Porc char siu (Thịt xá xíu)

Si vous êtes amateur de cuisine chinoise et plus précisément de cuisine cantonaise, vous avez sans doute déjà goûté à cette délicieuse viande de porc rôti ou laqué, à la peau rouge, sucré-salé parfumé aux cinq-épices. Dans les rôtisseries chinoises, on en voit toujours suspendu à côté des canards laqués, brillant et magnifiquement grillé, à l’odeur irrésistible. On remettrait le couvert même à peine sorti de table !

Petite, J’étais déjà été fascinée par ces belles tranches de viande à la croûte rouge. Je soupçonne même d’avoir aimé le mì xá xíu (terme vietnamien pour une soupe d’origine chinoise avec des nouilles chinoises fraîches à base de blé et d’œuf), rien que pour ces lamelles de porc rouges sucré-salé… Je me souviens aussi de ces repas sur le pouce avec un délicieux banh mi au porc char siu (bánh mì thịt xá xíu) avant de faire les courses en famille dans le quartier chinois de Paris 13. Un vrai régal !

Le porc char siu est un plat d’origine cantonaise (sud de la Chine). Laqué, grillé en rôtisserie ou au barbecue, il se déguste avec du riz, en farce dans les petits pains vapeur baozi ou en garniture dans les soupes de nouilles de blé . Au Vietnam où la population d’origine cantonaise est très nombreuse, ce mets est présent dans les habitudes culinaires des Vietnamiens dans le sud, mais aussi hors du pays, et fait partie d’une des garnitures de choix pour les sandwichs vietnamiens, les fameux banh mi.

Comment se prépare le porc char siu ? Selon mes recherches, il existe deux marinades de base pour le porc char siu : la marinade à base de sauce de soja, de hoisin, de pâte de soja fermenté rouge, de vin (ou alcool) de riz, de cinq-parfums et de miel vs. la marinade à base de sauce de soja, de hoisin, de sauce d’huître, de cinq-parfums et de miel. À cela s’ajoutent encore le maltose pour son côté brillant (difficile à trouver – sinon dans les supermarchés asiatiques), l’huile de sésame, la poudre d’ail ou l’ail frais haché dans certaines recettes, parfois le gingembre haché, etc. Il existe également des préparations industrielles toutes prêtes à l’emploi en poudre ou en sauce. Mais il va sans dire que la marinade faite maison est toujours meilleure.

Quant à la viande, on utilise soit l’épaule qui contient un peu de gras pour donner du moelleux à la grillade, soit le filet mignon, un morceau de choix bien tendre, soit la poitrine de porc qui est tendre mais plutôt grasse. En ce qui me concerne, j’ai une préférence pour le filet mignon de porc.

Sur le chapitre de la cuisson, à moins d’avoir (idéalement) une rôtissoire ou un barbecue, on peut faire griller la viande au four soit directement sur une grille avec un récipient posé en-dessous pour récolter le jus de cuisson, soit dans un plat allant au four comme un rôti.

Pourquoi la cuisine cantonaise est-elle si présente au Vietnam ?

Dans le sud du Vietnam, une forte concentration de population d’origine chinoise (en majorité cantonaise et teochiu) s’est installée à Hô-Chi-Minh-ville pour y faire du commerce. Le brassage et les influences culinaires chinoises apportent une richesse indéniable dans la cuisine vietnamienne.

