Voici un dessert dont raffolent les Vietnamiens, le chè trôi nước (trôi nước = flotter dans l’eau), de belles boules blanches à base de farine de riz gluant fourrées aux haricots mungo décortiqués « flottant » dans un sirop de sucre brun délicieusement piquant et parfumé au gingembre, parsemées de sésame grillé ! Dans le sud, on rajoute encore un nappage onctueux de lait de coco sur les perles de riz gluant. Quel délice ! Souvent présent sur les autels en offrande aux ancêtres, ce mets se déguste à toute heure de la journée au Vietnam, en particulier à l’heure du thé.
Il existe des mets assez proches en Chine, comme les exquis tāng yuán qui se dégustent lors de la fête des Lanternes, quinze jours après le nouvel an chinois. Ce sont des boulettes de farine de riz gluant fourrées à la pâte de haricots rouges ou de poudre de sésame, d’arachide et de sucre consommées dans une soupe sucrée ou fourrées au hachis de viande dans un bouillon salé¹. Un peu différent au Japon, les dango (à base de mochi – farine de riz gluant et d’eau) sont des boulettes qui se déclinent sous différentes variantes, avec farces sucrés ou salés, et la plupart du temps en brochettes par 3, 4 ou 5 dangos. Point de soupe sucrée dans la version japonaise. (1. sources Wikipedia)
De mon enfance, je garde un souvenir merveilleux de moments où l’on faisait ce dessert en famille. Pour moi, c’était l’atelier de pâte à modeler… Pétrir la pâte, faire des boulettes, quel enfant n’aime pas ça ! Au lieu de faire les grosses perles de riz gluant trop délicates à faire pour une enfant, on me faisait participer dans la confection de boulettes de haricot mungo (la farce), ce qui fut pour moi une mission très importante. Durant ce temps, le gingembre cuisait doucement dans son sirop de sucre brun en laissant flotter sa douce fragrance dans toute la cuisine.
Comment apprécier cette douceur ? La subtilité de ce mets réside dans le contraste sucré-salé et le jeu des textures : la tendreté et l’élasticité de la pâte de riz gluant rivalisent avec le farineux fondant de la farce, la douceur piquante du sirop au gingembre avec la farce fade légèrement salée et parfumée aux oignons vert… En prélevant un morceau avec la cuillère, la farce s’imprègne aussitôt du sirop avant chaque bouchée. C’est le voyage assuré au paradis gourmand ! Bien sûr, il fait aimer le gingembre pour apprécier ce mets délicat.
Voici la recette de perles de riz gluant et haricot mungo au sirop de gingembre (Chè trôi nước) telle que je fais pour ma famille.
Pour 4/5 personnes. Temps de préparation : 1 heure. Cuisson : 30 minutes / 20-25 minutes / 10 minutes.
Ingrédients :
- 200 g de farine de riz gluant
- 175 ml (plus ou moins) d’eau chaude – à voir en fonction de la pâte
- 1 pincée de sel
- 500 g de sucre de canne brun ou roux
- 1 litre d’eau
- 100 g de gingembre (soit environ 2 morceaux de 5 cm)
- 1 pincée de sel
- 100 g de haricot mungo décortiqué (graines jaunes)
- 4 tiges d’oignon vert ou ciboule de Chine (partie blanche)
- 1 cuillère à soupe de lait de coco (attention : ne pas en mettre si les haricots mungo sont trop humides car la pâte ne doit pas l’être, sinon impossible de faire des boulettes)
- ¼ cuillère à café de sel
- 1 cuillère à soupe d’huile (pour faire revenir les oignons verts)
Optionnel :
- 100 ml de lait de coco
- 1 cuillère à café de fécule de tapioca
- 1 bonne pincée de sel
À parsemer :
- 1 cuillère à soupe de grains de sésame grillés
Préparation :
La veille :
- Faire tremper les haricots mungo décortiqués dans l’eau froide pendant une nuit.
Le jour J :
- Dans une petite casserole, cuire les haricots mungo avec 200 ml d’eau pendant 20-25 minutes. Remuer régulièrement. Après cuisson, égoutter puis écraser les haricots mungo en purée dans un bol.
Pendant ce temps :
- Laver, peler et couper le gingembre en filaments.
- Dans une casserole, porter à ébullition 1 litre d’eau avec le sucre brun et le gingembre. Baisser à feu doux et poursuivre la cuisson pendant trente minutes. En fin de cuisson, éteindre et laisser tiédir.
- Laver et ciseler finement la partie blanche de l’oignon vert ou de la ciboule.
- Dans une petite casserole, mettre un fond d’huile à chauffer. Hors du feu, ajouter l’oignon vert ciselé dans l’huile chaude. Laisser tiédir avant de les ajouter dans la pâte de haricot mungo.
- En option, ajouter une cuillère à soupe de lait de coco (mais si la pâte vous semble trop humide déjà, il ne faut pas ajouter de lait de coco). Mélanger, remuer. Ajouter le sel. Bien mélanger. Si votre pâte est trop humide : la remettre à chauffer dans une poêle (à fond avec revêtement anti-adhésif) sur feu moyen pour la « sécher » un peu, en remuant la pâte sans cesse pour ne pas la faire brûler. Laisser tiédir dans une assiette.
