Je m’en souviens encore.

7- Ton plat secret ou magique pour séduire ou faire plaisir ?

Un poulet au citron selon ma version mais je ne fais jamais le même, alors difficile de donner une recette.

8- Si tu étais une chef cuisine,  où serais-tu ?

Ce serait évidemment un restaurant vietnamien, je l’appellerai « nhà bêp » et je l’installerai sur une jonque. Sur la seine, je pense que ce serait pas mal. Mais on se déplacerait dans d’autres ports aussi.

9- Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais oser ?

Tous les plats très longs à faire qui dépassent une heure de préparation. Par exemple, la paella, je crois que je n’en ferai jamais. En fait, je ne sais pas suivre les recettes écrites, je m’égare toujours à un moment donné, et j’improvise. Donc pour une longue recette, je risque de m’égarer plus d’une fois… Trop risqué pour mes invités.

10- En cuisine, si tu étais un secret, lequel serais-tu ?

Le filet de citron ou encore le miel : dans une sauce salade ou dans un sauté de légumes par exemple. Cette habitude vient du Vietnam avec ses plats si souvent sucrés.

Merci Marielle d’avoir répondu à mon questionnaire ! Tu nous proposes maintenant une explication sur le symbole de la nourriture dans les rêves et un exemple d’interprétation. Merci beaucoup pour ta participation et pour l’article qui suit. À bientôt.

 Bonne lecture à tous !

Photo salade copyright Marielle Laheurte copieNOURRITURE DANS LES RÊVES

par Marielle Laheurte

Vous qui appréciez la nourriture, les bons petits plats, il est très probable que vous rêvez souvent de nourriture, de restaurants, ou de petits plats que vous concoctez dans votre cuisine. Les rêves utilisent les symboles qui vous touchent de près pour vous donner des indications sur vous et votre vie au moment du rêve.

Même si nous ne pouvons établir de grille d’interprétation symbolique (car il faut tenir compte de l’ensemble du rêve et du contexte de votre vie pour analyser un rêve), voici quelques clés pour vous aider à décrypter les symboles alimentaires.

Posons-nous d’abord la question :

Qu’est-ce que de la nourriture ? Ce sont des éléments que nous intégrons et assimilons afin d’y puiser l’énergie dont nous avons besoin pour vivre. Selon le type de nourriture que vous choisissez d’absorber, les effets sur vous seront positifs ou négatifs. Pour aller plus loin, les aliments des rêves, symboliquement, représentent tout ce que nous assimilons, y compris les connaissances, les activités, les loisirs, les émotions, etc. On se nourrit de colère ou de joie, on se nourrit de lecture ou de jardinage, de films comiques ou de voyages, on se nourrit de relations sociales ou de drames, d’amour ou de peur, etc.

Chocolat copyright Marielle Laheurte copieAinsi, le chocolat peut parler d’un besoin d’affection, de douceurs, de tendresse. Une bonne salade peut indiquer, comme ce fut le cas pour moi, des connaissances, en l’occurrence celles que Jung m’apportait dans ses ouvrages que j’étudiais à ce moment-là. Une autre nuit, je me nourrissais de spaghettis alors que je me demandais si je devais accepter une proposition de travail : j’ai compris que le rêve m’indiquait que je serai nourrie de manière substantielle à divers niveaux, en particulier financièrement. Le pain peut parfois parler aussi de votre emploi, de votre « gagne-pain ». Si dans un rêve, la nourriture manque, c’est que vous ressentez de l’insécurité, ou que vous ne pourvoyez pas suffisamment à vos besoins, vous manquez de quelque chose.

Par le symbole des aliments, le rêve vient donc nous indiquer comment nous nous nourrissons : est-ce que nous avons du discernement dans nos choix ? Est-ce que nous savons partager ? Est-ce que nous sommes avides ou modérés dans nos besoins ? Trop manger dans un rêve peut ainsi montrer votre hyper activité, le sentiment que votre vie est vide et qu’il faut la remplir d’activités, de relations ou autres.

Les boissons, et tout liquide, représentent les états émotionnels. Posez-vous la question : quels effets sur moi ont les boissons dont je rêve ? Que m’apportent-elles ? Pourquoi en ai-je envie ? Le lait, le vin, la tisane n’auront pas le même sens : peut-être que vous avez soif d’affection ou d’attention, ou de joie, de partage convivial, d’une vie plus sociale, ou enfin de détente et de calme.

Légumes Vietnam copyright Marielle LaheurtePour les autres aliments, posez-vous aussi cette même question : qu’est-ce qu’ils m’apportent ? Les fruits et légumes remplis de vitamines, qui sont nés de la terre, de l’eau et du soleil, sont le plus souvent très positifs. Ils nous alimentent en énergie, en dynamisme. La forme du fruit peut aussi avoir son sens : les connotations sexuelles sont fréquentes avec les aliments, mais pas systématiques. Je vous laisse deviner le sens d’une framboise, d’une tomate, d’une figue ou encore d’une banane ou d’un concombre. La viande est aussi quelquefois représentative de « la chair », des besoins sexuels. Elle peut aussi indiquer des besoins instinctuels autres. Tout dépendra de l’origine de la viande : manger du porc, du poulet, du mouton ou du bœuf n’aura pas le même sens. Vous vous demanderez alors comment se comportent ces animaux pour découvrir à quel niveau vous vous nourrissez ;  ce peut être autant positif que négatif, tout dépend de l’ambiance et de votre comportement dans le rêve.

Si vous mangez en rêve des aliments tout prêts, c’est que vous vous nourrissez de ce que font les autres, symboliquement vous manquez d’autonomie, ou bien vous avez tendance à  écouter plutôt les autres, à ne pas prendre le temps de trouver les réponses en vous, à vous occuper de vos besoins essentiels, ou enfin de manquer de conscience et de discernement dans vos choix…

Je pourrai écrire un livre entier sur le sens des aliments dans les rêves ! La vie nous offre un buffet de possibilités infinies, à nous d’y puiser librement et en conscience le meilleur pour nous-même et à en savourer chaque bouchée.

