Questionnaire de Miss Tâm #4 : Stéphane Ly-Cuong (spectacle musical Cabaret Jaune Citron)

NOUVEAU – mis à jour le 9 avril 2015 !!! : Du 9 avril au 21 mai 2015 (tous les jeudis à 21h et dimanches à 17h30 sauf relâche le jeudi 10 mai et le dimanche 14 mai) ! Venez nombreux !!!

Aujourd’hui est le lancement officiel de l’année du Vietnam en France !

Soyez aux aguets, il y aura plein d’événements autour du Vietnam (spectacles, concerts, expositions, sorties de livres…) cette année ! À commencer par le spectacle musical Cabaret jaune citron de Stéphane Ly-Cuong qui explore le thème de l’identité et de la double culture à travers l’histoire d’une jeune femme, piquante et impertinente, française d’origine vietnamienne ! C’est ce soir à l’Auguste-Théâtre (Paris 11, métro Philippe-Auguste) et à l’affiche tous les vendredis à 21h et les dimanches à 17h jusqu’au 23 mars inclus !

Cabaret jaune citron, c’est l’histoire d’Yvonne Nguyên,  jeune femme française d’origine vietnamienne, qui gère tant bien que mal sa double culture. Entre le regard des autres qui ne la trouvent pas assez asiatique et celui de sa famille qui la trouve trop française, comment trouver l’équilibre ? Entre humour et impertinence, Yvonne, qui se rêve star de comédie musicale, accumule au quotidien les déboires sentimentaux et familiaux. Un voyage sur la terre de ses origines la réconciliera peut-être avec elle-même … 

Pour le soir de la Saint-Valentin, Yvonne et Nam vous emmènent au « marché de l’amour » où ont lieu des « joutes amoureuses » et où l’on se dit des douces gentillesses…

Tanguy Duran et Clotilde Chevalier Cabaret Jaune Citron – en répétition
Photo © Stéphane Ly Cuong

Avant d’aller voir ce superbe spectacle musical, je vous invite d’abord à faire la connaissance avec l’auteur et le metteur en scène de Cabaret Jaune Citron, Stéphane Ly-Cuong, un vrai gourmand comme tout Vietnamien qui se respecte…

J’ai rencontré Stéphane en novembre dernier, à l’une de ces joyeuses rencontres de blogueurs dont il était l’organisateur cette fois-là (lire l’article de Grace ici). J’y ai fait la connaissance de personnes passionnantes. Un deuxième repas en plus petit comité a suivi. Stéphane nous avait déjà parlé de la reprise de Cabaret jaune citron en février, aiguisant notre curiosité et nous laissant dans l’impatience de découvrir ce petit bijou musical acidulé.

Rencontre de blogueurs #2 Paris, Novembre 2013
Linh, Stéphane, Isabelle, Miss Tâm, Grace, Alex.

La première du spectacle s’est déroulée le 7 février dernier à guichets fermés ! J’y étais et j’y ai croisé ma copine Grace (du blog La Petite Banane) qui a écrit un excellent article (à lire ici). Tout comme le reporter David-Minh Tra qui a également écrit une magnifique critique, moi aussi « j’ai pris une gifle artistique » (lire son élogieux article ici) ! Après ces excellentes publications, difficile d’écrire mieux à propos de la pièce. Je vous laisse le soin de les parcourir, ils traduisent parfaitement mes sentiments vis-à-vis de Cabaret jaune citron. J’ajouterais une mention spéciale pour le talent des artistes (Clotilde Chevalier, Tanguy Duran et Ayano Baba), fabuleux sur scène, et un grand bravo pour les chansons co-écrites et composées par Christine Kandjian !

1er rang de gauche à droite : Marine Julien (assistante mise en scène), Ayano Baba (piano et mère d’Yvonne), Clotilde Chevalier (Yvonne)
2ème rang de gauche à droite : Tanguy Duran (Laurent / Nam), Christine Kandjian (co-auteure, compositrice), Stéphane Ly-Cuong (auteur et mise en scène)
Photo © Paris Broadway Saïgon

Jovial, discret, Stéphane Ly-Cuong devient loquace lorsqu’il s’agit de parler de son travail…ou de cuisine ( ! ). Il a gentiment accepté de se livrer dans un petit portrait culinaire du Questionnaire de Miss Tâm avant de nous parler de ses origines, de son parcours, du Cabaret jaune citron et de son prochain projet.

• Si tu étais un aliment ou un plat / dessert, lequel serais-tu ?

Double culture oblige, je serais le nuoc mam, la version diluée en sauce (c’est à la fois complètement vietnamien et indispensable aux plats) et le caramel au beurre salé.

Ton meilleur souvenir de cuisine ou en lien avec la nourriture dans ton enfance ?

Les barbecues qu’organisaient mes parents dans leur petit jardin de banlieue. Mes parents invitaient amis, famille, voisins et leur cuisinaient généralement du bun cha en brochettes, servi avec du vermicelle. C’était un événement convivial, festif où mes deux parents mettaient la main à la pâte. Je me souviendrai toujours de l’odeur de la viande grillée flottant dans le soir d’été !

Ton coup de foudre gustatif ?