- Dans un récipient, mettre la farine de riz gluant. Verser par toutes petites quantités, l’eau chaude (pas bouillante !) sur la farine, mélanger et pétrir au fur et à mesure. Procéder ainsi jusqu’à obtenir une pâte proche de la consistance de la pâte à modeler. La pâte ne colle plus tout en étant très souple. Laisser reposer la pâte une quinzaine de minutes recouverte d’un film alimentaire.
- Une fois que la pâte de haricot mungo est tiède, former des boulettes de la taille d’une grosse bille.
- Prélever dans la main, une portion de pâte de riz gluant de la quantité d’une balle de ping-pong. Former une boule, l’aplatir sur la paume de la main en formant un disque de 2mm d’épaisseur.
- Poser une boulette de farce, l’envelopper de la pâte de farine gluant.
- Refermer complètement la boule avec délicatesse. Si besoin, soit on supprime l’excédent de pâte ou on ajoute un peu de pâte pour bien couvrir la farce de haricot mungo. Rouler la boule entre les paumes de la main pour lui donner une belle forme bien ronde et lisse. Procéder ainsi jusqu’à la fin des quantités.
- Former quelques petites perles de riz gluant (viên ỉ) sans farce.
- Dans une casserole remplie d’eau bouillante, à feu vif, déposer les boules de riz gluant au haricot mungo et les petites billes de riz gluant. Baisser à feu moyen en conservant un petit frémissement.
- Préparer un grand récipient d’eau froide à proximité pour recueillir les boules de riz gluant cuites.
- Dès que les boules ou billes sont cuites, elles remontent à la surface et flottent. Les sortir et les plonger aussitôt dans le récipient d’eau froide.
- Une fois que toutes les boules de riz gluant sont cuites et plongées dans l’eau froide. Les transvaser dans le sirop de gingembre.
- Faire dorer les grains de sésame à sec dans une poêle.
- Dans la version du sud, on nappe les perles de haricot mungo de lait de coco : Dans une casserole, chauffer le lait de coco, ajouter la fécule de tapioca et le sel. Mélanger jusqu’à obtenir une sauce un peu épaisse. Réserver.
- Servir dans des bols et compter 2 à 3 grosses perles de riz gluant au haricot mungo + 1 ou 2 perles de riz gluant sans farce. Parsemer de filaments de gingembre puis de grains de sésame grillé. Option : Arroser les perles de haricot mungo avant de parsemer de sésame et de filaments de gingembre.
Ce merveilleux dessert se déguste à température ambiante ou chaud. Il se conserve au frais deux ou trois jours maximum et se réchauffe quelques minutes sur le feu dans son sirop de gingembre pour retrouver l’élasticité des perles de riz gluant au haricot mungo. Ne mangez jamais les perles de riz gluant directement à la sortie du réfrigérateur, elles seront toutes dures…
Bonne découverte et bonne dégustation !
Humm..Miam et merci mon mari va être aux anges!!
Super site!
A quand la recette du hu tieu???
A bientôt
Geraldine
Merci beaucoup Géraldine ! Oui la recette du hu tieu viendra… 😉 Très belle soirée à vous !
Ma mère en fait aussi. J’ai enfin la recette. Ça a l’air délicieux. Merci pour ton blog!
Merci Thanh ! Tiens-moi au courant du résultat si tu les fais. A bientôt et belle soirée.
Je ne peux pas ne pas commenter, c’est un de mes desserts préférés, mais je dois avouer que dans toute la marmite, ma préférence va toujours pour les petites boulettes sans farce d’haricot !
Bien sûr Kévin, le meilleur de ce dessert est la petite boulette ! ^_^ Un fin connaisseur…
Ah, pourquoi on ne nous propose pas ça au restaurant ?
Parce que c’est long à faire… 😉
Votre site est extraordinaire, merci beaucoup de nous faire partager cela ! Je trouve que ce dessert est d’une grande délicatesse, je m’y attelle dès ce soir, c’est la première que j’en prépare moi-même ! MERCI encore.
Merci beaucoup Clara ! Ca me va droit au coeur. J’espère que la réalisation du dessert n’était pas trop difficile. Tenez-moi au courant ! À bientôt.
La trouvaille de cette recette par hasard. En la lisant, un flot d’émotions car ce sont plein de souvenirs de mon enfance qui sont remontés en moi. Merci Miss Tâm 🙂 et donnez-nous en d’autres(la fameuse omelette vietanmienne par exemple) aussi faciles à réaliser !
Merci de votre aimable commentaire et de votre visite. 🙂 Heureuse que mes recettes agissent sur vous comme une madeleine de Proust.
J’ai de la farine de riz gluant mais elle est de couleur verte et non blanche. Je voulais vous demander la différence entre les deux, si on peut faire toutes les mêmes recette avec la verte qu’avec la blanche ou si ça change quelque chose?