Noix copyright Marielle LaheurteUn exemple d’un rêve interprété

Il a été reçu par une jeune femme qui envisageait de s’installer comme masseuse après une reconversion professionnelle. A l’époque, elle doutait de son projet et de ses compétences.

« Je découvre près de chez moi  un restaurant qui vient d’ouvrir. Il est spécialisé dans les légumes et les salades. J’entre. La décoration est très simple mais soignée et chaleureuse. On se sent comme chez soi. Je m’installe. Je suis seule. Je demande la carte. Le serveur est très agréable et souriant. Je commande une salade avec des fruits secs et des légumes grillés. Peu à peu, des clients arrivent et la salle se remplit. Je me sens bien ici. La salade est très copieuse et excellente

Ce restaurant représente le projet d’installation de cette jeune masseuse : un nouveau lieu, peu de clients encore, mais le cadre est simple et chaleureux. Près de chez elle signifie que son projet est accessible, proche de ses aspirations et de qui elle est. Le restaurant montre aussi que son projet est en lien avec le collectif, la vie sociale.

Le serveur est un aspect de la rêveuse, et montre sa manière d’accueillir et de servir ses clients à venir.

La salade représente les belles énergies de la masseuse,  sa générosité, et son état d’esprit équilibré, léger et sain. C’est cela qu’elle apportera à ses clients puisque le restaurant et le serveur la représente. Elle est soucieuse d’apporter de l’énergie (fruits secs), du bien-être et du dynamisme (vitamine), et d’aider les clients à revenir à leur équilibre et leur santé naturelle (produits frais et vivants). Ses massages nourriront bien ses clients, affirme le rêve.

Elle n’a pas à s’inquiéter côté clientèle : une fois qu’elle aura installé son cadre de travail (le nouveau restaurant), et qu’elle-même aura déterminé ce qu’elle veut offrir à ses clients (tarif, prestations tout comme dans un menu de restaurant), son cabinet se remplira.

C’est exactement ce qui se passa : cette jeune femme décida de suivre les conseils du rêve. Elle chercha d’abord un lieu à louer, l’aménagea avec simplicité mais beaucoup de goût, puis prit le temps de définir concrètement son projet avant de se faire connaître du quartier. Quelques semaines après, elle reçut ses premiers clients et depuis, elle travaille à temps plein.

Marielle Laheurte – www.mariellelaheurte.com

Si vous souhaitez connaître le travail de Marielle Laheurte, venez visiter son site et son blog :

Marielle Laheurte : http://www.mariellelaheurte.com/

Grandir Zen (blog) : http://www.grandirzen.com/

Les livres de Marielle Laheurte sont disponibles en librairie et sur Internet : ici.

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Questionnaire de Miss Tâm #4 : Stéphane Ly-Cuong (spectacle musical Cabaret Jaune Citron)

NOUVEAU – mis à jour le 9 avril 2015 !!! : Du 9 avril au 21 mai 2015 (tous les jeudis à 21h et dimanches à 17h30 sauf relâche le jeudi 10 mai et le dimanche 14 mai) ! Venez nombreux !!!

Aujourd’hui est le lancement officiel de l’année du Vietnam en France !

Soyez aux aguets, il y aura plein d’événements autour du Vietnam (spectacles, concerts, expositions, sorties de livres…) cette année ! À commencer par le spectacle musical Cabaret jaune citron de Stéphane Ly-Cuong qui explore le thème de l’identité et de la double culture à travers l’histoire d’une jeune femme, piquante et impertinente, française d’origine vietnamienne ! C’est ce soir à l’Auguste-Théâtre (Paris 11, métro Philippe-Auguste) et à l’affiche tous les vendredis à 21h et les dimanches à 17h jusqu’au 23 mars inclus !

Cabaret jaune citron, c’est l’histoire d’Yvonne Nguyên,  jeune femme française d’origine vietnamienne, qui gère tant bien que mal sa double culture. Entre le regard des autres qui ne la trouvent pas assez asiatique et celui de sa famille qui la trouve trop française, comment trouver l’équilibre ? Entre humour et impertinence, Yvonne, qui se rêve star de comédie musicale, accumule au quotidien les déboires sentimentaux et familiaux. Un voyage sur la terre de ses origines la réconciliera peut-être avec elle-même … 

Pour le soir de la Saint-Valentin, Yvonne et Nam vous emmènent au « marché de l’amour » où ont lieu des « joutes amoureuses » et où l’on se dit des douces gentillesses…

Tanguy Duran et Clotilde Chevalier Cabaret Jaune Citron – en répétition
Photo © Stéphane Ly Cuong

Avant d’aller voir ce superbe spectacle musical, je vous invite d’abord à faire la connaissance avec l’auteur et le metteur en scène de Cabaret Jaune Citron, Stéphane Ly-Cuong, un vrai gourmand comme tout Vietnamien qui se respecte…

J’ai rencontré Stéphane en novembre dernier, à l’une de ces joyeuses rencontres de blogueurs dont il était l’organisateur cette fois-là (lire l’article de Grace ici). J’y ai fait la connaissance de personnes passionnantes. Un deuxième repas en plus petit comité a suivi. Stéphane nous avait déjà parlé de la reprise de Cabaret jaune citron en février, aiguisant notre curiosité et nous laissant dans l’impatience de découvrir ce petit bijou musical acidulé.

Rencontre de blogueurs #2 Paris, Novembre 2013
Linh, Stéphane, Isabelle, Miss Tâm, Grace, Alex.