Je n’ai découvert que très récemment (honte à moi…) le rau ram (coriandre vietnamienne ou polygonum). Je ne sais pas si c’est un « coup de foudre » mais j’ai envie d’en mettre partout en ce moment. Il y a quelques mois ma sœur s’est mise à en cultiver. D’habitude je ne suis pas aussi curieux qu’on le pense mais j’ai décidé de goûter à cette herbe et j’ai beaucoup aimé. Alors j’en mets partout, dans le goi (nom générique pour les salades vietnamiennes). Ou par exemple hier, j’en ai mis sur mon petit écrasé de sardine… Maintenant j’ai une petite production de rau ram sur mon rebord de fenêtre…

L’anecdote culinaire la plus drôle qui t’est arrivée ?

Quand je fais la cuisine, je me mets beaucoup de pression. Un jour j’ai invité des amis vietnamiens et j’ai eu envie de faire un plat sympa, de les impressionner avec des banh cuôn, bien qu’en ayant fait une seule fois dans ma vie. Ce fut le ratage total ! La pâte ratée, je n’avais plus de farine de riz pour en refaire, j’ai dû aller en trouver loin de chez moi, puis finalement j’ai acheté de la pâte fraîche (destinée à l’usage d’un autre mets – banh uot) mais je ne l’ai finalement pas utilisée. Bref, le fiasco.

Dans une cuisine, quel objet serais-tu ?

Un chinois*, bien sûr !

*passoire de forme conique à maillage fin

Ton pire cauchemar culinaire ou un aliment que tu détestes ?

Les abats de façon générale.

Ton plat magique pour conquérir la personne de ton coeur ?

Un repas vietnamien qui comprendrait les cinq saveurs traditionnelles de notre gastronomie : sucré, salé, acide, amer et piquant. Un peu comme la vie quoi !

Si tu étais un chef cuisine, où serais-tu ?

Je serai un chef de cuisine vietnamienne en France. Je mettrais en avant l’authenticité de cette cuisine sans forcément adapter au palais occidental, les plats familiaux qu’on ne trouve pas dans les restos, aller vers une authenticité et parfois proposer des choses plus métissées comme les desserts. Parce que les desserts vietnamiens, ce n’est pas ça… J’irais vers la fusion, comme par exemple utiliser le thé vert dans les pâtisseries françaises et du caramel beurre salé dans les desserts vietnamiens.

Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais l’oser ?

Je l’avoue, je n’ai jamais cuisiné quoi que ce soit qui nécessite des blancs en neige, ce qui me limite, notamment pour les pâtisseries. Le jour où j’aurai un beau robot peut-être (message subliminal…).

En cuisine, si tu étais un secret, lequel serais-tu ?

Ma trinité en cuisine : sucre, sauce d’huître et un peu de bouillon en cube. Sinon, je consulte aussi… les recettes de La Kitchenette de Miss Tâm ! (rires)

Quel est ton plat (ou dessert) vietnamien favori ?

Les banh cuôn, sans hésiter !

Merci Stéphane pour ce joli portrait culinaire… Passons maintenant à des choses plus personnelles.

En quelques mots, qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Élevé à la vietnamienne, je suis né en France de parents vietnamiens. J’ai cinq sœurs et deux frères. Et je suis le dernier. Mes parents sont arrivés en France en 1961.

Ayant fait partie des rapatriés d’Indochine, ils étaient déjà de nationalité française. Du côté de ma famille paternelle, mon père l’a toujours eue. Son grand-père maternel était français, mon père était donc déjà français par sa mère. Malgré la mentalité très vietnamienne de mon père, basée sur les principes de Confucius, il retrouvait quelques petits « trucs » de Français, surtout dans la nourriture, comme par exemple il lui fallait impérativement du pain quand on mangeait un repas français. Né en 1930, mon père avait parfois le sentiment anti-français, en tout cas du temps de la colonisation, se rangeait toujours du côté des opprimés et fut très fier de sa « vietnamitude ». Certainement un dilemme pour lui.

Arrivés en France, mes parents fréquentaient l’association de l’Union générale des vietnamiens. Jeune, j’allais donc aux fêtes du Têt, de l’huma, de Têt Trung Thu (fête de la mi-automne) à la salle Maubert de la Maison de la Mutualité à Paris.

• Quel est ton parcours ? 

J’ai toujours voulu faire un métier artistique, qui réunissait à la fois le spectacle, l’écriture, le rêve et la musique. Les films qui me faisaient rêver étaient par exemple Mary Poppins ou Peau d’Âne. Quand j’ai su que j’avais envie de faire un métier dans la création artistique, le cinéma m’est venu rapidement à l’esprit, pour le travail d’équipe, le fait que tous les postes contribuent à un projet commun, cela me plaisait..

Après mon bac, j’ai fait des études de cinéma, puis réalisé des courts-métrages. Ensuite, j’ai bifurqué vers le spectacle et la mise en scène de spectacles vivants. J’ai toujours aimé la comédie musicale sous ses diverses formes, sur scène ou au cinéma, parce qu’elle réunit plusieurs disciplines, transcende la réalité. Ça nous fait rêver ! On retrouve ses yeux d’enfants, on s’émerveille devant une comédie musicale. Après mes courts-métrages, j’avais envie de développer des projets de longs-métrages. Mais ça a pris du temps.