Avec quelques centaines de kilomètres de frontières communes avec la Chine, et presque dix siècles de présence chinoise jusqu’au Xe. siècle, d’étroites « relations sociales, économiques et culturelles se sont [..] maintenues [durant] ces siècles avec des alternances de coopération et d’affrontement« , écrit Emmanuel Ma Mung dans La diaspora chinoise : Géographie d’une migration. La colonisation française a favorisé l’immigration chinoise au XIXe. siècle. La communauté chinoise (en majorité des cantonais et des teochiu) s’installe principalement dans trois grandes villes au Vietnam, Hanoï, Haiphong et Hô-Chi-Minh-ville. En 1989, 56,5% des Chinois dans le sud du Vietnam étaient d’origine cantonaise (contre 34% d’origine Teochiu). En 1992, un demi million de personnes d’origine chinoise (les Hoa) vivaient à Hô-Chi-Minh-ville (ex-Saïgon) regroupées dans le quartier de Cholon. Aujourd’hui, il y a un peu plus de 2 millions de personnes d’origine chinoise sur tout le pays soit 3% de la population totale du Vietnam. « Le Vietnam est [d’ailleurs] l’un des pays où l’on enregistre une des plus importantes présences chinoises dans le monde« . Source : Emmanuel Ma Mung, La diaspora chinoise : Géographie d’une migration, éditions Ophrys.

Voici la délicieuse recette modifiée du porc char siu telle que je prépare chez moi, inspirée du site About Chinese Food : chinesefood.about.com/od/pork/r/charsiu.htm et de la video « How to make char siu« .

Pour 6 personnes. Préparation : 20 minutes. Temps de repos pour la marinade : 4 heures à une nuit. Cuisson : 15 minutes à 220°C + 10 minutes à 180°C + 5 minutes sous gril.

Ingrédients :

  • 1 kg de filet mignon
  • 1 ou 2 cuillères à soupe de miel

Marinade :

  • 1 cuillère à soupe soit 1 « gros » cube de pâte de soja fermenté rouge (ou blanche si on n’en trouve pas – on n’aura donc pas la coloration rouge particulière du char siu)
  • 1 cuillère à soupe de sauce Hoisin (sauce préparée à base de fève de soja fermenté et des épices et des condiments)
  • 1 cuillère à soupe de sauce de soja clair (cf photo – light soy sauce)
  • (facultatif) 1/2 cuillère à soupe de sauce de soja foncé (cf photo – dark soy sauce)
  • 1 cuillère à soupe de vin de riz Shaoxing
  • 2 cuillères à soupe de miel liquide
  • 1 cuillère à café de poudre de cinq-épices
  • 1 cuillère à soupe d’huile de sésame
  • 2 ou 3 gousses d’ail haché
  • Poivre selon goût
  • (facultatif) : 1 cuillère à café rase de colorant naturel alimentaire à base d’extrait de betterave de la marque Scrap Cooking.

Préparation :

  • Préparer la marinade en mélangeant bien tous les ingrédients dans un bol sauf l’huile qui empêchera la marinade de pénétrer dans la viande et le poivre qu’on saupoudrera seulement vers la fin de cuisson.

  • Dans un récipient, verser la marinade sur les filets, la faire pénétrer sur toute la surface, puis la laisser reposer au frais pendant 4 heures ou mieux, une nuit. Plus vous laisserez longtemps la marinade, plus la viande aura de goût ( ! ). En fin de marinade, ajouter l’huile de sésame. Bien mélanger.

  • Préchauffer le four à 220°C (Th. 7/8) avec un récipient contenant un fond d’eau.
  • Mettre les filets mignons soit directement sur la grille en n’oubliant pas de bien mettre le récipient avec le fond d’eau sous la viande, soit dans un plat allant au four. Cuire à 220°C pendant 15 minutes.
  • Retourner la viande, passer une couche de marinade sur la viande, baisser à 180°C (Th. 6) et cuire pendant 10 minutes.

  • Retourner la viande, passer une couche de miel liquide (1 cuillère à soupe) sur la surface pour faire briller la viande puis faire dorer sous grill pendant 5 minutes en surveillant de près afin d’éviter que ça grille trop !
  • Sortir la viande, la laisser tiédir avant de trancher en lamelles et de l’utiliser comme plat ou comme garniture (soupe, farce de bao zi, banh mi,…).

  • Le jus de cuisson au fond du récipient peut être récupéré et réchauffer avec le reste de marinade. Ajouter un peu d’eau si nécessaire. Donner un petit coup de bouillon, baisser à feu doux pour réduire la sauce char siu. Remuer. Réserver et servir en sauce si envie.