La première du spectacle s’est déroulée le 7 février dernier à guichets fermés ! J’y étais et j’y ai croisé ma copine Grace (du blog La Petite Banane) qui a écrit un excellent article (à lire ici). Tout comme le reporter David-Minh Tra qui a également écrit une magnifique critique, moi aussi « j’ai pris une gifle artistique » (lire son élogieux article ici) ! Après ces excellentes publications, difficile d’écrire mieux à propos de la pièce. Je vous laisse le soin de les parcourir, ils traduisent parfaitement mes sentiments vis-à-vis de Cabaret jaune citron. J’ajouterais une mention spéciale pour le talent des artistes (Clotilde Chevalier, Tanguy Duran et Ayano Baba), fabuleux sur scène, et un grand bravo pour les chansons co-écrites et composées par Christine Kandjian !

1er rang de gauche à droite : Marine Julien (assistante mise en scène), Ayano Baba (piano et mère d’Yvonne), Clotilde Chevalier (Yvonne)
2ème rang de gauche à droite : Tanguy Duran (Laurent / Nam), Christine Kandjian (co-auteure, compositrice), Stéphane Ly-Cuong (auteur et mise en scène)
Photo © Paris Broadway Saïgon

Jovial, discret, Stéphane Ly-Cuong devient loquace lorsqu’il s’agit de parler de son travail…ou de cuisine ( ! ). Il a gentiment accepté de se livrer dans un petit portrait culinaire du Questionnaire de Miss Tâm avant de nous parler de ses origines, de son parcours, du Cabaret jaune citron et de son prochain projet.

• Si tu étais un aliment ou un plat / dessert, lequel serais-tu ?

Double culture oblige, je serais le nuoc mam, la version diluée en sauce (c’est à la fois complètement vietnamien et indispensable aux plats) et le caramel au beurre salé.

Ton meilleur souvenir de cuisine ou en lien avec la nourriture dans ton enfance ?

Les barbecues qu’organisaient mes parents dans leur petit jardin de banlieue. Mes parents invitaient amis, famille, voisins et leur cuisinaient généralement du bun cha en brochettes, servi avec du vermicelle. C’était un événement convivial, festif où mes deux parents mettaient la main à la pâte. Je me souviendrai toujours de l’odeur de la viande grillée flottant dans le soir d’été !

Ton coup de foudre gustatif ?

Je n’ai découvert que très récemment (honte à moi…) le rau ram (coriandre vietnamienne ou polygonum). Je ne sais pas si c’est un « coup de foudre » mais j’ai envie d’en mettre partout en ce moment. Il y a quelques mois ma sœur s’est mise à en cultiver. D’habitude je ne suis pas aussi curieux qu’on le pense mais j’ai décidé de goûter à cette herbe et j’ai beaucoup aimé. Alors j’en mets partout, dans le goi (nom générique pour les salades vietnamiennes). Ou par exemple hier, j’en ai mis sur mon petit écrasé de sardine… Maintenant j’ai une petite production de rau ram sur mon rebord de fenêtre…

L’anecdote culinaire la plus drôle qui t’est arrivée ?

Quand je fais la cuisine, je me mets beaucoup de pression. Un jour j’ai invité des amis vietnamiens et j’ai eu envie de faire un plat sympa, de les impressionner avec des banh cuôn, bien qu’en ayant fait une seule fois dans ma vie. Ce fut le ratage total ! La pâte ratée, je n’avais plus de farine de riz pour en refaire, j’ai dû aller en trouver loin de chez moi, puis finalement j’ai acheté de la pâte fraîche (destinée à l’usage d’un autre mets – banh uot) mais je ne l’ai finalement pas utilisée. Bref, le fiasco.

Dans une cuisine, quel objet serais-tu ?

Un chinois*, bien sûr !

*passoire de forme conique à maillage fin

Ton pire cauchemar culinaire ou un aliment que tu détestes ?

Les abats de façon générale.

Ton plat magique pour conquérir la personne de ton coeur ?

Un repas vietnamien qui comprendrait les cinq saveurs traditionnelles de notre gastronomie : sucré, salé, acide, amer et piquant. Un peu comme la vie quoi !

Si tu étais un chef cuisine, où serais-tu ?

Je serai un chef de cuisine vietnamienne en France. Je mettrais en avant l’authenticité de cette cuisine sans forcément adapter au palais occidental, les plats familiaux qu’on ne trouve pas dans les restos, aller vers une authenticité et parfois proposer des choses plus métissées comme les desserts. Parce que les desserts vietnamiens, ce n’est pas ça… J’irais vers la fusion, comme par exemple utiliser le thé vert dans les pâtisseries françaises et du caramel beurre salé dans les desserts vietnamiens.

Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais l’oser ?

Je l’avoue, je n’ai jamais cuisiné quoi que ce soit qui nécessite des blancs en neige, ce qui me limite, notamment pour les pâtisseries. Le jour où j’aurai un beau robot peut-être (message subliminal…).

En cuisine, si tu étais un secret, lequel serais-tu ?

Ma trinité en cuisine : sucre, sauce d’huître et un peu de bouillon en cube. Sinon, je consulte aussi… les recettes de La Kitchenette de Miss Tâm ! (rires)

Quel est ton plat (ou dessert) vietnamien favori ?

Les banh cuôn, sans hésiter !

Merci Stéphane pour ce joli portrait culinaire… Passons maintenant à des choses plus personnelles.

En quelques mots, qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Élevé à la vietnamienne, je suis né en France de parents vietnamiens. J’ai cinq sœurs et deux frères. Et je suis le dernier. Mes parents sont arrivés en France en 1961.

Ayant fait partie des rapatriés d’Indochine, ils étaient déjà de nationalité française. Du côté de ma famille paternelle, mon père l’a toujours eue. Son grand-père maternel était français, mon père était donc déjà français par sa mère. Malgré la mentalité très vietnamienne de mon père, basée sur les principes de Confucius, il retrouvait quelques petits « trucs » de Français, surtout dans la nourriture, comme par exemple il lui fallait impérativement du pain quand on mangeait un repas français. Né en 1930, mon père avait parfois le sentiment anti-français, en tout cas du temps de la colonisation, se rangeait toujours du côté des opprimés et fut très fier de sa « vietnamitude ». Certainement un dilemme pour lui.