J’étais davantage intégré dans le milieu de théâtre musical parce que parallèlement j’écrivais des articles sur le théâtre musical. J’ai eu cette opportunité et donc j’ai commencé à faire des mises en scène. Récemment, j’ai eu envie retrouver le milieu du cinéma et j’ai passé le concours de l’atelier scénario de la Fémis pour me remettre en selle, pour retrouver une base d’écriture et surtout pour être encadré. J’ai développé un projet de long-métrage dans ce cadre.

Comment cela t’est venu l’idée de créer Cabaret Jaune Citron ? Comment est né ce projet ?

Personnellement, je n’ai jamais ressenti de problème avec ma double culture. Très tôt j’ai compris que c’était un environnement vietnamien à la maison et un environnement français à l’extérieur, je n’ai jamais rejeté mes origines, je n’ai jamais eu de doutes à ce sujet. Je voyais même cela comme une source de richesse.

Après je sais que cela peut être un dilemme pour beaucoup de personnes et je trouve que c’est une problématique très intéressante. J’ai donc voulu aborder ce sujet à travers le personnage d’Yvonne Nguyên, qui est un peu décalée, excentrique, marrante. Et sa problématique est d’autant plus forte qu’elle rêve d’être comédienne, de jouer dans des comédies musicales, mais les directeurs de casting ne la voient que dans des clichés d’asiatique (par exemple, une prostituée chinoise, une serveuse chinoise…), et qu’elle ne trouve pas vraiment sa place. Elle va avoir encore plus envie de rejeter ses origines. En fait elle aimerait être considérée comme une « vraie » personne au-delà de sa différence.  Du coup elle voit ses origines comme un obstacle, un handicap. Et le parcours d’Yvonne dans ce spectacle est de retourner aux sources et de découvrir que toute cette différence, toute cette particularité fait toute sa richesse et sa singularité.  Voilà comment est né le projet.

Ce spectacle a été créé dans le cadre d’un festival de comédie musicale « Toulemondiva » organisé par Cathy Sabroux et Jacky Azencott en 2011 au Vingtième Théâtre (Paris 20), puis repris une première fois en 2012 à l’Auguste-Théâtre. Le Vingtième Théâtre avait un espace un peu grand pour le format actuel. Quand on a décidé de rejouer la pièce, on a trouvé l’Auguste Théâtre. On aimait beaucoup cette configuration intime. Et comme ça se passait bien avec l’équipe du théâtre, alors on a décidé de reprendre le spectacle en 2014.

Clotilde Chevalier dans Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong
Photo © Frédéric Tousche

• Pourquoi as-tu choisi ce titre « Cabaret Jaune Citron » ?

Au début j’avais envie d’avoir le mot cabaret dans le titre parce que c’est une forme assez particulière. Ce n’est pas du théâtre musical pur avec une narration classique.  Il y a un esprit cabaret dans la pièce parce que parfois Yvonne, le personnage principal, s’adresse aussi au public. C’est une forme plus intime, et il y a une alternance de scènes et de chansons qui ne sont pas intégrées dans une progression traditionnelle. Au début le titre de travail était juste « Cabaret jaune » mais je trouvais ça un peu sec et connoté, pouvant même évoquer un titre raciste. Et citron s’est rapidement imposé pour le côté acidulé, frais, ça accroche, et on a une petite saveur !

Clotilde Chevalier dans Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong
Photo © Frédéric Tousche

• Quel est ton passage préféré dans ce spectacle ?

Mon passage préféré c’est quand Yvonne retourne au Vietnam.  À la demande de son père, elle va sur la tombe de ses grands-parents qui n’a pas été visitée depuis plusieurs années. Elle découvre le cimetière avec des tombes éparpillées au milieu des rizières. Elle se rend compte en voyant ce petit village au sud de Saïgon, du chemin que ses parents ont parcouru, à la fois géographique et culturel, elle comprend que ses parents ont fait ça pour qu’ils aient une vie meilleure, pour que leurs enfants aient une vie meilleure et qu’ils puissent réaliser leurs rêves.

Le fait de partir, de quitter le pays qu’ils aimaient.  Tout recommencer à zéro. Le fait de mieux comprendre la problématique de ses parents va aussi lui donner la force d’accomplir ses propres rêves. Le rêve réel de ses parents n’est pas forcément qu’elle devienne médecin ou pharmacienne, mais avant tout qu’elle soit heureuse et réalise son rêve.

La visite des tombes de ses grands-parents a été inspirée de ma propre histoire. Il y a 20 ans, juste après la mort de mon père, je suis allé sur la tombe de mes grands-parents maternels, avec quelques-unes de mes sœurs et avec ma mère. J’étais frappé par l’atmosphère sereine, ce beau ciel bleu qui se reflétait dans l’eau. C’était très émouvant.

Recueillement devant la tombe des ancêtres dans Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong.
Photo © Frédéric Tousche

• Y a-t-il un souvenir lié à la cuisine dans ta pièce ?

Oui plusieurs. Je ne t’apprends rien en disant que la cuisine est très importante dans notre culture. Dans ce spectacle, la cuisine n’est pas un élément majeur mais elle est évoquée à plusieurs reprises. On comprend qu’elle a plusieurs fonctions, à la fois une récompense, une punition, un geste d’amour ou encore un remède pour un chagrin d’amour. Ce ne sont que quelques fonctions parmi d’autres. C’est un langage. De l’émotionnel.