Voyez comme il est facile de faire le délicieux porc char siu ! Avec un simple bol de riz, dans une soupe de nouilles chinoises de blé ou en garniture dans un sandwich vietnamien, le banh mi, ce savoureux porc char siu mettront vos papilles en joie !

Très bonne réalisation et excellente dégustation !

Banh mi vietnamien au rôti de porc froid (bánh mì thịt nguội)

Le soleil pointe son nez… Le printemps arrive sous peu. Cette lumière me donne faim et vous ? Envie de crudités, d’herbes aromatiques, de viandes savoureuses au goût exotiques, et… envie de manger dehors ! Rien de tel qu’un délicieux banh mi vietnamien bien garni… à emporter pour le déguster sous les rayons de soleil…

Mais, connaissez-vous le banh mi, le sandwich vietnamien de Saigon ?

Vous saurez tout en lisant ma première chronique sur le banh mi, le fameux sandwich vietnamien (ici) pour Le Journal des Femmes qui m’a invitée à collaborer mensuellement aux avis d’experts.

Issue du métissage culinaire franco-vietnamien, voici l’une des premières recettes du banh mi, inspirée des mets français (rôti de porc, pâté de foie…), mais détournée à la mode vietnamienne…du sud du Vietnam !

Sachez que cette garniture à base de rôti de porc peut être remplacée par n’importe quelle autre garniture : végétarienne (tofu, poisson, oeuf) ou une autre viande rôtie ou grillée (cf. article sur le banh mi) comme le délicieux porc laqué croustillant ou encore la fameuse mortadelle vietnamienne (ou pâté de porc vietnamien – recette ici).

Recette du bánh mì thịt nguội (bánh mì au rôti de porc froid à la vietnamienne)

Pour 6 sandwichs. Temps de préparation : Marinade la veille + 30 minutes. Cuisson du rôti : 1h30.

Ingrédients :

Rôti de porc :

  • 1 kg de poitrine fraîche (non salée) de porc – à choisir un seul morceau et le moins gras possible.
  • 1 cuillère à café de cinq-épices en poudre
  • 1 cuillère à café rase de poivre noir
  • 5 gousses d’ail hachées
  • 1 cuillère à café rases de sel
  • 2 cuillères à café de sauce de soja
  • 2 cuillères à café d’huile
  • Colorant alimentaire rouge (4 gouttes)

Crudités marinés au vinaigre ou pickles de carottes / radis blanc :

  • 3 carottes coupées en julienne ou râpées
  • 1 radis blanc (daikon) coupé en julienne ou râpé
  • Suivant le volume du bocal ou contenant, la proportion de marinade à adapter est :
  • 1 dose de vinaigre blanc
  • 1 dose de sucre blanc en poudre
  • 1 dose d’eau chaude
  • ½ cuillère à café de sel / 500 ml de liquide

Garnitures restantes :

  • 2 grandes baguettes : compter 1/3 de baguette par personne. Pour les grands mangeurs, ½ baguette par personne.
  • Du pâté de foie de porc
  • Mayonnaise (faite maison, c’est bien sûr meilleur !)
  • Sauce Maggi® ou sauce de soja
  • 1 concombre lavé, non pelé, coupé en fines tranches ou lamelles larges
  • 1 botte de coriandre
  • 2 piments verts ou rouges ciselés en rondelles

Préparation :

La veille :

Crudités marinés au vinaigre ou pickles de carottes / radis blanc :