Arrivés en France, mes parents fréquentaient l’association de l’Union générale des vietnamiens. Jeune, j’allais donc aux fêtes du Têt, de l’huma, de Têt Trung Thu (fête de la mi-automne) à la salle Maubert de la Maison de la Mutualité à Paris.

• Quel est ton parcours ? 

J’ai toujours voulu faire un métier artistique, qui réunissait à la fois le spectacle, l’écriture, le rêve et la musique. Les films qui me faisaient rêver étaient par exemple Mary Poppins ou Peau d’Âne. Quand j’ai su que j’avais envie de faire un métier dans la création artistique, le cinéma m’est venu rapidement à l’esprit, pour le travail d’équipe, le fait que tous les postes contribuent à un projet commun, cela me plaisait..

Après mon bac, j’ai fait des études de cinéma, puis réalisé des courts-métrages. Ensuite, j’ai bifurqué vers le spectacle et la mise en scène de spectacles vivants. J’ai toujours aimé la comédie musicale sous ses diverses formes, sur scène ou au cinéma, parce qu’elle réunit plusieurs disciplines, transcende la réalité. Ça nous fait rêver ! On retrouve ses yeux d’enfants, on s’émerveille devant une comédie musicale. Après mes courts-métrages, j’avais envie de développer des projets de longs-métrages. Mais ça a pris du temps.

J’étais davantage intégré dans le milieu de théâtre musical parce que parallèlement j’écrivais des articles sur le théâtre musical. J’ai eu cette opportunité et donc j’ai commencé à faire des mises en scène. Récemment, j’ai eu envie retrouver le milieu du cinéma et j’ai passé le concours de l’atelier scénario de la Fémis pour me remettre en selle, pour retrouver une base d’écriture et surtout pour être encadré. J’ai développé un projet de long-métrage dans ce cadre.

Comment cela t’est venu l’idée de créer Cabaret Jaune Citron ? Comment est né ce projet ?

Personnellement, je n’ai jamais ressenti de problème avec ma double culture. Très tôt j’ai compris que c’était un environnement vietnamien à la maison et un environnement français à l’extérieur, je n’ai jamais rejeté mes origines, je n’ai jamais eu de doutes à ce sujet. Je voyais même cela comme une source de richesse.

Après je sais que cela peut être un dilemme pour beaucoup de personnes et je trouve que c’est une problématique très intéressante. J’ai donc voulu aborder ce sujet à travers le personnage d’Yvonne Nguyên, qui est un peu décalée, excentrique, marrante. Et sa problématique est d’autant plus forte qu’elle rêve d’être comédienne, de jouer dans des comédies musicales, mais les directeurs de casting ne la voient que dans des clichés d’asiatique (par exemple, une prostituée chinoise, une serveuse chinoise…), et qu’elle ne trouve pas vraiment sa place. Elle va avoir encore plus envie de rejeter ses origines. En fait elle aimerait être considérée comme une « vraie » personne au-delà de sa différence.  Du coup elle voit ses origines comme un obstacle, un handicap. Et le parcours d’Yvonne dans ce spectacle est de retourner aux sources et de découvrir que toute cette différence, toute cette particularité fait toute sa richesse et sa singularité.  Voilà comment est né le projet.

Ce spectacle a été créé dans le cadre d’un festival de comédie musicale « Toulemondiva » organisé par Cathy Sabroux et Jacky Azencott en 2011 au Vingtième Théâtre (Paris 20), puis repris une première fois en 2012 à l’Auguste-Théâtre. Le Vingtième Théâtre avait un espace un peu grand pour le format actuel. Quand on a décidé de rejouer la pièce, on a trouvé l’Auguste Théâtre. On aimait beaucoup cette configuration intime. Et comme ça se passait bien avec l’équipe du théâtre, alors on a décidé de reprendre le spectacle en 2014.

Clotilde Chevalier dans Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong
Photo © Frédéric Tousche

• Pourquoi as-tu choisi ce titre « Cabaret Jaune Citron » ?

Au début j’avais envie d’avoir le mot cabaret dans le titre parce que c’est une forme assez particulière. Ce n’est pas du théâtre musical pur avec une narration classique.  Il y a un esprit cabaret dans la pièce parce que parfois Yvonne, le personnage principal, s’adresse aussi au public. C’est une forme plus intime, et il y a une alternance de scènes et de chansons qui ne sont pas intégrées dans une progression traditionnelle. Au début le titre de travail était juste « Cabaret jaune » mais je trouvais ça un peu sec et connoté, pouvant même évoquer un titre raciste. Et citron s’est rapidement imposé pour le côté acidulé, frais, ça accroche, et on a une petite saveur !

Clotilde Chevalier dans Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong
Photo © Frédéric Tousche

• Quel est ton passage préféré dans ce spectacle ?

Mon passage préféré c’est quand Yvonne retourne au Vietnam.  À la demande de son père, elle va sur la tombe de ses grands-parents qui n’a pas été visitée depuis plusieurs années. Elle découvre le cimetière avec des tombes éparpillées au milieu des rizières. Elle se rend compte en voyant ce petit village au sud de Saïgon, du chemin que ses parents ont parcouru, à la fois géographique et culturel, elle comprend que ses parents ont fait ça pour qu’ils aient une vie meilleure, pour que leurs enfants aient une vie meilleure et qu’ils puissent réaliser leurs rêves.

Le fait de partir, de quitter le pays qu’ils aimaient.  Tout recommencer à zéro. Le fait de mieux comprendre la problématique de ses parents va aussi lui donner la force d’accomplir ses propres rêves. Le rêve réel de ses parents n’est pas forcément qu’elle devienne médecin ou pharmacienne, mais avant tout qu’elle soit heureuse et réalise son rêve.