• Pour revenir au thème de mon blog, aimes-tu cuisiner ou préfères-tu manger ? Ou les deux ? Si oui, quel genre de cuisine fais-tu chez toi ? Et quelle cuisine aimes-tu manger en dehors de chez toi ?

J’aime les deux. Chez moi, j’aime bien cuisiner asiatique, plutôt vietnamien, parfois thaï. En dehors de chez moi, j’aime bien manger de tout : vietnamien, chinois, japonais, thaï, italien, afghan (si, si !), indien, etc. et bien évidemment, français.

• Quelles sont tes adresses préférées de cuisine vietnamienne à Paris que tu pourrais recommander à mes visiteurs ?

En cantine vietnamienne, j’aime beaucoup le Dong Huong, 14 rue Louis Bonnet à Paris 11, Etoile Saigon, 25 rue Guy Môquet, Paris 17. Tous ces restaurants sont des cantines, il ne faut donc pas s’attendre à des petites nappes en tissu… Et sinon, chez ma mère, mais malheureusement, ce n’est pas une adresse publique !

• Selon toi, quelles sont les croyances, les erreurs ou les confusions que les Français font souvent dans la cuisine vietnamienne ?

Pendant longtemps, on a mis toute la cuisine asiatique dans le même sac (ah, ces restaurants chinois-vietnamiens-japonais-thaï-lao…) mais je crois que c’est heureusement en train de changer. J’ajouterais juste que c’est une gastronomie extrêmement variée et qu’il ne faut pas s’arrêter aux nems, surtout les nems de restaurant !

• Enfin, pour clore cette interview, quels sont tes futurs projets pour l’année du cheval ? Ou un rêve à réaliser ?

Mon rêve serait de trouver un producteur pour mon premier film Dans la cuisine des Nguyên. En fait, je pars un peu des mêmes personnages que dans le Cabaret jaune citron. On retrouve Yvonne Nguyên qui, après l’incendie de son appartement, est contrainte de retourner vivre chez sa mère en banlieue parisienne.  Avec la différence à la fois culturelle et générationnelle, la cohabitation est assez tendue avec la mère. Celle-ci regrette que sa fille ne soit pas médecin. Elle aimerait qu’elle épouse un Vietnamien et qu’elle respecte les traditions.

Mais Yvonne est une comédienne, qui à 35 ans stagne dans sa carrière, galère avec les petits boulots, est toujours célibataire mais n’a pas forcément envie de tomber amoureuse de celui que sa mère lui présente. Yvonne passe plus de temps à justifier aux autres qu’elle est française pour s’attacher aux traditions qu’elle trouve peut-être trop ancestrales et trop éloignées de ce qu’elle est.

En fait c’est dans la cuisine que le dialogue va se nouer et que les tensions vont s’apaiser à travers l’élaboration de recettes familiales. Certains souvenirs, certaines confidences, vont faire surface. Pas forcément des drames, mais des souvenirs qui vont permettre à Yvonne de mieux comprendre sa mère et de resserrer les liens. Sa mère va se servir de légendes qui accompagnent certains plats ou de certaines anecdotes personnelles pour faire passer des messages qui ne passeraient pas dans une conversation normale. Ça sera finalement des messages forts pour Yvonne, qui l’aideront à s’accomplir. Ici, la nourriture est très présente. La cuisine est un personnage dans toutes ses formes.

Je sais que ça va être un long chemin, que c’est un premier film de quelqu’un de pas connu, dans un registre précis. Mais en même temps c’est une comédie, donc on accède au sujet de façon plus facile et plus ludique et je pense que la cuisine vietnamienne attire beaucoup.

À la question, est-ce un retour aux sources ? Je te dirais que la culture vietnamienne est bien ancrée en moi, ça fait partie de mon éducation, sans être obsessionnel. Comme pour beaucoup d’entre nous, avec des origines étrangères, on a besoin de poser ses jalons dans un premier temps, de se réaliser. Puis vient l’envie de comprendre parce qu’on grandit. On n’a plus besoin de prouver quoi que ce soit et on s’ouvre vers cette richesse en soi, pour puiser cette différence culturelle qui a aussi fondé notre identité.

Merci Stéphane pour ce délicieux moment passé ensemble et d’avoir accepté de partager avec nous un peu de ta vie, de ton parcours et de ton travail.

Cabaret Jaune Citron, mars 2014, L’Auguste-Théâtre, Paris.
Ayano Baba (piano, la mère), Clotilde Chevalier (Yvonne Nguyên), Tanguy Duran (Laurent / Nam)
Photo : © Frédéric Tousche

Je vous invite chaleureusement à aller voir le superbe spectacle musical Cabaret Jaune Citron de Stéphane Ly-Cuong, avec les talentueux artistes Clotilde Chevalier dans le rôle d’Yvonne, Tanguy Duran dans le rôle de Laurent / Nam et Ayano Baba dans le rôle de la mère* d’Yvonne / pianiste. On rit, on pleure, et on a envie de retourner voir le spectacle !!! Réservez vite, certaines dates sont déjà bien remplies (le 7 mars est déjà « sold out ») !!!

*Pour la 4ème saison en 2015, le rôle de la mère et la pianiste est interprété par la pianiste Trami Nguyên.

> Découvrez quelques extraits des chansons du spectacle en écoutant l’interview de Stéphane Ly-Cuong sur France info :

Interview de Stéphane Ly-Cuong dans « Les Cinglés du Musical » du 8 février sur France Info, présenté par Laurent Valière, à propos du Cabaret jaune citron

> Soutenez Cabaret jaune citron, il ne reste plus que 4 jours pour atteindre les objectifs financiers !!!