  • Couper les carottes et le radis blanc (daikon) en julienne ou les râper.
  • Faire dégorger au préalable le radis blanc en julienne ou râpé dans un récipient avec 1 cuillère à soupe de sel, mélanger puis laisser reposer 15 minutes.
  • A travers une passoire, presser à la main le radis blanc pour enlever l’excédent d’eau, puis bien le rincer sous l’eau froide pour enlever le sel. Réserver.
  • Faire chauffer de l’eau (sans bouillir). Hors du feu, ajouter le sucre. Mélanger jusqu’à dissolution complète. Laisser tiédir. Ajouter le vinaigre blanc. Mélanger.
  • Mélanger les carottes et le radis blanc.
  • Dans des bocaux en verre ou contenant ayant un couvercle hermétique, les remplir du mélange carottes / radis blanc. Verser la marinade au vinaigre / sucre / eau et couvrir jusqu’au-dessus de la surface des crudités. Recouvrir les bocaux ou contenants, d’un film plastique, et refermer avec leur couvercle.
  • Mettre au frais pour la nuit. Attendre 24 heures avant de consommer.

Rôti de porc / marinade :

  • Nettoyer le morceau de poitrine de porc. Conserver la couenne sur le morceau de viande.
  • Dans un bol, mélanger tous les ingrédients de la marinade pour le porc.
  • Tartiner de cette marinade, la face interne et les côtés du morceau de poitrine de porc.
  • Réserver au frais pendant la nuit. Si vous êtes pressé(e), mariner la viande au moins 2 heures au frais.

Le jour J :

  • Sortir la viande de porc du réfrigérateur. Sur le côté de la couenne, verser 4 gouttes de colorant alimentaire rouge. A l’aide d’un pinceau (de préférence en silicone), étaler de façon homogène sur toute la surface de la couenne. Ce procédé permet de donner une jolie couleur rosée à la viande, façon char-siu chinoise. C’est purement esthétique et totalement facultative. Les Vietnamiens aiment les couleurs dans les aliments…
  • Enrouler la poitrine de porc sur elle-même pour former un gros rouleau. Recouvrir complètement le rouleau de viande de deux tours de papier de cuisson (papier sulfurisé). Bien refermer les deux bouts en entortillant le papier qui dépasse comme un bonbon. Ficeler si le rouleau de viande ne tient pas.
  • Dans une marmite à vapeur déjà bouillante, déposer le rouleau de viande et faire cuire 1h30 à la vapeur.
  • Laisser tiédir, voire complètement refroidir avant de couper la viande en fines tranches. Réserver.

Dressage et garnissage du bánh mì :

  • Découper les baguettes (1/3) ou (1/2) selon envie et appétit, ouvrir en découpant le pain dans le sens de la longueur.
  • À l’intérieur de la baguette, tartiner d’un côté avec un peu de pâté de foie, et de l’autre, un peu de mayonnaise.
  • Déposer quelques tranches de rôti de porc. Verser un peu de sauce Maggi® ou de soja.
  • Ajouter quelques lamelles / tranches de concombre.
  • Ajouter sur toute la longueur du sandwich, les carottes / radis blanc marinés.
  • Insérer quelques rondelles fines de piments (facultatif)
  • Déposer quelques brins de coriandre sur toute la garniture. Les coincer dans le sandwich pour qu’ils ne tombent pas.
  • Remettre quelques gouttes de sauce Maggi® ou de soja.

Et voilà votre bánh mì fait maison, prêt à déguster ! Mais si vous n’avez pas envie de le faire vous-même, voici quelques adresses où trouver le banh mi vietnamien à Paris. Bon appétit !

Banh Mi (7 rue Volta, Paris 3e), Saigon Sandwich (8 rue de la Présentation, Paris 9e), Bulma (17 rue des écuries, Paris 10e), Hoa Hung (14 bis rue Louis Bonnet, Paris 11e), Panda Belleville (16 rue Louis Bonnet, Paris 11e), Hoa Nam (13ème), Librairie Khai Tri (93 avenue d’Ivry, Paris 13e), Thieng Heng (50 avenue d’Ivry, Paris 13e), Hoa Nam (Hoa Tang – 51 avenue d’Ivry, Paris 13e).

Source : La banh mi vietnamien, chronique d’avis expert du Journal des Femmes, mars 2013.