La visite des tombes de ses grands-parents a été inspirée de ma propre histoire. Il y a 20 ans, juste après la mort de mon père, je suis allé sur la tombe de mes grands-parents maternels, avec quelques-unes de mes sœurs et avec ma mère. J’étais frappé par l’atmosphère sereine, ce beau ciel bleu qui se reflétait dans l’eau. C’était très émouvant.

Recueillement devant la tombe des ancêtres dans Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong.
Photo © Frédéric Tousche

• Y a-t-il un souvenir lié à la cuisine dans ta pièce ?

Oui plusieurs. Je ne t’apprends rien en disant que la cuisine est très importante dans notre culture. Dans ce spectacle, la cuisine n’est pas un élément majeur mais elle est évoquée à plusieurs reprises. On comprend qu’elle a plusieurs fonctions, à la fois une récompense, une punition, un geste d’amour ou encore un remède pour un chagrin d’amour. Ce ne sont que quelques fonctions parmi d’autres. C’est un langage. De l’émotionnel.

• Pour revenir au thème de mon blog, aimes-tu cuisiner ou préfères-tu manger ? Ou les deux ? Si oui, quel genre de cuisine fais-tu chez toi ? Et quelle cuisine aimes-tu manger en dehors de chez toi ?

J’aime les deux. Chez moi, j’aime bien cuisiner asiatique, plutôt vietnamien, parfois thaï. En dehors de chez moi, j’aime bien manger de tout : vietnamien, chinois, japonais, thaï, italien, afghan (si, si !), indien, etc. et bien évidemment, français.

• Quelles sont tes adresses préférées de cuisine vietnamienne à Paris que tu pourrais recommander à mes visiteurs ?

En cantine vietnamienne, j’aime beaucoup le Dong Huong, 14 rue Louis Bonnet à Paris 11, Etoile Saigon, 25 rue Guy Môquet, Paris 17. Tous ces restaurants sont des cantines, il ne faut donc pas s’attendre à des petites nappes en tissu… Et sinon, chez ma mère, mais malheureusement, ce n’est pas une adresse publique !

• Selon toi, quelles sont les croyances, les erreurs ou les confusions que les Français font souvent dans la cuisine vietnamienne ?

Pendant longtemps, on a mis toute la cuisine asiatique dans le même sac (ah, ces restaurants chinois-vietnamiens-japonais-thaï-lao…) mais je crois que c’est heureusement en train de changer. J’ajouterais juste que c’est une gastronomie extrêmement variée et qu’il ne faut pas s’arrêter aux nems, surtout les nems de restaurant !

• Enfin, pour clore cette interview, quels sont tes futurs projets pour l’année du cheval ? Ou un rêve à réaliser ?

Mon rêve serait de trouver un producteur pour mon premier film Dans la cuisine des Nguyên. En fait, je pars un peu des mêmes personnages que dans le Cabaret jaune citron. On retrouve Yvonne Nguyên qui, après l’incendie de son appartement, est contrainte de retourner vivre chez sa mère en banlieue parisienne.  Avec la différence à la fois culturelle et générationnelle, la cohabitation est assez tendue avec la mère. Celle-ci regrette que sa fille ne soit pas médecin. Elle aimerait qu’elle épouse un Vietnamien et qu’elle respecte les traditions.

Mais Yvonne est une comédienne, qui à 35 ans stagne dans sa carrière, galère avec les petits boulots, est toujours célibataire mais n’a pas forcément envie de tomber amoureuse de celui que sa mère lui présente. Yvonne passe plus de temps à justifier aux autres qu’elle est française pour s’attacher aux traditions qu’elle trouve peut-être trop ancestrales et trop éloignées de ce qu’elle est.

En fait c’est dans la cuisine que le dialogue va se nouer et que les tensions vont s’apaiser à travers l’élaboration de recettes familiales. Certains souvenirs, certaines confidences, vont faire surface. Pas forcément des drames, mais des souvenirs qui vont permettre à Yvonne de mieux comprendre sa mère et de resserrer les liens. Sa mère va se servir de légendes qui accompagnent certains plats ou de certaines anecdotes personnelles pour faire passer des messages qui ne passeraient pas dans une conversation normale. Ça sera finalement des messages forts pour Yvonne, qui l’aideront à s’accomplir. Ici, la nourriture est très présente. La cuisine est un personnage dans toutes ses formes.

Je sais que ça va être un long chemin, que c’est un premier film de quelqu’un de pas connu, dans un registre précis. Mais en même temps c’est une comédie, donc on accède au sujet de façon plus facile et plus ludique et je pense que la cuisine vietnamienne attire beaucoup.

À la question, est-ce un retour aux sources ? Je te dirais que la culture vietnamienne est bien ancrée en moi, ça fait partie de mon éducation, sans être obsessionnel. Comme pour beaucoup d’entre nous, avec des origines étrangères, on a besoin de poser ses jalons dans un premier temps, de se réaliser. Puis vient l’envie de comprendre parce qu’on grandit. On n’a plus besoin de prouver quoi que ce soit et on s’ouvre vers cette richesse en soi, pour puiser cette différence culturelle qui a aussi fondé notre identité.

Merci Stéphane pour ce délicieux moment passé ensemble et d’avoir accepté de partager avec nous un peu de ta vie, de ton parcours et de ton travail.

Cabaret Jaune Citron, mars 2014, L’Auguste-Théâtre, Paris.
Ayano Baba (piano, la mère), Clotilde Chevalier (Yvonne Nguyên), Tanguy Duran (Laurent / Nam)
Photo : © Frédéric Tousche

Je vous invite chaleureusement à aller voir le superbe spectacle musical Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong, avec les talentueux artistes Clotilde Chevalier dans le rôle d’Yvonne, Tanguy Duran dans le rôle de Laurent / Nam et Ayano Baba dans le rôle de la mère* d’Yvonne / pianiste. On rit, on pleure, et on a envie de retourner voir le spectacle !!! Réservez vite, certaines dates sont déjà bien remplies (le 7 mars est déjà « sold out ») !!!