Cliquez ici : Kisskissbankbank / Cabaret jaune citron

> Toutes les informations sur le spectacle Cabaret jaune citron :

Paris Broadway Saigon 

Facebook / Cabaret jaune citron

> Où et quand se joue le spectacle ?

>> REPRISE du spectacle (4ème saison) en 2015 : Du jeudi 9 avril au jeudi 21 mai 2015 inclus. Tous les jeudis à 21h et les dimanches à 7h30.

*Pour la 4ème saison en 2015, le rôle de la mère est interprété par la pianiste Trami Nguyên.

2014 (3ème saison) : Tous les vendredis à 21 heures et les dimanches à 17 heures jusqu’au 20 avril 2014 inclus.

Auguste Théâtre, 6 impasse Lamier, 75011 Paris. Métro Philippe-Auguste (ligne 2).

> Réservations de billets :

Auguste Théâtre Billetterie

BilletRéduc.com / Cabaret jaune citron

> Excellents articles sur le spectacle via des blogs à découvrir :

« Je me suis pris une gifle artistique » de David-Minh Tra

« Ma vie de banane dans un cabaret » de Grace du blog La petite banane

« Cheminement identitaire solaire et tendre du Cabaret jaune citron » du blog Hier au théâtre

Questionnaire de Miss Tâm #2 : Entretien avec Fiamma Luzzati (textes et dessins)

Vous connaissez mon amour pour la cuisine italienne et les beaux Italiens le peuple italien. Une fois n’est pas coutume, il n’y a pas de recette… Quoique… si !  Cliquez ici et vous aurez la merveilleuse « Fougasse des paresseux » de Fiamma Luzzati… Et après, réservez quelques minutes pour faire la connaissance de Fiamma, une personne étonnante, formidable et bourrée de talents ! Et plus belle que Claudia Cardinale…

J’ai rencontré Fiamma Luzzati le jour de son anniversaire, par hasard, lors d’un atelier de Pasta Therapy initié par Farine00 à l’épicerie italienne RAP à Paris (lire l’article ici).

Elle était la dernière arrivée, grande, belle, gracieuse, lumineuse, descendant avec prestance l’escalier en colimaçon menant vers la cave voûtée où se trouvait l’atelier. Son humour, ses questions, son carnet de notes, son bel accent italien gorgé de soleil et son talent de « pétrisseuse de pâte »… Tout me plaisait chez elle. Je ne savais pas encore qu’elle était l’auteure de « L’avventura – La vie dessinée d’une Italienne à Paris » et du blog L’avventura sur le site de Libération (pour avoir une idée…par ici). Je ne savais pas non plus que j’allais devenir fan de ses textes et dessins plein d’esprit et d’humour… dont l’atelier de pâtisserie italienne de Marco Bianchi qui m’avait fait hurler de rire… (« Le gâteau sans rien », mai 2013).

Fin de l’été, j’achète son livre, reçu avec une gentille dédicace. Je suis aux anges ! Des échanges, un dîner, un déjeuner, et voilà l’envie de présenter Fiamma Luzzati, mon coup de cœur de l’année 2013, dans ma rubrique « Questionnaire de Miss Tâm ».

Fiamma ne fait rien comme les autres. Elle réfléchit beaucoup, observe, croque les gens avec humour et ne peut répondre de façon succincte aux questions… Il lui faut du temps, un vrai face à face, un échange, un zeste de vie. Alors le « Questionnaire de Miss Tâm » devient un entretien fleuve oscillant joyeusement entre réflexions diverses et variées, digressions passionnantes et déambulations existentielles et autobiographiques… Tout cela entre le déjeuner au restaurant coréen Bong (Paris 15), la balade à pied jusqu’au boulevard Saint-Michel, jusque dans le bus 86 pour clore in extremis l’interview. Paradoxalement, le temps a passé très vite. J’étais même restée sur ma faim quand nous nous sommes dit au revoir dans le bus.  Voici un « condensé » des trois heures d’entretien avec la belle Fiamma Luzzati.

Avant de commencer l’entretien, voici le « Questionnaire de Miss Tâm » ou le portrait culinaire de Fiamma Luzzati :

1-    Si tu étais un aliment ou un plat?

Dans ma jeunesse, j’étais plutôt un dessert. Mystérieusement, je suis devenue plutôt salée, je dirais une charcuterie. Je pourrais aussi m’identifier aux légumes et aux graines. Mais je me souviens d’une charcuterie fabuleuse à Parma, il y a une dizaine d’années, il y avait toutes sortes de variétés incroyables de jambons, de saucissons et de lards. J’aime l’idée de l’apéro, avec un éventail de petites choses à goûter, à picorer, plutôt qu’un vrai repas carré. Goûter me correspond davantage. Comme dans la vie, j’aime rester à la surface des choses et ne veux pas être spécialiste de quoique ce soit. Je n’aime pas tout savoir sur un sujet. Ça me laisse la liberté de découvrir plein d’autres choses.

2-    Ton meilleur souvenir d’enfance de cuisine ou en lien avec la nourriture.