Merci
Bonjour ! Vous avez pris de la farine de riz gluant parfumée aux feuilles de pandanus (d’où la couleur verte). C’est une feuille qui est utilisée en cuisine pour parfumer et colorer les desserts, ou pour parfumer des grillades (volailles) dans certains pays sud-est asiatiques.
Vous pouvez sans problème utiliser cette farine pour ce dessert. Vous aurez en plus, un léger parfum de feuille de pandanus qui accompagnera parfaitement ce dessert.
Merci beaucoup pour tous ces renseignements, mais quel goût à le pandanus (je n’ai jamais eu occasion d’y goûter)?
Les feuilles de pandanus parfument mais ne donnent pas vraiment de goût. Difficile à décrire, c’est entre l’herbe fraîchement tondue, l’amande et une note de vanille…? Certains n’aiment pas. C’est assez particulier pour les personnes qui n’y sont pas habituées. Dans votre farine verte, ça sera certainement artificiellement parfumé. Personnellement, j’adore l’arôme de cette feuille !
D’accord, merci beaucoup. Je vais essayer pour voir.
Votre site est juste une source de plaisir autant à lire . J’experimente vos recettes qui se rapproche de celles de ma mere, je rend ravi mon mari mais le plus marrant c’est que je vais fierement montré mes oeuvres a ma maman qui n’en revient pas a chaque fois . Mile fois merci miss tam!
Votre commentaire me fait très plaisir, Yamina ! Ravie d’apprendre que cela fasse plaisir à votre maman ! Bravo surtout à vous pour les réalisations ! Merci de votre gentil mot et à bientôt.
Bonjour,
en visite à Paris, je suis passé dans une boutique chinoise me procurer les ingrédients pour cette recette ainsi que pour les perles de coco mais au lieu d’acheter de la farine de riz gluant j’ai acheter de la farine de riz par inattention, quel résultat aurais-je avec cette farine, vaut-il mieux abandonner la recette et que puis-je faire comme recette avec cette farine.
Merci
Navrée Mestaoui, je vous donne la réponse tardivement. La farine de riz gluant a pour fonction de donner de l’élasticité à la pâte, condition primordiale pour cette recette. La farine de riz ne donnera jamais la même texture que l’autre farine… Gardez cette farine de riz pour les banh cuôn (cf mon index de recette) ! 😉
Merci pour cette recette ! Je viens de la réaliser et j’adore. Néanmoins, je trouve que 500 g de sucre c’est trop pour le sirop. J’ai mis trois bâtonnets et c’était déjà trop sucré. Je pense que 200 g est suffisant. A refaire !!
Je vais essayer pour demain !! oui le Têt !!! Phô de 5 heures à la queue de boeuf comme le faisait ma grand-mère 🙂 rouleaux de printemps, perles, il faudrait m’arrêter ahahhaha, je vais écouter Martine ci-dessus il me semblait que 500 g de sucre c’était énorme !! résultat demain ! Bonne fête du Têt à tous !
Très bonne recette, testée et approuvée 🙂 Merci pour le partage!!
Et je diminuerai la dose de sucre la prochaine fois par contre, j’ai trouvé ça un peu sucré 🙂 sinon très bon!
Hmmmm, c’est une des douceurs de mon enfance ! Merci pour la recette Minh Tâm, c’est très précieux pour moi
Bonjour Miss Tam, merci pour le partage de cette recette qui me rappelle mon enfance !
Ce n’est pas la première fois que je la fais/refais. Mais cette fois-ci j’ai un souci de pâte qui colle malgré un pétrissage de plus de 10mn + repos, ajouts multiples de farine, graissage des mains et de la pâte… Bref je pense avoir tout tenté, mais la pâte reste très collante.
Quelle pourrait être la raison de ceci ?
Merci par avance pour vos conseils.
Bonjour V.
Je ne sais pas si ce qui ne fonctionne pas cette fois-ci avec votre farine, alors que vous avez déjà réussi à faire et refaire cette recette… Mais à la lecture de votre commentaire. voici mon avis :
– Vérifiez que c’est bien de la farine de riz gluant (et non de riz)
– Il ne faut pas ajouter d’autres farines (gluten, sans gluten, ça modifie la texture etc)
– il ne faut jamais graisser vos mains et encore moins la pâte
– Vérifiez la température de l’eau : chaude mais pas brûlante
Essayez de verser l’eau chaude par petites quantités, mélangez la farine avec une paire de baguettes pour ne pas brûler vos mains, et versez l’eau jusqu’à ce que la farine absorbe tout le liquide. Puis sans vous brûler les mains, commencez à pétrir. La farine de riz gluant est délicate à employer.
Bonjour,
Est il possible de faire cette recette avec des haricots mungo verts?
Merci
Bonjour,
Les haricots mungo verts sont les mêmes que les haricots mungo de la recette, sauf qu’ils ne sont pas décortiqués. Il faut simplement les faire tremper dans l’eau quelques heures ou une nuit, et enlever leur peau verte. 😉