*Pour la 4ème saison en 2015, le rôle de la mère et la pianiste est interprété par la pianiste Trami Nguyên.

> Découvrez quelques extraits des chansons du spectacle en écoutant l’interview de Stéphane Ly-Cuong sur France info :

Interview de Stéphane Ly-Cuong dans « Les Cinglés du Musical » du 8 février sur France Info, présenté par Laurent Valière, à propos du Cabaret jaune citron

> Soutenez Cabaret jaune citron, il ne reste plus que 4 jours pour atteindre les objectifs financiers !!!

Cliquez ici : Kisskissbankbank / Cabaret jaune citron

> Toutes les informations sur le spectacle Cabaret jaune citron :

Paris Broadway Saigon 

Facebook / Cabaret jaune citron

> Où et quand se joue le spectacle ?

>> REPRISE du spectacle (4ème saison) en 2015 : Du jeudi 9 avril au jeudi 21 mai 2015 inclus. Tous les jeudis à 21h et les dimanches à 7h30.

*Pour la 4ème saison en 2015, le rôle de la mère est interprété par la pianiste Trami Nguyên.

2014 (3ème saison) : Tous les vendredis à 21 heures et les dimanches à 17 heures jusqu’au 20 avril 2014 inclus.

Auguste Théâtre, 6 impasse Lamier, 75011 Paris. Métro Philippe-Auguste (ligne 2).

> Réservations de billets :

Auguste Théâtre Billetterie

BilletRéduc.com / Cabaret jaune citron

> Excellents articles sur le spectacle via des blogs à découvrir :

« Je me suis pris une gifle artistique » de David-Minh Tra

« Ma vie de banane dans un cabaret » de Grace du blog La petite banane

« Cheminement identitaire solaire et tendre du Cabaret jaune citron » du blog Hier au théâtre

Questionnaire de Miss Tâm #3 : Entretien avec Vuong Duy Binh (Loin des yeux de ma mère, Editions First)

Point de recette à livrer, mais un livre à dévorer et un portrait à découvrir…

J’ai rencontré Vuong Duy Binh en 2007 grâce à une très bonne amie commune. Les premières choses qui m’ont plu chez lui étaient sa délicatesse et sa joie de vivre. Son radieux sourire balaie les tracas d’une sombre journée. Et on ne peut rester insensible au charme discret et à l’élégance parfaite de cet homme. Par une pure coïncidence, cette année-là fut également la concrétisation d’un rêve et le commencement de l’écriture de son récit autobiographique.

Le 16 janvier dernier, « Loin des yeux de ma mère » voit enfin le jour chez les Éditions First. Vuong Duy Binh nous livre un témoignage poignant sur son histoire et celle de sa famille dans l’atmosphère de guerre et de tensions politiques au Vietnam à la fin des années 60, sa fuite en bateau en 1979, son arrivée en France comme boat-people jusqu’au moment où il a enfin pu faire venir sa famille en France au printemps 90. Qui soupçonnerait derrière cette douceur qui nous frappe en premier chez Binh, une force titanesque et une volonté de fer ? Lisez son livre, c’est une belle leçon d’amour, de vie et d’espoir.

Binh ou Brice dans l’état-civil français, est la discrétion personnifiée. Peu bavard sur son passé, il a pourtant aimablement accepté de se prêter au jeu du questionnaire de Miss Tâm pour un portrait culinaire ludique et d’approfondir l’entretien avec des sujets plus personnels. Alors quand deux gourmands se retrouvent, c’est forcément autour d’une (bonne) table. Un lieu à son image, discret, raffiné et de qualité : Le Réminet au 3 rue des grands degrés 75005 Paris. Le caveau nous prive certes de lumière pour faire de bonnes photos, mais l’ambiance feutrée et intime est tout à fait propice aux confidences et à la dégustation d’une cuisine de très grande qualité. Je vous recommande vivement cette excellente adresse.

Et voici le petit portrait culinaire de Vuong Duy Binh suivi de l’entretien plus personnel. Bonne découverte !

  • Si tu étais un aliment ou un plat / dessert, lequel serais-tu ?

La truffe. D’abord ça pousse sous terre. C’est discret. Je suis quelqu’un de très discret. Son apparence n’est pas très belle, mais à l’intérieur c’est un vrai diamant.

  • Ton meilleur souvenir de cuisine ou en lien avec la nourriture dans ton enfance ?

Le chè Táo Xọn (soupe sucrée à base de fécule de tapioca avec des haricots mungo décortiqués, des lamelles de coco) du marché de la paix (chợ Hoà Bình) à Saigon.  Enfant, j’allais dans la petite échoppe de mon grand-père maternel qui vendait des bâtons d’encens, des papiers pour les prières, etc. Il me gardait souvent pendant que ma mère travaillait. Il me disait tout le temps d’aller choisir un dessert au marché. Pour un enfant, les rayons de desserts sont toujours fascinants.

  • Ton coup de foudre gustatif

La truffe ! Je l’ai découverte la première fois à Hong-Kong lors d’un déplacement professionnel. J’étais allé au restaurant Le Spoon d’Alain Ducasse. C’était un plat tout simple… Des coquillettes avec du jambon… et de la truffe ! C’était fabuleux ! Une vraie révélation gustative.

  • L’anecdote culinaire la plus drôle qui t’est arrivée  (en cuisine ou pendant un repas)?

La bosse du chameau. En 1997, j’étais en voyage à Pékin. La Cité Interdite organisait sans doute pour les touristes, un repas impérial, un vrai festin chinois. Nous étions quatre amis. Les plats défilaient, délicieux. Puis arrivait le tour des bosses de chameaux en tranches ! Nous commencions à en mettre dans la bouche, une odeur très puissante nous incommodait déjà et sa texture assez coriace nous avait littéralement achevés. Nous nous étions tous mis à recracher le morceau, en même temps et spontanément, je te laisse imaginer la tête du restaurateur. (éclats de rire)

  • Dans une cuisine, quel objet serais-tu ?