Pétrir. Pétrir la pâte, et notamment la pâte à pizza. Je trouvais que c’était très sensuel, agréable. Déjà petite, très tôt, je pétrissais la pâte avec ma mère. C’était quelque chose que j’aimais bien faire. La pâte et le résultat que tu obtiens, dépendent beaucoup de ton état. Tu te retrouves à faire la même recette, mais cela peut être catastrophique parce que la pâte absorbe ton état émotionnel. Tu as donc un résultat qui varie énormément. C’est vivant.

3-    Ton coup de foudre gustatif. 

Je n’arrive pas à faire une hiérarchie. J’aime beaucoup de choses. Par exemple, la cuisine japonaise en général me plaît. Mais un souvenir gustatif récent m’a particulièrement plu chez Rino (46 rue Trousseau, 75011 Paris), c’était le fait qu’il associe une viande (tartare d’agneau) combinée à une émulsion aux huîtres, aux saveurs très iodées, avec une sorte de pain aux algues et des feuilles de légumes. La combinaison viande d’agneau et sauce aux huîtres étaient totalement inattendue, surprenante. C’était incroyable, très fort. Giovanni Passerini trouve vraiment des combinaisons audacieuses, il est très doué.

Il y a eu aussi la salsa di noci (à la Pasta Therapy) faite au mortier. C’était une révélation gustative parce que je n’avais jamais goûté cette sauce comme ça, avec les noix pilées au mortier. Et ça me renvoie aussi à l’enfance car j’ai grandi dans la région de cette sauce, à Gênes.

Fiamma (au centre) en train de piler de bonnes noix au mortier – A l’épicerie RAP, Paris, durant la Pasta Therapy de Farine00. Juin 2013.

4-    L’anecdote culinaire la plus drôle qui t’est arrivée : en cuisine ou pendant un repas.

Je ne sais pas. Il n’y en a pas vraiment. (rires)

5-    Dans une cuisine, quel ustensile ou objet serais-tu ?

Je serai un batteur électrique qui fait monter la mousse, la crème, les blancs d’oeufs. J’aime bien ce processus, la transformation, de voir monter la mousse, c’est beau, c’est aérien, c’est léger.

6-    Ton pire cauchemar culinaire ou l’aliment / plat le plus détesté ?

Je n’associe pas la viande à un bon souvenir. Sauf le saucisson. J’aime la viande crue, en tartare. Mais tout ce qui est transformé, cuit, les ragoûts par exemple, je n’aime pas. Tout comme les produits industriels comme le Nutella. J’adore le chocolat mais pas le Nutella, l’huile de palme. Ou la betterave et son jus, un peu trop sanguin à mes yeux.

7-    Ton plat secret ou magique pour conquérir le cœur de ton élu ?

Un plat de pâtes. Sûrement. Un en particulier. Des pâtes à la pomme et au Whisky. Une recette apprise d’une amie qui cuisinait très bien. Au début de ma rencontre avec Emmanuel. On fait un soffritto* d’oignons, on ajoute de la pomme, du Whisky, et de la crème. C’est délicieux !

*hachis à base d’oignons, parfois mélangé à d’autres ingrédients, que l’on fait revenir dans de la matière grasse, base à partir de laquelle on prépare d’autres plats 

8-    Si tu étais une chef cuisine, où serais-tu (pays, lieu, resto…)?

Une chef en Sicile avec son propre potager comme Alain Passard.

9-    Le plat ou le dessert que tu as toujours rêvé de faire sans jamais oser ?

Je ne m’attaquerais pas aux desserts. Par exemple, les macarons ou la charlotte. Ou les desserts un peu sophistiqués. Je vois déjà toutes les complications. Quoique… j’aimerais le faire une fois pour impressionner mes invités, le faire pour quelqu’un.

10-  En cuisine, si tu étais un secret, lequel serais-tu ?

Le gingembre. Que je mets dans une soupe de potiron, avec des épices. C’est une chose qui n’est pas très connue, que je n’ai pas vraiment trouvé dans les recettes.

Allez, la question bonus : Quel est ton plat vietnamien préféré (si tu en connais un)?

Je suis très ignorante sur le sujet. Je ne peux pas te dire grand-chose. A part que j’ai beaucoup aimé les rouleaux verts : tes brochettes de bœuf au feuilles de Lôt et tout ce que tu avais préparé chez toi.

Merci Fiamma ! Pour compléter ton portrait culinaire, passons à des questions plus personnelles…

– En quelques mots, qui es-tu, d’où viens-tu ? 

Il y a pas mal de confusions : je suis Romaine et Sicilienne mais j’ai grandi à Gênes. Mes deux parents sont Siciliens. Donc je suis Sicilienne d’origine. J’ai grandi à Gênes mais sans être attachée à la ville, j’aime beaucoup sa cuisine. Rome m’a beaucoup marquée affectivement parce que j’y ai fait mes études et j’y ai encore beaucoup d’amis. Rome est un attachement amical, mais pas gastronomique. Bien plus que Milan où j’ai également vécu un moment. Je suis assez nomade. Si je le pouvais, je pourrais l’être davantage. Globalement, c’est difficile de dire que je suis de là ou d’ailleurs.