Un tire-bouchon. Parce que c’est lié au vin, c’est élégant, discret, convivial et festif.

  • Ton pire cauchemar culinaire ou un aliment que tu détestes ?

La bosse de chameau.

  • Si tu étais un chef cuisine, où serais-tu ?

Je serai chef dans un restaurant avec terrasse sur la Côte d’Azur, avec vue sur la mer. Je trouve qu’il y a une luminosité très belle, très particulière, dans cette région. J’adore aller là-bas, cela m’apaise.

  • Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais l’oser ?

La galette des rois. Ça m’a l’air difficile et compliqué de faire la pâte feuilletée et la frangipane mais j’adore la galette aussi pour son côté très convivial :  la surprise avec la fève, on fait participer les enfants, c’est festif.

  •  En cuisine, si tu étais un secret, lequel serais-tu ?

Ma sauce magique mais je ne peux en révéler le secret…

  • Quel est ton plat (ou dessert) vietnamien favori ?

Bún thịt nướng (vermicelles de riz au porc grillé) ou nem nướng (boulettes de porc grillé) du marché de Bến Thành à Saïgon. Les vermicelles de riz sont fraîches et ont un goût fabuleux. Il y a cette bonne viande grillée, les herbes fraîches et la ciboulette huilée (ou huile de ciboulette / mỡ hành) qu’on arrose sur la viande… C’est tellement bon !

Entretien avec Vuong Duy Binh à propos de son parcours, de ses goûts culinaires et de son livre :

  • En quelques mots, qui es-tu ? D’où viens-tu ?

J’ai beaucoup de chance. Je suis quelqu’un de multi-culturel. Tu vois, je suis né dans la cuisine chinoise, j’ai grandi avec la cuisine vietnamienne et je vis dans la gastronomie française.

  • Quel est ton parcours ?

Pour résumer, à 11 ans, j’ai dû fuir le Vietnam. Après un passage de six mois dans les camps de Malaisie, je suis arrivé en France la même année. J’ai dû apprendre le français, puis j’ai fait un cursus classique. J’ai passé le baccalauréat D en 86, fait des études de pharmacie à la fac de Chatenay-Malabry et passé une thèse en pharmacie. J’ai terminé mon cursus pharmacie avec un DESS de marketing spécialisé. Aujourd’hui, je suis directeur du marketing dans un grand groupe pharmaceutique.

  • Te souviens-tu de ton arrivée en France ?

Oui parfaitement… Tous les foyers d’accueil étaient complets. Nous étions donc hébergés provisoirement dans un foyer de jeunes travailleurs à Poissy. Il y avait une cantine. Je vois encore les premiers pains ronds, les « doses » en plastique de beurre et surtout de confiture qu’on trouve souvent dans les cafétérias. Cela m’a marqué parce qu’étant enfant, j’aimais beaucoup le sucré. Et cette confiture, ce petit beurre et ces petits pains ronds étaient pour moi très curieux, étranges. Et je m’en délectais.

Ensuite, J’ai été transféré au centre d’accueil de Herblay (dans les Yvelines). Puis on m’a emmené au foyer Chérioux à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) un jeudi du 12 novembre. Ma première boum avec des enfants du foyer A le mercredi m’a bien marqué. J’étais totalement fasciné par cette boum et par tous ces enfants qui s’amusaient et qui dansaient. Depuis, je rattache cette période à la chanson de Sardou, « La maladie d’amour » ou encore « Rockcollection » de Laurent Voulzy etc… C’est amusant.

Tu sais, au début je communiquais comme je pouvais, en (mauvais) anglais avec les éducatrices, dont je me souviens encore les noms Dominique, Anne et Annick. On nous mettait dans les classes d’apprentissage de français. La première phrase apprise de la langue française était « Monique va sous le lit »… (éclats de rire) C’est vraiment trop drôle ! On portait une blouse pour aller à l’école. Et je me souviens encore des polycopiés à l’encre violette qui sentait bon l’alcool.

Pourquoi as-tu choisi pharmacie ?

C’était un hasard, mais un hasard qui a bien fait les choses. L’année du baccalauréat (j’étais alors en terminale D), les profs m’avaient beaucoup découragé parce que je n’avais pas de très bonnes notes. Il faut savoir qu’au foyer, les jeunes allaient dans des voies professionnelles avec des études CAP ou BEP et rares étaient ceux qui faisaient des études poussées.

Après l’obtention du bac le 1er juillet 1986, j’étais allé à la fac de Jussieu avec Mireille, l’éducatrice pour les inscriptions en DEUG B. À cette époque, on devait passer un entretien pour l’inscription. Un rendez-vous était seulement possible le 7 ou 8 juillet. Or cela ne m’arrangeait pas car je devais travailler comme animateur dans une colonie le 4 juillet. Comme j’avais une chambre universitaire à Chatenay-Malabry et qu’il y avait une faculté à côté, j’avais alors choisi pharmacie par commodité. Ce fut une sacrée chance parce qu’à partir de la 2ème année de pharmacie, on pouvait même commencer à travailler et à gagner un peu d’argent. Je pouvais ainsi envoyer de l’argent à ma famille. C’était parfait.

  • Comment l’idée d’écrire un roman t’est venue ?

Dans la vie quotidienne, je raconte rarement ma vie. Ou alors quand on me pose des questions, je dis simplement que j’étais parti seul parce que mes parents avaient raté le bateau, ou que la police était arrivée. Car pour raconter vraiment, il faut du temps. Et les gens demandent souvent par politesse ou pour la forme. C’est inutile d’étaler ma vie. Au foyer et même à la fac, je fréquentais pas mal de Vietnamiens. Chacun avait une histoire intéressante, extraordinaire. Mais pour nous, cela n’avait rien de spécial, c’était même assez « ordinaire ».

En 1996, J’ai eu la chance via un ami d’être invité chez Marc Lavoine et sa femme Sarah pour un dîner. Ce soir-là, Sarah m’avait posé des questions sur mon passé. Sa curiosité et son écoute particulière me donnaient envie de raconter enfin mon histoire.

Ça a pris dix ans pour que le projet d’écrire commence à se concrétiser. En effet, j’ai attendu d’être prêt pour raconter et partager mon histoire, d’abord pour ma famille, pour qu’elle comprenne ce que j’ai vécu loin d’elle.

  • Pourquoi as-tu choisi ce titre « Loin des yeux de ma mère »  pour ton roman?

J’ai choisi ce titre parce que je me rappelais de ses yeux posés sur moi quand j’étais enfant, un regard protecteur.

  • Quel est ton passage préféré dans le livre ?

Le chapitre de l’improbable rencontre.

Un jour, on devait aller voir mon père dans la zone occupée. J’avais cinq ans. On s’était rendu chez une dame qu’on appelait Bac Hai. Elle avait deux garçons.  En attendant l’arrivée de mon père, j’allais jouer avec les enfants et on partait se baigner à la rivière en mobylette conduite par le grand fils de Bac Hai. J’avais à l’époque un chapeau de toile orange et un grain de beauté très visible à l’œil droit. Sur la route, tout à coup mon chapeau s’était envolé. Dans le sens inverse arrivait une grosse moto 125 cm3 avec un monsieur frimeur portant des lunettes de soleil avec une barre transversale dorée, en tenue de militaire. Il s’était arrêté pour ramasser le chapeau. Le monsieur me fixait un moment (sans doute m’avait-il reconnu grâce à mon air de famille et mon grain de beauté) à travers ses lunettes de soleil avant de me remettre le chapeau sans rien dire. J’étais impressionné et je balbutiais un timide merci. On s’était regardé et on était parti chacun dans une direction opposée. Après la baignade à la rivière, au retour chez Bac Hai, j’ai aperçu le même monsieur. Un vrai choc. C’était en fait mon père que je n’avais pas reconnu sur le moment. La dernière fois que je l’avais vu, c’était à l’âge de trois ans et je n’avais aucun souvenir. On peut dire que c’était la première fois que j’avais conscience de voir mon père.

  • Y a-t-il un souvenir lié à la cuisine dans ton roman ?

Oui les délicieux chè du marché de Hoa Binh à Saigon. (dessert vietnamien sous forme de soupes ou porridges sucrés avec divers ingrédients et à la mode du sud, toujours nappés de sauce au lait de coco).

  • Pour revenir au thème de mon blog, aimes-tu cuisiner ou préfères-tu manger ?

J’aime manger mais je ne sais pas bien cuisiner. À la fac, j’étais le spécialiste de l’omelette aux pennés. C’était bon, nourrissant et pas cher. Maintenant chez moi, je mange des grillades ou du jambon avec de la salade. Et lorsque je suis dehors, j’aime bien manger italien car j’adore la cuisine italienne.  J’aime aussi les bistrots modernes de type bistronomie et j’adore manger vietnamien, japonais, toutes les cuisines d’Asie.

  • Quelles sont tes adresses préférées de restaurants à Paris que tu pourrais recommander à mes visiteurs ? 

Il y a un tout petit restaurant italien près de chez moi, Le Giallo Oro, dans le 16ème. Il y a aussi le Café constant dans le 7ème, le Cô Tu dans le 15ème pour la cuisine vietnamienne ou L’impérial choisy, dans le 13ème pour la cuisine chinoise.

  • Selon toi, quelles sont les croyances, les erreurs ou les confusions que les Français font souvent dans la cuisine vietnamienne ?

Certaines personnes disent qu’ils vont manger chinois pour aller manger les nems (un mets typiquement vietnamien)…

  • Enfin,  pour clore cette interview, quels sont tes projets ou tes souhaits pour l’année du cheval ?

Je souhaiterais que le livre soit un succès pour mon éditeur (Éditions First) qui m’a fait confiance et bien sûr, maintenant qu’il est sorti, je serai très fier et très touché que mon histoire rencontre un large public.

Merci beaucoup à Vuong Duy Binh d’avoir si gentiment accepté de participer à l’entretien et  pour le délicieux moment passé ensemble au Réminet.

J’ai eu beaucoup de plaisir à vous faire découvrir Vuong Duy Binh. J’espère surtout que cet entretien vous donnera envie de lire son émouvant témoignage dans « Loin des yeux de ma mère » aux Éditions First, avec une magnifique préface de Marc Lavoine, ci-dessous.

« Loin des yeux de ma mère.
Dans cette phrase il y a toute une vie, une vie à sauver, à construire, à inventer sans le regard de celle qui vous a donné la vie. Cette vie si grande, si belle et si dure, si cruelle qu’il faut malgré tout vivre sans haine et sans mensonge, avec la force de l’espoir et le travail de chaque souffle. Brice (ndlr : prénom français de Vuong Duy Binh) a vécu ce qu’il raconte, il est la preuve vivante que si l’on veut savoir, apprendre,
comprendre, pardonner sans oublier, aimer plus fort que la
violence, la haine et le destin malheureux, aimer jusqu’à se
rencontrer, en connaissant les autres, c’est possible.

Cette épopée incroyable, cette aventure est vraie, et
cela remue les choses essentielles logées au fond de nous,
les larmes du coeur et de l’âme. Un enfant, un bateau, un
exil, une lumière, une flamme qui ne s’éteint pas, la vie
pas comme les autres d’un auteur qui vient de naître. »

Marc Lavoine

Où acheter le livre « Loin des yeux de ma mère », 2014, Éditions First ?

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