Paris pour moi est une ville intellectuelle. Pour y être bien, il faut pouvoir profiter de cet aspect. J’y ai des émotions intellectuelles. J’ai choisi de vivre à Paris à un moment donné de ma vie pour changer de dynamique. J’ai suivi le courant, je travaillais pour une agence de graphisme qui m’avait proposé de venir à Paris et d’ouvrir une agence ici. Même si Paris n’était pas dans mes plans. Après, j’y ai rencontré mon mari qui est totalement opposé à moi, un vrai sédentaire. Et je suis à Paris depuis 15 ans.

Dans ma vie, j’ai exercé de nombreux métiers divers et variés. Finance, catering, édition, volley-ball… Même si cela ne se voit pas, j’étais très sportive et je pratiquais le sport à haut niveau. La compétition dans le sport m’amusait assez mais je m’en lassais vite aussi. Trop de stress, trop de tension. J’aime mélanger toutes les activités cérébrales, artistiques, manuelles et sportives. Dans certaines disciplines sportives, je trouve qu’on peut développer le côté artistique. Petite, je faisais de la compétition de gymnastique. J’aurais aimé faire une carrière de danseuse. J’aurais pu peut-être trouver un plaisir. Le corps devient un instrument comme un pinceau. Il y a quelque chose à créer. Mais C’est une satisfaction intellectuelle aussi quand cela devient un acte artistique. Je ne l’ai pas fait. Petite, j’étais dans un très bon club de gymnastique, mais je n’ai pas trouvé d’équivalent pour la danse. Surtout en province. Si j’étais dans une ville de danse, cela aurait pu se passer autrement…

Le fil conducteur chez moi est l’écriture : raconter des histoires, témoigner. Je recompose toujours les faits, les histoires. Je pense que cela me convient plus de raconter, de faire du témoignage, de raconter du vécu qui n’est pas forcément autobiographique, plutôt que de la pure fiction. Dans la pure fiction, je m’angoisse vite, je perds pieds. Mais la fiction qui est un exercice difficile, m’intéresse.

– Comment es-tu devenue auteure de bande dessinée ?

En vérité, je ne sais pas comment me définir. Je ne suis pas auteure de bande dessinée et je ne suis pas vraiment une dessinatrice, encore moins une illustratrice. Et artiste, ça sonne vraiment très prétentieux pour moi. Artisane, cela me conviendrait mieux. Sauf que les artisans sont très doués de leurs mains. Moi je ne le suis pas trop. A la rigueur, suis-je une artisane de l’écriture. Même si je dessine beaucoup, je pars toujours d’un texte et le dessin, qui n’est pas le sujet principal, s’y intègre. En ce moment, j’ai très envie de faire une sorte de reportage. Et de le faire en BD me permet vraiment de m’exprimer.

Avant la création du blog de l’Avventura il y a un an et demi, j’écrivais déjà des histoires et je ne dessinais pas du tout. A l’agence de graphisme où je travaillais, j’étais rédactrice, pas graphiste. En arrivant à Paris il y a 15 ans, ma seule expérience de dessin était l’atelier de dessin avec modèles vivants proposé par les Ateliers de la ville de Paris, qui ne sont pas vraiment des cours, et avec beaucoup de monde.

La mise en espace dans le dessin reste donc un vrai problème pour moi. C’est à chaque fois un défi. Je n’ai pas ça naturellement et je ne sais jamais par où commencer. Par exemple, je suis incapable de faire des scènes urbaines, même non rigoureuses.  D’ailleurs je ne le fais pratiquement jamais dans mes dessins, je trouve des combines, je fais des détours. Un vrai dessinateur n’a jamais ce problème. Ce qui me vient naturellement, c’est capter des poses, des expressions toujours humaines et c’est sur ça que je me concentre. Si tu me demandes d’écrire sur n’importe quel sujet, je peux le faire sans problème. Avec le dessin, j’ai encore des limites techniques. Mais ça me plairait de pouvoir surmonter ces difficultés. Je reviens de loin, sans avoir eu réellement de formation de dessin.

Comment t’est venue l’idée de créer le personnage de Fiamma Luzzati ? Est-ce ton double ?

Non pas vraiment. Elle me ressemble un peu, mais ce n’est pas moi. J’ai voulu créer un personnage de femme pas trop jeune, mais pas trop âgée non plus, dans une phase de vie où tout est possible. Dans un âge qui a de l’expérience, sans avoir fondé de famille, où tout est encore ouvert et possible. Une femme qui cherche et qui se cherche. Elle est très observatrice comme moi. Je voulais aussi qu’elle soit une anti-héroïne, pas un canon de beauté ou une icône. Je voulais qu’elle ait un grand pif, qu’elle plaise sans être belle ou sexy, qu’elle soit quelqu’un de singulier. Graphiquement elle est née comme ça, je n’ai pas trop réfléchi. Si elle me ressemble physiquement, ce n’est pas voulu.

Globalement, elle n’est pas moi car ce n’est pas un récit autobiographique. Je raconte des choses que je n’ai pas forcément vécues directement. Ou simplement j’ai une idée, je me fais une réflexion sur quelque chose et je combine avec ce que l’on m’a raconté, ou encore avec ce que j’ai en partie vécu. Je construis une histoire. Beaucoup de mes lecteurs pensent même que c’est un récit en temps réel. J’ai un peu entretenu le doute. Et même si ce n’est pas ma vie directement, c’est en quelque sorte une autre facette de « ma » vie. Je pourrais vivre ces aventures, et à part l’aventure de la piscine qui était bien réelle, les autres ne sont pas autobiographiques. Les lecteurs apprécient la vérité et sincérité qui se dégagent de mes récits.

– Comment t’est venue l’envie de créer un blog ? Pourquoi ?

C’était d’abord un autre projet, une fiction que j’avais écrite autour de Berlusconi. Il y avait déjà le personnage de Fiamma. Pour coller à l’actualité et publier rapidement, je devais faire un blog, si possible sur un site de l’information (comme Libération ou Le Monde). Après une discussion éclairante avec un ami journaliste, celui-ci m’a conseillée d’écrire des réflexions sur l’actualité et des histoires en tant qu’Italienne à Paris. J’ai donc créé le blog de l’Avventura sur le site de liberation.fr, puis j’ai publié mon livre « L’avventura, la vie dessinée d’une Italienne à Paris ». Cela fait maintenant un an et demi que le blog existe.

– Quelle est l’histoire préférée dans ton propre blog ou dans ton livre ?

En particulier une des histoires dans le livre : celle de la relation entre la Sicile et la Bretagne (ici « En Bretagne on trouve l’amour », juillet 2012). Après des vacances en Bretagne, j’ai commencé un délire sur un parallèle possible entre ces deux terres en constatant une similitude entre les deux cartes géographiques. Il y a comme ça des histoires qui me font rire sur le moment que j’évacue et que je ne trouve plus drôles après. Et celles comme la relation entre la Sicile et la Bretagne qui me font encore rire aujourd’hui, pour laquelle j’ai une tendresse.

– Pour revenir au thème de mon blog, dis-moi Fiamma, aimes-tu cuisiner ou préfères-tu manger ? Ou les deux ? Si oui, quel genre de cuisine fais-tu chez toi ? Et quelle cuisine aimes-tu en dehors de chez toi ?

Je préfère manger. Et en cuisine, j’aime pétrir la pâte. Cela remonte déjà à l’enfance.

La cuisine que je fais chez moi est essentiellement italienne. Mais quand je sors, j’aime découvrir et me faire surprendre. Par exemple, j’aime beaucoup la cuisine asiatique, et plus particulièrement la cuisine japonaise. Non seulement pour l’esthétisme, les saveurs, la légèreté de cette cuisine mais aussi parce qu’il y a du choix, plein de petites choses à goûter que l’on peut picorer tout au long du repas, et sans se sentir lourd après. En général, avoir du choix à table en petites portions, picorer et goûter à une cuisine légère, cela ne peut que me plaire. Sinon, j’aime aussi me faire surprendre par une cuisine comme par exemple chez Rino qui propose une cuisine inventive et légère, audacieuse mais exquise.

– Quels sont tes adresses préférées de cuisine italienne à Paris que tu pourrais recommander à mes visiteurs ? 

Je recommande le restaurant Rino pour sa cuisine inventive, qui se situe au 46 rue Trousseau, 75011 Paris. Et pour une cuisine traditionnelle italienne, j’aime beaucoup le restaurant Fontanarosa, au 28 boulevard Garibaldi, 75015 Paris.

– Tu résides en France, à Paris. Quelles sont les croyances, les erreurs ou les confusions que les Français font souvent dans la cuisine italienne ?

En arrivant en France, je trouvais criminel de servir les pâtes dans la même assiette avec le plat de résistance, comme accompagnement avec une viande ou un poisson. Pour un Italien, c’est inconcevable. Maintenant je me suis un peu habituée, donc je considère que ce n’est pas très grave. Mais quand même, cela me fait toujours un petit choc.

– Enfin, pour clore l’entretien, quels sont tes rêves, tes projets pour les mois à venir ? Peut-on espérer de Fiamma Luzzati une oeuvre autour de la cuisine ? 

Oui un blog sur les chefs italiens vient de paraître ce mois-ci, sur le site de lemonde.fr : ici. Il y a la rubrique gastronomie, mais aussi d’autres rubriques comme la science. J’ai d’ailleurs déjà commencé un entretien avec un scientifique. Et la constante reste bien sûr l’humour. Je veux raconter les choses à ma façon, en étant drôle. Toujours avec ce regard décalé parce que cela me convient. Je suis de nature mélancolique, j’évacue mes angoisses par l’humour. C’est une thérapie pour moi et ça fait du bien pour les autres.

Mon rêve est de continuer à faire du reportage, de pouvoir en faire de plus en plus. Toujours en dessin, en BD. De pouvoir vivre de mon métier.

 Merci Fiamma pour ce merveilleux moment passé avec toi et merci surtout d’avoir accepté de répondre à ce long questionnaire, de façon imperturbable, en dégustant la bonne cuisine coréenne, en déambulant à travers les rues de Paris, ou encore dans un bus bondé. Mille mercis pour les dessins qui ont été réalisés pour ce portrait… Le tien !

Si vous avez aimé le portrait de Fiamma Luzzati et vous souhaitez découvrir son travail et suivre ses publications hebdomadaires, voici les liens :

Blog de L’Avventura sur lemonde.fr : http://lavventura.blog.lemonde.fr

Site de Fiamma Luzzati : www.fiammaluzzati.com

Et…c’est bientôt Noël… voilà une belle idée de cadeau avec l’option dédicace personnalisée ! Le livre de Fiamma Luzzati « L’avventura – La vie dessinée d’une Italienne à Paris » Rozebade Éditions est en vente ici.